En Suède, le solstice d'été - ou midsommar - est célébré chaque année par une joyeuse fête qui semble n'avoir guère changé au cours du temps. La description qu'en fit Olaus Magnus en 1555, précise et amusante, correspond à ce que nous pouvons voir de nos jours : la communauté danse en couples auprès de feux allumés pour l'occasion, et consomme de l'alcool, notamment de la bière, du hareng frais au vinaigre et aux épices, le mati, des pommes de terre à la ciboulette, de la crème sucrée et des fraises. Célébrée le vendredi entre le 19 et le 25 juin, cette fête - qui a pris le nom de Saint-Jean à partir de la christianisation - se déroule autour et sous la protection du majstangen, ou “arbre de Mai”, que nous voyons au fond du tableau. Il s'agit d'un grand arbre surmonté d'une flèche et décoré de deux anneaux. Ce symbole viril s'érige dans tous les territoires germaniques lors du solstice d'été, mais reste dressé toute l'année sur les îles Aland, État libre situé entre la Suède et la Finlande.
La scène que nous voyons ici se déroule probablement en Dalécarlie, au centre de la Suède, région d'où le peintre Anders Zorn était originaire. Très attaché à son pays natal, il en a peint la nature, les femmes et les coutumes mieux qu'aucun autre. Sa touche vive crée un flou se mariant particulièrement bien avec le mouvement des danses qu'il représente.
Gaspard Valènt, pour le SOCLE