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L’Esthétique de la vie, de William Morris

  L'Esthétique de la vie est un discours prononcé par William Morris (1) devant la Society of Art and School of Design de Birmingham en 1896, quelques mois avant sa mort à l'âge de soixante-deux ans. Il fut imprimé la même année dans le journal La Société nouvelle, accompagné de cette citation de Juvénal, dénonciatrice d'une précédente décadence : « Propter vitam vivendi perdere causas », soit « Pour vivre, perdre la raison de vivre. » (2)

Annonciatrice des malheurs allant s'abattre sur l'Europe avec son industrialisation, L'Esthétique de la vie est l'occasion pour nous de revenir sur un siècle de chute dont le versant historique fut si bien décrit par Dominique Venner dans Le Siècle de 1914. Ici, et en compagnie de William Morris, nous contemplerons désolés la destruction de nos environnements, spirituel comme naturel, les deux étant indéfectiblement liés ainsi que le titre de l'ouvrage, L'Esthétique de la vie, nous le rappelle. Mais la désolation et les pleurs n'ont qu'un temps nous enseigne Athéna, déesse de la guerre et des artisans. Plus que jamais, notre esthétique doit être un combat.

 

Par Gaspard Valènt, pour le SOCLE

 

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  L'esthétique est le sentiment que la réalité cause dans l'âme. Ces sentiments sont des plaisirs et des valeurs. L'odeur et la vue d'une fleur d'iris, éclos par une matinée de printemps au sein d'un pré d'herbe fraîche, procure à la fois le plaisir d'une vision délicate et fragile, celui d'une odeur subtile et la valeur de défense des choses belles et fragiles. Une connaissance plus poussée apprend qu'elle se dessèche dans la minute suivant sa cueillette et qu'elle bloque momentanément les fonctions olfactives quand on la respire trop. De cette vérité naturelle découle l'enseignement vertueux qu'il ne faut pas déraciner la vie, adaptée à son sol, ni abuser des plaisirs délicats de peur de s'y rendre insensible. De même pour l'orage, terreur pour l'enfant, auquel il apprend à craindre la force ; source de plaisir viril pour l'adulte, qui sent vibrer toute la force et la puissance de son courage. Rituel de passage à l'adulte délivré par le ciel. Le simple constat qu'une plante ne pousse jamais mieux que dans le sol qui l'a vu naître, qui est celui de ses ancêtres, délivre le premier sentiment moral : celui d'identité. Oui, la Nature éduque autant les sens que l'esprit. Pour qui sait la lire, elle est autant spectacle artistique que manuel de morale. Quant à la vie, c'est l'éternel tissu animé couvrant l'espace et le temps, au-delà des générations, au-delà de l'espèce. C'est l'arbre, c'est l'ancêtre d'il y a mil ans, c'est la descendance future, c'est la rivière qui court depuis toujours. L'homme, après la Nature, crée des objets causant délectation et enseignement moral. Le temple de Stonehenge par exemple, est à la fois plaisir pour les sens de par ses nobles proportions, sa concentrique circularité comme l'onde dans l'eau, la massivité de ses volumes qui semblent comme suspendus par une irréelle légèreté dans l'air et dans le temps, qu'exemple de force et de tempérance, et de respect que nous devons à quelques divinités sévères et bienveillantes, dont les noms sont oubliés mais la présence encore sentie.

 

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 Mais la Nature varie suivant le climat et le sol, créant des régions dont l'âme des humains qui y résident est le reflet. C'est ce qu'on appelle une culture. Ainsi, l'esthétique de la vie est-elle le reflet de la Nature dans l'âme de la race qui l'habite. Or, l'industrie, en détruisant la nature, les ouvrages du passé et le mode de vie traditionnel, fait disparaître cette esthétique de la vie, pour la remplacer par des carrières fumantes et des terres désolées, des montagnes éventrées, un peuple exploité dans l'industrie capitaliste et des objets manufacturés sans goût. Les honnêtes communautés paysannes des campagnes européennes se trouvant dispersées en des taudis infects où les individus sont exploités depuis l'enfance jusqu'à la mort prématurée, après une éprouvante vie de labeur. Les riches, coupables de cette destruction du peuple et de la nature, se plaignent à mauvais titre de l'immoralité - alcoolisme, délinquance et prostitution - de la classe prolétaire qu'ils ont créé, mais conservent encore, dans leurs mœurs, dans les Beaux-arts qu'ils patronnent et dans les livres qu'ils lisent, une dignité de vie. Mais William Morris met en garde ces injustes, et nous connaissons le sort que le "progrès" réservera à cette pensée rassurante. Les mœurs autant que l'art de l'élite péricliteront bientôt, jusqu'à atteindre l'humiliante situation qu'ils occupent aujourd'hui. Il est surprenant d'entendre William Morris prophétiser cette décadence dès 1896, année du palais d'Antin et de l'Allégorie de la Sculpture de Klimt.

