Que le temps semble loin où le pape Saint Pie X pouvait déclarer fermement : « Si le catholicisme était ennemi de la patrie, il ne serait plus une religion divine ». Naturellement, les critiques fusent aujourd’hui de toute part comme les têtes de l’Hydre : pour les uns – ceux qui ont pignon sur rue – le catholicisme persisterait dans son être « autoritaire », « réactionnaire », voire « fasciste » ; pour les autres – les dissidents au front bas – il est une « religion du désert » égal de l’Islam ou du Judaïsme, responsable du malaise dans la civilisation et des malheurs de nos frères. Dans une alliance de circonstance incongrue, les deux parties s’accordent en fin de compte sur le remède : purger la France de sa Foi et de sa Tradition catholiques, et vous vivrez le meilleur des mondes.
Répondant aux deux apories en un essai indispensable, Julien Langella prouve avec force conviction qu’être identitaire pour le catholique, bien plus qu’une modalité d’existence supplémentaire, est une nécessité qui émane de la Foi même. Pour notre auteur, il ne s’agit pas d’un numéro d’équilibriste bancal, mais bien d’une unité essentielle, rappelant page après page la position officielle de l’Eglise depuis l’aube du message christique. Il est en effet de ces constats incontournables : la France a pu vivre sans mal mil cinq cent ans de christianisme pour seule religion, avec des rois qualifiés de rex christianissimus durant six cent ans, et a pu s’imprégner si ardemment des enseignements de l’Eglise qu’elle en est devenue la fille aînée.
On conviendra dès lors, en se plongeant dans Catholiques et Identitaires, que certaines vérités méritent sans aucun doute d’être dépoussiérées, exposées, et célébrées.
Vaslav Godziemba, pour le SOCLE
La critique positive de Catholiques et Identitaires au format .pdf
« S’il existait une opposition entre les deux patries, il faudrait en rejeter la faute sur l’Eglise »
Monseigneur Enrique Rau
Commentaires préalables et structure de l’œuvre
L’essai Catholiques et Identitaires a été écrit par Julien Langella, jeune auteur de trente-deux ans, ancien militant de terrain de l’Action Française puis des Jeunesses Identitaires. Depuis 2013, il est vice-président d’Academia Christiana [6], groupe de réflexion et plateforme de formation métapolitique et catholique ayant fait du combat identitaire un de ses chevaux de bataille.
L’œuvre est structurée en cinq chapitres, chacun développant un thème spécifique, et préfacée par l’abbé Guillaume de Tanouärn. Les premières pages ont trait au déclin objectif du christianisme en France et en Europe puis l’auteur s’engage rapidement sur son propos central : l’intrication millénaire de la Foi catholique et de la volonté de défense de ce qui fonde l’identité des peuples.
La dernière partie de l’essai creuse l’éternelle question du « Que Faire ? », et forme un appel à une reconquête courageuse et inspirée des révoltés de la Bible. Dans la volonté du SOCLE de faire émerger des réponses aux périls qui nous accablent, ces considérations recueillent naturellement notre plus grande attention.
Partie I - De l'évidence de l'enracinement du catholique
Les français, et plus généralement les européens, auront du mal à se voiler la face : la pratique de la religion chrétienne a connu un reflux inédit dans l’Histoire de leur pays et de leur continent. Mille et unes analyses et autres interrogations surgissent alors, dont la première est la recherche des causes du phénomène. A cet égard, nombre d’esprits parmi les plus brillants de l’ère contemporaine nous ont apporté leurs réponses : le grand mouvement de sécularisation, un empirisme couplé à un cartésianisme devenu fou, le progrès des techniques, l’esprit des Lumières, et la porosité de l’Eglise à ces changements de paradigmes, sont tous à des degrés divers les responsables de la déchristianisation. Ces penseurs sont familiers des traditionalistes et des milieux patriotes. Il s’agit – entres autres – des célèbres Charles Maurras, Georges Bernanos, Paul Valéry, Charles Péguy, Gilbert K. Chesterton, mais aussi du moins connu René de la Tour du Pin (le véritable bâtisseur de la doctrine sociale de l’Action Française), et plus récemment de Saint Jean Paul II et de Sa Sainteté Émérite Benoit XVI [1n]. Si tous ont commenté la question, avec chacun leur grille de lecture et un angle d’attaque privilégié, ils s’accordent sur le même dénominateur commun : c’est dans ce qu’il convient d’être défini du nom générique de modernité qu’il faut chercher les causes profondes de la déchristianisation du monde occidental.
Là s’ouvre Catholiques et Identitaires où Julien Langella dresse un « état des lieux » du catholicisme et une esquisse des « défis à relever » pour les temps qui viennent. La préface concise de l’abbé de Tanouärn introduit le propos avec force érudition. Y sont évoqués ce qui deviendront les leitmotivs de l’ouvrage : l’objectif véritable des lois de la Cité terrestre, mise en lumière par le Docteur Angélique [9], qui est de créer « une véritable amitié politique » entre ses membres, les citoyens ; et le fondement objectif des peuples et de leurs sociétés, qui reste la famille, la microsociété originelle.
L’auteur nous rappelle les chiffres du recul : dans les années soixante, 96% des français se disent catholiques, et 50% pratiquent régulièrement. Aujourd'hui, les deux statistiques s’effondrent respectivement à 56 et 4,5% [10].
A ces chiffres, il est possible d’avancer deux explications concomitantes :
- Le Grand Remplacement, i.e. l’immigration incontrôlée, substituant une part non-négligeable de la population autochtone catholique par des masses extra-européennes d’obédiences musulmanes. Ce phénomène, unique dans l’Histoire de la France et de l’Europe, fait baisser naturellement et statistiquement le pourcentage de la population se disant catholique (pratiquant ou non) ;
- Le Grand Effacement, i.e. la fin de l’affirmation par les peuples de l’Europe des valeurs permettant à leur civilisation de persévérer dans son être, être dont fait partie intégrante la pratique du culte chrétien. En effet, quand bien même nous ne serions pas envahis, la déchristianisation et le Grand Effacement resteraient des problèmes majeurs [2n] dus pour une très large part à l’immiscion dans notre univers mental de ce que Langella nommera avec précision « l’hérésie mondialiste » à la suite de Dom Gérard.
