La France contre les Robots occupe une place à part dans l’œuvre de Georges Bernanos. Ultimes lignes de l’exil brésilien de son auteur, l’essai est en première instance une critique sévère du fétichisme et de la Civilisation de la Technique associés au monde anglo-saxon moderne. Ecrit prophétique sur les méfaits du monde marchand qui advient, la critique s’ouvre en réalité sur un hymne puissant à la Liberté, sur un antidote à la léthargie de contemporains tombés naïvement sous le joug de la « Force et du Nombre ».
Depuis des siècles, les peuples d’Europe, et de façon singulière la France, couvaient dangereusement leur émancipation du sacré. La Civilisation des Machines est le Goliath aveugle et fou né des siècles, telle une tumeur devenue cancer généralisé, au tournant de la Révolution industrielle des XVIIIème et XIXème siècles. Pieu catholique, attaché aux « hautes valeurs de la Vie », Bernanos ne cesse d’haranguer son lecteur, et chaque trait de sa plume est un cri d’alarme à ses compatriotes : ces derniers ne comprendront « rien » à la modernité s’ils n’admettent pas « d’abord » qu’elle est « une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure ». Conscient de notre rôle de dépositaires, tentons ici de revivifier la flamme allumée par Bernanos au cœur du siècle dernier, celui de la grande tragédie de l’Europe.
Vaslav Godziemba, pour le SOCLE
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