 

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  Oui, les arts ne tarderont pas à pourrir en même temps que la morale, que les mœurs, que la Civilisation. Tout simplement parce que la sève ne provient pas des fleurs et des feuilles mais de la racine et des branches. Déracinez l'iris et jouissez de ses dernières senteurs, de son dernier éclat, car bientôt vous verrez sa couleur ternir, son odeur se corrompre et sa fermeté se dessécher. Alors, effrayés, vous comprendrez quelle horrible faute morale vous avez commis, quel acte contre-nature vous avez osé.

Lorsque William Morris s'adresse à ces élèves, l'arbre de sa Civilisation a été déraciné, mais ses fruits se portent encore bien car il est vigoureux et la sève y coule à foison. On ne compte plus les chefs-d’œuvre européens de la Belle Epoque, chant du cygne de l'Europe. Replantez cette Civilisation dans son fertile terreau, ainsi pourrait-on résumer le cri lancé par William Morris dans ce dernier essai. Renvoyez les ouvriers à la campagne, fermez les manufactures et laissez renaître l'artisanat traditionnel, car sinon, bientôt, tout l'édifice s'assèchera, et Dieu seul sait alors à quoi nous ressemblerons. Tremblez camarades : car nous voilà. Un siècle et vingt ans après son appel, nous vivons dans ce corps mourant qu'est l'Europe contemporaine. Il lui reste des forêts, il lui reste des traditions, par-ci, par-là, le sang bat dans une veine, un nerf tressaille, il est encore temps. Nous qui sommes réunis ici avons encore foi dans sa renaissance, mais n'attendons pas demain, car demain sera trop tard. Le vieil écrivain avait déjà mis le doigt sur l'attrait ayant fait dévier le chemin de notre civilisation. Il s'agit du luxe. En effet, c'est pour accroître le leur que les riches sacrifièrent la beauté de leurs terres et l'équilibre de leur peuple. Or le luxe ramollit et corrompt, rend jouisseur et fainéant, voleur et mesquin, en un mot : immoral. William Morris dénonçait l'erreur voyant dans le luxe un progrès de la Civilisation, il y voyait au contraire un égarement, affirmant avoir vu plus de vertu sous les huttes de terre de la côte islandaise que dans les salons de Londres.

 

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 Depuis, les choses ont changé, le luxe est devenu confort, qui en est la forme accessible à tous et inesthétique. Ce confort s'est vu proposé à tout Européen, le prolétariat étant exploité en Asie. Nous avons ainsi tous droit à ce luxe bon marché qui ramollit le corps et n'a pas même pour excuse, comme autrefois, d'aiguiser la sensibilité de l'oisif. L'Europe entière est devenue dépendante de gadgets futiles, pensant, retenant, calculant, voire charmant à notre place. Nous voilà bien peu de choses et, pour la première fois de l'Histoire, dépendants d'outils auxquels nous ne comprenons rien. La race européenne est assistée et, peu à peu, remplacée dans la plus majoritaire indifférence. Nous voulons croire que le progrès technique a anesthésié notre race à cette invasion latente. Ce n'est pas l'appât du gain mais celui du confort, du pratique, qui a eu raison de nous. Imaginez combien facilement encore, les contemporains de William Morris - les hommes de la Belle Epoque - auraient réglé le problème de la délinquance raciste des jeunes immigrés musulmans.

 

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La Destruction de la Nature

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  La Nature est le socle de l'identité en même temps que la source première de la beauté. C'est à partir de ses matériaux et sous l'influence de ses formes que naît l'œuvre d'art. En la détruisant, l'industrie tarit la source même de la Civilisation. Dans son discours, William Morris décrit les campagnes vertes et riantes devenues crevasses fumantes. Les forêts rasées, les cours d'eau pollués, les montagnes creusées, les ciels noircis, les animaux décimés. C'est à l'école buissonnière que William Morris, comme de nombreux Européens, fit son éducation esthétique et morale. Car la Nature dispense autant de beautés que de vertus. Que les morts nourrissent la sève de leurs descendants, que la profondeur de la racine soit la promesse de la vigueur de la plante, que le tronc viril porte la délicate fleur ou le fruit juteux du bout de ses doigts, comme son précieux et fragile enfant, qu'à chaque sol corresponde les espèces lui étant adapté, nourrissant autant les sens que l'esprit. Tel peuple ayant oublié son âme n'aura qu'à se promener sur le sol de ses ancêtres et laisser Gaïa la lui rappeler. Hélas, Morris, dont la vie couvre l'Angleterre de la seconde moitié du XIXe, a vu sa race perdre son âme autant que son sol perdre sa nature. Estimons-le heureux de n'avoir point vu ce que nous voyons aujourd'hui.