Remarquons d'emblée ici que les défenseurs de l’enracinement tous azimuts ont un ennemi commun avec les défenseurs de la Foi. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que les uns se retrouvent très souvent être les autres. Ceux-ci ont compris que l’hérésie mondialiste a un intérêt vital tant à la destruction de la Foi et de son Église qu’à celle de la Patrie, ces deux structures traditionnelles et identitaires. En effet, ces dernières sont les défenses imparables à ladite hérésie mondialiste, autrement appelée globalisme ou cosmopolitisme. Elles sont les digues qui protègent les individus et les peuples contre le consumérisme abrutissant et le festivus déshumanisant [3n].
Être catholique, être identitaire : personne ne s’est jamais posé la question de choisir en deux millénaires d’Histoire de France et d’Europe. Fort de cette conviction, Julien Langella répond, point par point, aux mal renseignés qui considéreraient le catholicisme comme une pente vertigineuse et inévitable vers l’abolition de l’enracinement des peuples.
L’Epitre de St Paul aux Galates (3:28) remporterait sans nul doute le prix de la plus mauvaise interprétation, actée par les globalistes se déclarant volontiers chrétiens. Le verset en question : « Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme ». Nous voyons déjà arriver tous les benêts et leurs conclusions hâtives quant à une supposée volonté divine de détruire les identités. Il convient ici de remettre dans le contexte la parole de Saint Paul, et de rappeler la position millénaire de l’Eglise sur la question, i.e. que Le Seigneur peut sauver et racheter les fautes de tous ses enfants et que l’Eglise est universelle en ce que la relation personnelle de tout homme à Lui est possible par le baptême [4n]. Pas plus, pas moins. Pis encore : ces nouveaux hérétiques voudraient bâtir une structure politique capable de « réaliser la Parole » sur Terre. Là encore, le catéchisme officiel de Vatican II et la Tradition des pères sont explicites. Toute tentative humaine de concrétiser la promesse du Royaume des Cieux ici-bas est péché, erreur, et hérésie millénariste. Ainsi l’auteur met en lumière qu’il n’y a aucune confusion dans le message paulinien entre universalisme et mondialisme, autrement dit aucune confusion entre la diversité et le métissage [5n], aucune confusion entre l’unité et l’uniformité. Même l’actuel pape François, que d’aucun pourrait critiquer pour ses prises de positions modernistes, qualifie de dangereuse la « mondialisation de l’uniformité hégémonique caractérisée par la pensée unique, à travers laquelle (…) on n’hésite pas à renier ses propres traditions et sa propre identité. » [12]
Une autre interprétation farfelue et pernicieuse a été commentée par l’auteur. Comme pour la première, elle sort de la bouche des catholiques mal renseignés ou de certains opposants à la doctrine. Celle-ci prétend que la diversité culturelle n’est que la punition divine du Très-Haut comme conséquence de la construction de la Tour de Babel. Il est inutile ici de rentrer dans une joute théologique. Leur point de vue est simple : en tant que punition du ciel, la diversité culturelle est porteuse in se de négativité, et combattre cette diversité fonde donc un acte très chrétien. A cela il faut rappeler qu’il est une gravissime chimère et une hérésie de croire que la recréation « d’une langue et d’une culture unique » permettrait de « réparer » la discorde instaurée par Dieu Lui-même. Le texte et l’exégèse de la Tradition sont à nouveau très clairs : l’épisode de Babel n’a pas pour rôle d’exprimer l’idée d’un néfaste éclatement du genre humain, mais bien de prémunir les hommes contre le péché central mis en lumière par ledit épisode, à savoir le péché d’orgueil. De façon intéressante, on retrouve ici une dénonciation de l’hybris des anciens grecs. C’est ici la démesure qu’il faut combattre et le péché de manque de tempérance qui sont exposés par le texte, sûrement pas l’affirmation d’une hypothétique insanité de la diversité culturelle et linguistique [6n].
Figure 2 : « Il est une gravissime chimère et une hérésie de croire que la recréation "d’une langue et d’une culture unique" permettrait de "réparer" la discorde instaurée par Dieu Lui-même »
La « Grande » Tour de Babel, Pieter Brueghel l'Ancien (détail, vers 1563)
Le chrétien n’est donc pas un apatride. Être chrétien, commentait Saint Augustin, c’est exister selon deux modalités, en tant que croyant et en tant que citoyen, i.e. membre à part entière de la Cité de Dieu et de la Cité des hommes. Cette dialectique a déjà été révélée à l’occasion de la critique positive du SOCLE de La Cité de Dieu, et nous ne reviendrons pas ici dessus. Le lecteur est invité à retrouver ladite critique en ligne [13] pour approfondir cette importante distinction. Le mystère de la Nativité et les paraboles de Jésus portent en eux la preuve que le Dieu des chrétiens – Dieu fait homme ! – est un Dieu incarné et enraciné. Les brebis égarées ont oublié le principal ! La rédemption est passée par l’Incarnation. Quelle plus belle preuve de la nécessité de l’enracinement dans un lieu, dans une temporalité, dans une famille, dans un pays, dans un peuple, si ce n’est Sa venue sur Terre ?
Jésus accomplit les prophéties juives et parachève l’Ancienne Alliance. Tout en parachevant celle-ci, Il la sublime par la Nouvelle qu’Il forme. Il transcende la Loi par la Foi, mais n’oublie pas pour autant le respect de la Loi. Là encore un rappel du catéchisme de l’Eglise n’est pas de trop. Comme le souligne [14] Sa Sainteté Emérite Benoit XVI, le Nouveau Testament n’abolit pas l’Ancien Testament, mais l’éclaire et l’accomplit. Ainsi il est des enseignements de l’Ancien qui doivent être suivis avec la même exigence que ceux du Nouveau. Le quatrième commandement du Décalogue – « Honore ton Père et ta Mère » – en fait partie, et apparait central pour ce qui touche au propos de l’essai. Toujours selon le catéchisme officiel de l’Eglise [15], c’est du quatrième commandement que découle naturellement « l’ordre de la Charité ». Comme la lecture du catéchisme est devenue un acte exceptionnel, sans doute l’expression en étonnera plus d’un. La position officielle de l’Eglise demeure toutefois indiscutable : il y a une hiérarchie dans la Charité. Il faut ainsi commencer par aimer ses plus proches parents et sa patrie, qui n’est au demeurant qu’une « famille élargie » sur tous les plans. Et Julien Langella de témoigner personnellement : « Dans la Foi Chrétienne, tant de choses nous ramènent au patriotisme qu’il est impossible d’être vraiment chrétien sans être patriote » [16]. Sa conviction balaiera ici le scepticisme de certains.
Ainsi n’y a-t-il pas d’opposition entre le patriotisme et le message universel de la Bonne Nouvelle ou les enseignements de la Foi. Mais voilà déjà poindre à l’horizon de nouveaux inquisiteurs qui brandissent le vrai tabou de notre temps, à savoir l’accusation systématique de racisme par haine de l’autre et donc de dévoiement des paroles du Christ. Nouveaux inquisiteurs qui, il est fort déplaisant de le reconnaître, comptent dans leurs rangs des ecclésiastes de hauts rangs. Ces derniers consacrent à cet effet des efforts disproportionnés [17] et des tribunes malvenues [18] pour un grand nombre de fidèles et de compatriotes. « Dieu parle à toutes les races » affirment-ils, et sautent derechef à la conclusion que « le racisme est une erreur car les races n’existent pas ». On peut dire qu’ils ne souffrent pas la contradiction ! Si la condamnation du racisme est parfaitement légitime et nécessaire, encore faudrait-il l’appuyer sur quelques argumentaires solides et constructifs en ces temps de malaise civilisationnel. Dieu parle-t-il à toutes les races ? Nous pouvons le croire. En cela les hommes sont-ils tous égaux en toute chose ? Loin s’en faut. Le genre humain est une mosaïque. L’argument mérite d’être renouvelé une énième fois : comment pourrait-on qualifier un chrétien de raciste sans présupposer l’existence des mêmes catégories qu’il ne faudrait pas, selon le discours antiraciste, hiérarchiser, à savoir les fameuses races ? L’existence des races constitue-t-elle dès lors une pente dangereuse vers leur hiérarchisation pour le chrétien ? Pas du tout. L’Evangile n’apprend pas l’inexistence des races et de leurs différences. Il nous apprend simplement que la cohabitation pacifique entre les différents individus qui composent les races de la Terre est possible en Dieu.
Mais cette forme de raisonnement – chacun peut en faire l’expérience à l’occasion de prises de position – est déjà cataloguée comme justification a priori. Le raisonneur sera ainsi disposé dans le camp des mauvais catholiques et des brebis égarées, là où l’inquisiteur s’estime, naturellement, dans le camp du Bien. C’est assurément un nouveau manichéisme, une nouvelle hérésie chrétienne, qui s’est emparée du cœur et de la tête de certains clercs et autres fidèles. Saint Jean-Paul II le rappelle aux jeunes générations : la plus grande des vertus cardinales, vrai force du catholique, est la Tempérance [7n], car elle est condition des autres. Le bon catholique ne renvoie pas l’étranger aux non-humains, comme nos ancêtres préchrétiens ou certains juifs ont pu le faire, mais affirme dans le même temps le devoir non-négociable de préférer les nôtres avant les autres. La formule de Julien Langella résonne admirablement ici : il y a une hiérarchisation positive dans l’Amour et dans la Charité !
De là, Catholiques et Identitaires réserve une place de choix aux légions d’exemples et de témoignages de défense des siens, de sa terre et de son identité par les français et les européens, effectuées au nom des valeurs chrétiennes et catholiques. Nous ne livrons ici qu’un avant-goût censé donner envie au lecteur d’approfondir la question directement via le travail de l’auteur.
Ainsi pendant toute son existence, l’Eglise chrétienne et catholique a parfaitement épousé le particularisme des hommes en conférant à chaque entité (ville, province, région, nation) un saint protecteur. Quel meilleur exemple que Sainte Jeanne d’Arc, patronne des français, pour prouver qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre les vertus chrétiennes et identitaires ? Dieu lui-même a ordonné à Jeanne la Lorraine de prendre les armes et de diriger un soulèvement pour bouter l’anglais hors du royaume, fille ainée de l’Eglise. Cette dernière possède à cet égard un lien unique et privilégié avec le Très-Haut [20]. Au cours de son Histoire, la France a été maintes fois consacrées par les rois et l’Eglise, de Louis XIII qui la consacra à la Vierge aux évêques de France qui la consacrèrent à Saint Michel en 1912, la qualifiant de « bon sergent de Dieu » [21]. Plus officiellement, les papes des XXe et XXIe siècles [8n], successeurs de Pierre et Vicaires du Christ, célébrèrent, dans des pages regrettablement oubliées, « l’amour de la patrie », « les liens du sang » et la nécessité de « préserver [sa] culture propre » [22]. Enfin il est difficile de ne pas évoquer les actes héroïques des moines-soldats et autres hommes d’Eglise qui, de Jean de Capistran aux martyrs d’Otrante en passant par l’avant-garde de la Reconquista, défendirent leurs terres, leurs patries, et leurs droits à vivre en paix chez-eux sous le regard de Dieu [23].
La sagesse que l’on puisera tant dans la Parole que dans l’Histoire de notre civilisation est donc double. Premièrement, elle affirme que la défense de l’enracinement des peuples par le catholique doit redevenir l’évidence qu’elle a toujours été ; deuxièmement, elle demande au catholique de combattre l’hérésie mondialiste en acceptant, tel que Le Seigneur l’a voulu, que l’humanité est une vaste « mosaïque » (selon le mot de notre auteur), i.e. une image d’ensemble cohérente composée de petites entités homogènes et non-confondues entre elles. A la suite du Cardinal Ratzinger, futur Benoit XVI, qui regrettait la disparition ethnique de l’Europe [24], affirmons le devoir chrétien de protéger son identité, son univers mental tout entier, fondé sur le triple héritage du sang, de la terre, et de la culture.
Figure 3 : « Quel meilleur exemple que Sainte Jeanne d’Arc, patronne des français, pour prouver qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre les vertus chrétiennes et identitaires ? »
Jeanne d'Arc, fait une sortie depuis les portes d'Orléans et disperse des ennemis de la France, William Etty (1846-1847)
Partie II - Le catholique et le migrant
Comme le rappelle l’abbé de Tanouärn en avant-propos, une nation n’est pas « agglutinement mystérieux » de personnes. Ce ne sont pas seulement – loin s’en faut ! – des individus qui veulent vivre ensemble et que la contingence aurait jeté dans le monde sur le même territoire [9n]. Cela reviendrait à faire du nominalisme, dont l’Eglise a réglé le problème lors de la querelle des Universaux dès le XIIIe siècle. Pour ce qui concerne nos « vieilles nations européennes », Julien Langella expose les considérations connues et actées par les catholiques conscients de la grande menace, qui est le dénominateur commun de toutes les autres : l’immigration massive de peuples extra-européens sur nos terres. Il n’est pas la peine de s’attarder ici sur le constat des ravages de l’immigration dans tous les domaines [26] : démographiques, culturels, sécuritaires, moraux et éthiques, et donc naturellement sociaux, sociétaux, économiques, civiques, puis par voie de conséquence politiques et intellectuels, et même sanitaires. D’un point de vue civilisationnelle, l’essentialisation a ici une valeur politique, indépendamment du fait qu’elle reste une aporie intellectuelle entre esprits honnêtes.
Mais une fois le dramatique constat fait, les problématiques qui nous intéressent demeurent : quid de la position de l’Eglise ? Comment le peuple français, son fils ainé, en est-il arrivé à une telle apathie ? Car soyons sérieux un instant : aucun peuple de l’Histoire du monde n’aurait accepté une telle déferlante il y a encore une cinquantaine d’années [27].
Il faut redire inlassablement et avec clarté l’ordre millénaire des choses à la suite de notre auteur : « l’Eglise n’est pas un parti politique » [28]. La distinction est faite d’emblée par Jésus dans l’Evangile [10n], puis réitérer par la Tradition, les Pères de l’Eglise et les Saints [9] [13] : l’Eglise est garante de la Cité de Dieu, le Prince (ou le gouvernement temporel) de la Cité des hommes. L’Eglise s’adresse au croyant en le chrétien, et le gouvernement de la Cité au citoyen en lui.
Puisque la précision est ici de rigueur, il convient de rappeler que l’Eglise peut tout à fait donner des recommandations quant à la gestion de la Cité, car elle est affaire de la vie du croyant. Toutefois l’échelle de valeurs du croyant ne peut correspondre complètement avec celle d’un ensemble politique cohérent tel que l’Etat ou la Nation. Max Weber, par la distinction qu’il effectuait entre l’éthique de responsabilité et l’éthique de conviction [29], met en lumière le sens donné aux limites nécessaires entre les valeurs du croyant et celles de l’Etat. La première, l’éthique de responsabilité, se définit par l’adoption des moyens adaptés au but poursuivi ; et donc du point de vue du citoyen par le sacrifice potentiel de son être dans l’intérêt supérieur de la Cité. La seconde, l’éthique de conviction, érige en norme absolue un principe que l’on se doit de suivre catégoriquement, sans regarder les conséquences pratiques qui en découlent et amène donc le croyant devant Dieu à appliquer individuellement et autant que faire se peut les enseignements du Christ.
Le Seigneur n’a jamais entendu fonder de société sur les valeurs qu’Il prônait, mais a légué aux hommes la voie du rachat personnel de leurs fautes et du salut de leurs âmes. Par conséquent et en tant qu’éthique de conviction, la morale de l’Evangile n’a en aucun cas vocation à régenter l’ordre social, et ne peut ainsi être la morale de l’Etat.
Dès lors, si la position millénaire de l’Eglise semble invariante sur le sujet, comment se fait-il que certains de ses membres éminents transgressent l’interdit consistant à catalyser l’Amour du prochain au mépris de l’Amitié au sein de la Cité ? Selon Langella, l’année 1969 marque une rupture avec la position traditionnelle des papes quant à la question migratoire, année durant laquelle Paul VI va faire passer l’immigré du statut de simple nécessiteux qu’il est charitable d’aider à celui de véritable source organique de paix sur Terre : « Les migrations favorisent et promeuvent la connaissance réciproque et confirment clairement ce rapport de fraternité entre les peuples dans lequel les deux parties donnent et reçoivent à la fois. » [30]
Nous revenons là encore à la fameuse hérésie mondialiste dénoncée plus avant, et consistant à vouloir faire advenir la Cité céleste sur terre par le truchement de l’immigration. Avec toute la déférence et le respect qu’un catholique se doit d’avoir pour le souverain pontife, il lui sera difficile de fermer les yeux sur des prises de positions rappelant les préceptes d’un pur millénarisme postchrétien. Il est regrettable de constater qu’à contrecourant de ce que tous les papes ont pu enseigner, à savoir que le Bien commun de la Cité [11n] ne doit pas être sacrifié sur l’autel de la charité, les mots de Paul VI font office de rupture franche avec ceux-ci. Comme il a été exposé en première partie, la charité possède un ordre qui rentre ici en contradiction totale avec ces prises de positions.
Dans la droite ligne des propos de Paul VI, nous pouvons adjoindre ceux de l’actuel pape François, cet « insaisissable » [31] souverain pontife. D’autant plus insaisissable à l’aune de son encyclique Laudato Si’, véritable manifeste d’écologie chrétienne intégrale et en parfaite adéquation avec la pensée traditionnelle [32]. Car il n’y pas ici d’ambiguïté. François a appelé depuis le début de son pontificat à l’accueil par les catholiques des immigrés du monde entier [33], fustigeant la soi-disant indifférence des peuples chrétiens à l’endroit des boat peoples au nom du devoir d’aimer son prochain [34], et est allé jusqu’à inviter prestement les diocèses à prendre une famille de réfugiés sous leurs toits [35]. Ces prises de positions font s’élever des voix dans toute l’Europe, voix rendant compte de leur incompréhension et de leur malaise. Plus loin, certaines sommités des églises d’Orient, à l’avant-garde de la déferlante migratoire, n’hésitent pas à affirmer que « l’Eglise d’Occident » les avait « trahis » [36].
Pour le propos qui nous intéresse, il apparait important de ne jeter l’opprobre sur personne avant d’avoir esquissé au mieux la situation à l’aune de sa vaste complexité. Le Saint-Père, chef de l’Eglise Universelle du Christ, n’en demeure pas moins un chef d’Etat. Et cet état du Vatican, quoique singulièrement à part pour la fonction qu’il se donne, connait aussi ses couloirs et ses intrigants. Ils obéissent aussi à des jeux d’influences et de pouvoirs sous-tendus par la force brute des puissances du monde. Ces propos sont-ils des gages ? Il n’est pas invraisemblable d’imaginer des arbitrages effectués au cœur des Etats profonds. L’Eglise étant de très loin [12n] la plus grande structure traditionnelle encore debout, elle est l’objet d’attaques virulentes et répétées de la part de la classe globaliste dirigeante. Qu’elle se réduise à une simple « ONG droit-de-l’hommiste » [38], une salle d’attente des nécessiteux et marginaux vers un potentiel retour au consumérisme, satisferait grandement les intérêts de ladite classe.
Trancher la question apparait définitivement impossible en l’état actuel de nos connaissances car n’étant pas dans le secret des affaires du Vatican. Toutefois, il n’est jamais mauvais de rappeler la position officielle de l’Eglise Catholique sur la question migratoire, et d’exposer ici ce que Julien Langella met en lumière à propos de son Catéchisme. Et l’on se rendra vite à l’évidence que celui-ci n’est absolument plus appliqué, et ce passage [39] de nous en donner la preuve formelle :
« Les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont ils ont la charge subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l’égard du pays d’adoption. L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges ».
Ces mots ne devraient nécessiter ni argument ni explication supplémentaire au catholique soucieux du respect de la doctrine. Seul le sentiment d’avoir été trahi par ses autorités devrait persister, alors que les cris de l’Eglise millénaire deviennent assourdissants.
Figure 4 : « Le Seigneur n’a jamais entendu fonder de société sur les valeurs qu’il prônait, mais a légué à l’homme la voie du rachat personnel de ses fautes et du salut de son âme »
Le Christ et le denier de César, Petrus-Paulus Rubens (détail, 1614)
Partie III - L'Écologie chrétienne intégrale et le retour du réel
Contre la déstabilisation de nos modalités d’existence, contre le Grand Effacement et le Grand Remplacement, l’éternelle question demeure : « Que Faire ? ». Celle-ci hante tous les penseurs qui ne se contentent pas du monde des Idées. Pour le propos de cette critique, la question du Catholicisme, il est possible de distinguer deux types de solutions : celles qualifiées de politiques stricto sensu, i.e. du domaine exclusif de la gestion de la Cité, et celles qui trouvent leurs inspirations dans le dogme et les enseignements du Catholicisme.
Pour ce qui a trait aux solutions purement politiques, elles sont inspirées des réflexions identitaires et anti-globalistes. De façon claire et méthodique, Julien Langella reprend dans son quatrième chapitre les actions traditionnellement envisagées par la droite nationale [40]. Le lecteur est invité à s’y référer directement pour en connaitre le contenu précis.
On notera néanmoins deux particularités de la pensée de notre auteur, particularités comme signes de la radicalité de celle-ci. La première pose que les différences entre les communautés extra-européennes et autochtones sont si fortes que le concept d’assimilation est une imposture. Si une politique d’assimilation aurait encore pu faire sens il y a quelques années, il affirme que la quantité actuelle de populations allochtones l’a rendue obsolète [13n]. Ces mots rappellent naturellement la sentence du général de Gaulle rapportée par Peyrefitte : « On peut intégrer des individus ; et encore dans une certaine mesure seulement. On n’intègre pas des peuples » [41]. La seconde suggère que la remigration est à la fois parfaitement possible et vivement souhaitable. Elle s’appuie sur l’Histoire des mouvements forcés des populations humaines, et singulièrement sur l’Edit d’expulsion des Morisques promulguée par Philippe III d’Espagne en 1609. Si l’analogie avec notre époque a ses limites, elle aura le mérite de mettre un terme au débat quant à la possibilité technique de la manœuvre [14n].
Les propositions d’actions inspirées du Catholicisme se rapportent à « l’écologie chrétienne intégrale ». Cette dernière trouve ses racines dans une très longue tradition, de Saint François d’Assise au pape François, en passant par l’œuvre de Bartholomée Ier de Constantinople. Les propositions les plus marquantes de l'essai sont mises en lumière et commentées ci-après.
Il existe une forme « d’obligation morale » à une culture écologique pour le chrétien et l’identitaire. Le texte génésique, souvent cité dans les sources de la crise environnementale occidentale, appelle l’Homme à « cultiver » et à « garder » la Création de Dieu [15n]. François confirme dans son encyclique que la Création, loin de n’être que purement matérielle et biologique, est aussi culturelle et sociale. Ainsi les cultures, les manières d’être-au-monde et les paysages doivent être préservés sans concession, sans quoi les hommes commettraient un lourd péché contre Le Créateur.
Il convient donc de plaider pour un ré-enracinement des peuples d’Europe par le localisme, défini comme le respect de l’horizon le plus proche, des terres et des gens voisins, et, selon le principe de subsidiarité, de ne se faire aider par l’échelon supérieur de la structure institutionnelle uniquement lorsque nécessaire. Les communautés, « quand elles restent sur leurs territoires, ce sont (…) elles qui les préservent le mieux » soutient le pape François [44]. Du point de vue de l’écologie chrétienne, il y a un continuum naturel entre l’identité personnelle, familiale et patriotique. Une chaine organique qui lie chaque échelon des expériences et créations humaines. Ne pas défendre et conserver les mœurs de sa patrie, c’est ne pas défendre le legs de ses parents ; ne pas défendre et délaisser sa nation, c’est ne pas venir en aide à son frère ou à sa mère, et finalement à soi-même.
Ce développement nécessitera donc pour les temps à venir une fermeté, voire une intransigeance, sur la défense des frontières. Frontières qui signifient naturellement les barrières entre les ethnies et les cultures, mais aussi entre les êtres et les choses, entre la Vérité et les opinions, entre le bon et le mauvais. Comme le souligne fort bien Langella [45], l’hérésie mondialiste a besoin de détruire toute barrière différenciant les concepts pour réaliser ses fins. Ainsi l’application des conclusions des gender studies, ainsi le métissage généralisé et l’abolition des frontières procèdent d’une même pierre : celle de la destruction anti-écologique de la Création et de la beauté du monde. Il y a donc un devoir imprescriptible de conservation inhérent aux valeurs du catholique : de conservation de l’identité intellectuelle, culturelle et raciale, mais aussi de conservation de l’identité sexuée et biologique, et enfin de conservation du sens des mots et de refus catégorique du relativisme.
En faisant un inventaire des forces encore actives, on convaincrait aisément les plus sceptiques en leur affirmant que l’Eglise doit être une place forte contre ce déracinement programmé. En effet bien qu’affaiblie, elle demeure partout une structure au potentiel inégalable. Si ses lieux de culte se vident, ils restent toujours ouverts aux âmes en quête de sens et de Vérité, et se dressent fièrement sur tout le territoire européen. Ses réseaux d’entraides et ses écoles privées hors système existent toujours bel et bien et ne désemplissent pas, bien au contraire [56]. Comme le fait remarquer non sans finesse notre auteur [57], à l’époque du chambardement des invasions barbares, les premiers chrétiens d’Europe avaient fait des monastères et des églises leurs citadelles, autour desquels des microsociétés pérennes pouvaient fleurir, préparant la reprise et la conquête de plus vastes territoires.
Figure 5 : « Du point de vue de l’écologie chrétienne, il y a un continuum naturel entre l’identité personnelle, familiale et patriotique »
La légende de Saint-François : le sermon aux oiseaux, Giotto (détail, 1297-1299)
D’un point de vue économique, le conservatisme catholique ne pourra s’accommoder comme il a pu longtemps le faire du libéralisme et de la défense de l’économie de marché. La brèche a déjà été ouverte par les nations de l’Est de l’Europe, groupe de Višegrad en tête, vers une forme d’économie dite illibérale [46]. Le corporatisme de La Tour du Pin et de l’Action Française, s’il n’est plus applicable en l’état, apparait à cet égard une riche source d’inspiration afin de penser une troisième voie [47].
L’urgence résonne ainsi à deux échelles : du point de vue individuel et familial, puis de celui des structures politiques. Au niveau individuel et familial, les catholiques doivent reprendre conscience de l’immoralité intrinsèque de l’esprit bourgeois, et ce quand bien même ils baigneraient dedans ! Pour ses intérêts économiques et sociaux, la classe bourgeoise sacrifiera toujours l’Être pour l’avènement de l’Avoir, et préfèrera toujours l’injustice au désordre. Il en va de la maximisation de son profit et de sa survie en tant qu’être social collectif. Par ces préférences mêmes, elle est donc foncièrement anticatholique, et arbore des valeurs contraires à sa nature intime lorsqu’elle s’immisce dans l’Eglise du Christ. Si la bourgeoisie a toujours joué un rôle dans les sociétés européennes, la nouveauté depuis plus de deux siècles réside dans sa suprématie par rapport à la classe morale et aristocratique. Là où les nobles d’Ancien Régime pouvaient tirer les roturiers vers le haut et tenter de les transformer en Bourgeois Gentilshommes, la destruction de la classe des premiers a laissé les seconds maîtres à bord. Les valeurs de l’Ancienne aristocratie catholique ayant été abrogées, plus rien ne jouait le rôle de garde-fou contre la démesure de l’accumulation capitalistique. Cette dernière est devenue fin en soi. La bourgeoisie demeure toutefois une classe hétéroclite et bigarrée, et reste composée d’hommes et de femmes assumant plus ou moins le principe de réalité. Gageons que dans les temps difficiles que nous aurons à traverser, les esprits les plus affûtés sauront faire de la valeur cardinale de Tempérance leur boussole, et la transmettre à leurs descendants par une juste éducation.
Au niveau des structures politiques, deux décisions semblent inévitables à brève échéance et concernent respectivement l’usure et la croissance.
L’un des cœurs atomiques des économies européennes succédant à la Révolution Française est le prêt à intérêt – ou usure – par des acteurs privés aux peuples et aux Etats-Nations. La démonstration de la folie de cette situation et de l’affaiblissement du politique qui s’en suit est connue [48] et n’est pas l’objet de cette critique. Si le droit canon de 1917 a officiellement levé l’interdiction du prêt à intérêt, les autorités ont toujours porté sur lui un œil inquiet et prudent. Comme il a été relevé lors de la critique antérieure par le SOCLE de l’œuvre de la Tour du Pin [47], les leçons du Docteur Angélique devraient ici nous servir de phare : « Exiger un paiement pour le prêt d’une chose qui ne se consume pas est contraire à la charité, et l'argent est un bien qui ne se consume pas ». Le prêt à intérêt, exigence d’une somme d’argent pour quelque chose qui n’existe pas, a ainsi toujours été contraire à l’éthos catholique.
Quant à la croissance, elle devra être abrogée en tant qu’indicateur de la richesse des nations. Comme celle-ci calcule l’évolution relative de la valeur ajoutée, elle interroge plus profondément ladite valeur. Le bon sens sonne à la porte : le XXIe siècle a prouvé que les nations pouvaient souffrir des inégalités abyssales entre ses membres et la misère extrême de ses plus modestes tout en affichant une croissance à deux chiffres. Comme l’a admirablement démontré Baudrillard dès les années soixante-dix [49], deux valeurs ajoutées égales peuvent avoir des effets antithétiques sur le plan social et macroéconomique à long terme. Dans une optique catholique, on traduira cette conclusion en affirmant que la croissance économique n’a jamais été fondée en vue du Bien Commun, son amoralité confinant à une immoralité. Elle est le totem contemporain à toujours vénérer, l’idole obèse consacrée par principe, jamais repue, et dont l’alimentation est vitale à l’hérésie mondialiste.
Une autre mission capitale consiste à faire sortir les catholiques de la candeur qui les caractérise depuis la sortie de la guerre. Souvent liée à l’incompréhension des enseignements dont ils se revendiquent, cette candeur se cristallise autour de leur rapport avec l’Ennemi, ou l’Autre belliqueux et agressif.
La première naïveté porte sur la « conversion de l’envahisseur », et consiste à croire qu’il suffirait que toutes les ethnies du monde deviennent catholiques pour régler le problème. De la même manière qu’il est péché de croire faire advenir la Cité de Dieu en modifiant la cité terrestre selon des égards non-conformes au Bien Commun, il est une lubie grave de croire que « convertir les musulmans » [50] permettrait de résoudre les tensions multiculturelles de nos nations contemporaines. Cette naïveté se heurte comme souvent au réel, rappelant que l’on peut très bien cumuler le fait d’être catholique et celui de vivre en Afrique ou au Moyen-Orient. Par son baptême, chaque catholique est naturellement apôtre de la Foi. Il est donc de son devoir de proclamer la Bonne Nouvelle à tous les peuples de la Terre, autant que faire se peut. La Foi catholique sauve ainsi les âmes des nouveaux convertis. Son message n’a pas vocation cependant à régir les conflits interculturels et interethniques, qui sont des affaires des hommes. Preuve s’il en est : les peuples chrétiens d’Europe se sont faits la guerre durant mille cinq cent ans et aucun curé n’a reçu de plainte ! Il faut ici rappeler la réponse de Sainte Jeanne d’Arc, protectrice des français, à la question-piège « Dieu aime-t-il les Anglais ? » de ses iniques accusateurs : « oui, mais chez eux ! » [51]. Ce mot s’applique d’autant plus aux peuples dont la matrice civilisationnelle est fort éloignée de la nôtre, comme c’est le cas des afro-maghrébins ou des asiatiques.
Par la suite, Julien Langella démontre bien que la vertu d’espérance est manipulée chez les catholiques [52], constituant une deuxième naïveté. Elle l’est soit par les autorités politiques qui savent jouer sur cette corde sensible [16n], soit de façon plus sournoise par les autorités cléricales qui outrepassent leurs ministères et s’ingèrent dans des affaires où leur sanction n’est pas infaillible. Cette manipulation se trouve constamment réactivée par une interprétation fallacieuse du « Aimez vos ennemis » [17n], et plus généralement du Sermon sur la montagne relaté dans l’Evangile selon Matthieu. Notre auteur évoque à juste raison Carl Schmitt pour rappeler ce que la Tradition a toujours enseigné [53]. Le « Aimez vos ennemis » se traduit dans le texte de la vulgate par « diligite inimicos vestros », et non par « diligite hostes vestros ». Entre l’inimicus et l’hostis, il y a un monde, à la fois pour les anciens païens et pour les catholiques, monde qui sépare l’ennemi personnel et individuel de l’ennemi politique et collectif.
Figure 6 : « Il faut ici rappeler la réponse de Sainte Jeanne d’Arc, protectrice des français, à la question-piège "Dieu aime-t-il les Anglais ?" de ses iniques accusateurs : "oui, mais chez eux !" »
La Bataille de Lépante, Paul Véronèse (détail, 1572)
Le Christ, dans son message de Paix, nous invite à la réconciliation interpersonnelle avec son ennemi particulier, l’inimicus, sous l’égide du Dieu d’Amour. Ainsi, quoique la contingence des modalités d’existence la rende rare en pratique, une amitié sincère et réciproque peut résider entre un allogène et un indigène que tout oppose en apparence. La vie et l’œuvre des missionnaires tels que Saint François Xavier ou Sainte Teresa de Calcutta en sont la preuve vivante, et donne son sens véritable à la notion « d’ennemi » de l’Evangile. L’hostis, au contraire, désigne l’ennemi politique d’une collectivité, tel qu’un peuple ou une nation. Cette acception autorise, et même encourage l’essentialisation de l’Autre. Pour un homme de bien à la guerre, il apparait en effet insoutenable de tirer sur son adversaire s’il conçoit de lui à chaque instant qu’il puisse être un homme vertueux, brave dans la vie quotidienne et aimé des siens. C’est pour cette raison que Saint-Thomas d’Aquin théorisera sur la notion de guerre juste aux temps scholastiques, et que cette dernière est aujourd’hui présente dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique [54].
Ainsi, si le catholicisme est par excellence la religion de Paix et d’Amour, il sait composer avec les réalités du monde et avec ses dures nécessités. Carl Schmitt le précise bien dans les pages de son essai La notion de politique [55], soutenant que les chrétiens en armes avaient une parfaite compréhension de la distinction entre inimicus et hostis, et qu’ils ne se sont guère lamentés à l’idée de combattre les sarrasins ou les turcs quand l’objectif était de défendre leurs terres et leur liberté.
Conclusion : Combattre comme un Macchabée
L’esquisse du « Que faire ? » présenté dans ces lignes devrait apporter quelques éléments de réponses aux lecteurs. Le catholique, pour lequel la compréhension des Ecritures représente un impératif, se rappellera que l’idée de défense des siens et de sa terre contre un ennemi politique, et la réappropriation de sa liberté des mains de pouvoirs illégitimes et spoliateurs est plus que jamais présente dans la Bible. Langella prendra le temps de narrer la belle épopée maccabéenne, durant laquelle Judas Macchabée (littéralement « Judas au Marteau ») réussit à reprendre avec de modestes troupes la terre d’Israël et Jérusalem à l’envahisseur, et châtia les traitres juifs qui avaient préféré rejoindre celui-ci plutôt que de combattre dans ses rangs.
Par les mots et les actes de ses protagonistes, cet épisode illustre une nouvelle fois que le plus grand des maux reste et demeure le péché de démesure, cette hybris contre l’ordre de la Création. Elle est d’ailleurs le dénominateur commun de tous les péchés capitaux. Avarice, luxure, envie, colère, paresse, gloutonnerie et orgueil ne seraient pas les graves excès qu’ils sont s’ils n’étaient pas marqués du sceau de la démesure, dans leur domaine respectif. Comme Jean-Paul II l’apprenait aux jeunes catholiques, cela n’est pas un hasard si la Tempérance forme la vertu cardinale qui sous-tend les autres.
Il faut bien se rendre à l’évidence : nos ancêtres, les catholiques d’hier, tous identitaires car la question ne se posait même pas, seraient horrifiés d’entendre les positions des ouailles égarées et de certaines de leurs autorités d’aujourd’hui. Le catholicisme bien compris et bien vécu n’est en rien responsable de la crise qui nous accable. Il a bien au contraire fait la grandeur et le génie de l’Europe, en a marqué de façon irrémédiable les cœurs et l’esprit de ses peuples. L’Ennemi, c’est le globalisme, hérésie postchrétienne, qui est arrivé dans une certaine mesure à s’immiscer au sein de l’Eglise. L’Ennemi, ce sont les avatars de ce globalisme et ses institutions, acquis aux délires démiurgiques modernes de l’avènement du Paradis sur Terre par le changement de la nature humaine.
Le catholique devra se positionner à l’avant-garde de la bataille qui oppose le continent à l’Ennemi, en vertu de l’ordre de la Charité et de l’Amour des siens. Car il n’y pas à choisir entre combattre pour son identité et pour son Dieu. Il faut livrer les deux batailles sur un même front, par devoir envers la Création et son Créateur, envers ses parents et Son Seigneur.
Pour le SOCLE
L’Ennemi des peuples et des catholiques est l’hérésie mondialiste, Ennemi dont les armes sont le Grand Remplacement et le Grand Effacement.
L’Histoire et la Parole nous apprend l’évidence de l’enracinement du catholique. Il existe une harmonieuse compatibilité entre défense de son identité et défense de la Foi.
La défense des siens et de sa patrie est un devoir pour le chrétien, en vertu de l’Ordre de la Charité émanant du Quatrième Commandement « Tu honoreras ton Père et ta Mère ».
L’Ecologie Chrétienne Intégrale est un antidote contre l’Ennemi, et appelle au regroupement des forces vives autour de l’Eglise, citadelle de la Foi et de la Tradition.
Il faut sortir les catholiques de leur naïveté consistant à n’appliquer que l’Amour du Prochain en face de l’Ennemi. Si le Dieu des catholiques est un Dieu d’Amour, Il est aussi un Dieu de Colère et de Justice.
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- JULIEN LANGELLA, Catholiques et Identitaires - De la Manif pour tous à la reconquête, p. 266. Editions Dominique Martin Morin, octobre 2017
Notes
[1n] Les œuvres et pensées les plus importantes de ces auteurs font l’objet d’un travail permanent de la part du SOCLE. Le lecteur est invité à consulter les critiques positives des sections Tradition Chrétienne [7] et Libre-pensée [8] du SOCLE pour approfondir ces considérations.
[2n] On notera ici l’insuffisance de la démarche consistant à vouloir pallier le Grand Remplacement sans considérer le Grand Effacement. Le retour des peuples d’Europe sur la scène mondiale s’amorce tant par la désignation de l’ennemi que par la réappropriation des enseignements et des mœurs de la Tradition. Chacun doit faire son autocritique en la matière !
[3n] Il faut remercier inlassablement Philippe Muray d’avoir offert au monde contemporain le sémantiquement incorrect [11].
[4n] Le verset est en ce sens à rapprocher de Galates (3:26) et de Éphésiens (2:13-22).
[5n] Quoique la novlangue contemporaine nous ait habitué à leur confusion, ces deux termes sont parfaitement antithétiques.
[6n] Dieu a voulu cette division en langue. Il est alors aisé de comprendre la féconde défense de la traduction chez les auteurs chrétiens, la seule « langue » de l’Europe selon le mot d’Umberto Eco.
[7n] Saint Jean-Paul II face aux jeunes [19] : « (…) je voudrais déclarer d'abord que les attitudes de l'homme provenant des diverses vertus cardinales sont mutuellement interdépendantes et unies. On ne saurait être un homme vraiment prudent, ni authentiquement juste, ni réellement fort, si l'on ne possède pas la vertu de tempérance. Celle-ci conditionne indirectement toutes les autres vertus (…) »
[8n] Est ici faite référence en particulier à Léon XIII, Saint Pie X, Pie XI, Pie XII, Saint Jean-Paul II, Benoit XVI et l’actuel pape François.
[9n] Les défenseurs de la Tradition se souviendront longtemps de la phrase prononcée par l’ancien ministre Éric Besson de Nicolas Sarkozy en 2010, qui affirmera sans honte lors d’une visite effectuée à la Courneuve : « La France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n’y a pas de Français de souche, il n’y a qu’une France de métissage » [25].
[10n] Le fameux passage synoptique de Matthieu (22:21), Marc (12:17) et Luc (20:25) : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Les lecteurs assidus de l’Ecriture trouveront des analogies d’intérêts avec Romains (13:7) et 1 Pierre (2:13) ; et la Parole de Jean (18:36) : « Mon royaume n'est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne fusse pas livré aux Juifs. »
[11n] On notera ici la vacuité du concept de « vivre-ensemble », devenu en moins de trente ans l’horizon indépassable vers lequel les sociétés postchrétiennes devraient tendre selon leurs dirigeants. Vacuité car la finalité de la Cité n’a jamais été de faire cohabiter les âmes dans le seul souci de l’échange marchand et d’un très flou « bienêtre individuel », mais d’ordonner les actions des hommes vers le Bien commun comme corollaire d’une véritable « amitié politique » entre ces derniers.
[12n] On comptait 1,284 milliard de catholiques en 2015 dans monde, dont plus de 285 millions de catholiques européens. [37]
[13n] De surcroit, épiloguer sur l’intégration n’est pas ici nécessaire. Si l’idée d’assimilation peut encore soulever le débat chez les identitaires, celle d’intégration n’avait pour eux aucun sens dès les débuts de la politique d’immigration massive.
[14n] D’après les travaux de Braudel [42], les Morisques représentaient plus de 20 % de la population présente sur les terres ibériques du royaume d’Aragon.
[15n] Genèse (2:15) : « L’Eternel Dieu prit l'homme, et le plaça dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder ». On souligne là que certains passages de la Genèse ont maintes fois été incriminés dans le peu de considérations que les occidentaux entretenaient à l’égard de la Nature, et singulièrement Genèse (1:28). Cette position fait fi de l’ensemble du texte de la Création, et surtout de Genèse (1:22) et Genèse (8:17). La révolution cartésienne et ses implications colossales, éloignées du texte biblique et voulant rendre les hommes « maîtres et possesseurs de la nature » [43] sans contreparties, méritent à cet égard bien plus d’attention.
[16n] Ceci est vrai même auprès des personnes non pratiquantes, car deux mille ans de christianisme persistent encore dans les us et les éthiques auto-construites, quoique souvent de façon dégénérée et inconsciente.
[17n] Matthieu (5:44).