 

L'Eau

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  L'industrie a transformé le travail de la terre en donnant naissance à l'agriculture intensive, qui empoisonne la faune et la flore. Plus de 95% des cours d'eau et 58% des eaux souterraines français ne sont pas potables et sont incompatibles avec le développement de la vie aquatique. Cette eau nécessite, dans le meilleur des cas, des traitements chimiques à base de chlore, d'ozone et d'hypochlorite de sodium (l'eau de javel) pour être bue (3). Ce taux se retrouve sur tout notre continent, d'autres pays, comme la Pologne et l'Espagne, présentant une situation plus grave encore. Soixante-deux pesticides différents ont été trouvés dans les eaux souterraines françaises, et cent quarante-huit dans les eaux de surface, lieux sacrés où vivent nos charmantes nymphes potamides. Plus de la moitié des lacs européens sont eutrophisés, c'est-à-dire surchargés d'azote et de phosphore provenant des nitrates et des phosphates de l'agriculture chimique, ce qui a pour effet d'en décimer les espèces animales et végétales et de souiller le sanctuaire des limnades, qui ont perdu leur pouvoir de rester toujours jeunes et belles. Citons pour exemple la disparition, dans les années 1960, du pfärrig du lac Murten, la même chose risquant d'arriver à celui du lac de Neuchâtel. La surpêche est également responsable de la disparition des espèces aquatiques. Selon l'organisation fishcount, deux billions sept cents quarante-deux milliards de vertébrés aquatiques meurent chaque année de la pêche. Ce chiffre ne prend en compte ni les prises accidentelles, notamment les trois cents mil marsouins, baleines et dauphins, ni les poissons pêchés illégalement, ni ceux destinés à l'alimentation des élevages piscicoles, ni ceux utilisés comme appâts, ni ceux décédés après avoir réussi à s'échapper des filets ou pêchés par des filets ou nasses perdus, qui représentent le dixième des déchets marins, ni, enfin, les captures non déclarées. On considère qu'un poisson sur cinq en moyenne meurt inutilement de la pêche, ce taux atteignant le tiers dans les eaux écossaises et d'Irlande occidentale. On parle de surpêche lorsque le poisson est pêché plus rapidement qu'il ne se reproduit, ce qui concerne le tiers des réserves ichtyologiques marines mondiales, et les quatre cinquièmes de celles de l'Atlantique nord. Le dixième seulement de ces réserves mondiales n'est pas menacé, et 60% sont exploités au maximum (selon FAO, 2016). Un sixième des réserves de poissons d'Atlantique nord a disparu. Les réserves diminuant, la France fut la première, bientôt suivie par l'Espagne, à faire progresser son équipement de manière à pêcher dans les profondeurs. Or, ces poissons ont un faible taux de reproduction et se montrent plus fragiles à la surpêche. La situation du flétan étant notamment préoccupante. En 2013, le Parlement européen a rejeté l'interdiction du chalutage de fond. De manière générale, les réserves de poisson ont diminué aux deux tiers depuis un siècle, 54% de cette diminution s'étant produite au cours des quarante dernières années. Non contente de tuer nos espèces indigènes, l'industrie en importe de l’étranger pour les remplacer. Originaires d'Amérique, la perche soleil, le poisson-chat, la grenouille taureau, la tortue de Floride, le gobie demi-lune, trois espèces d'écrevisses, le gambusie, la perche noire et l'omble de fontaine ont envahi l'Europe entre la fin du XVIIIe et les années 1960. Plus voraces et agressives que nos espèces locales, elles les remplacent peu à peu et menacent l'équilibre entier de certains lacs et cours d'eau. Certaines sont également porteuses de maladies contre lesquelles nos bêtes n'ont pas développé d'anticorps. Le crabe chinois a envahi les fleuves de l'Hérault et de l'Aude à partir du port de Sète, où les navires asiatiques déversaient leur ballast. Il est responsable de graves déséquilibres écologiques. Le goujon asiatique a été introduit dans des mares roumaines en 1960, il s'est ensuite répandu dans une grande partie de l'Europe où il menace carpes, truites et saumons d'élevage. Le silure grenouille nous vient d'Asie du Sud-Est, récemment apparu en Angleterre, il y remplace les poissons locaux et menace les amphibiens en dévorant leurs têtards. Débarqué des océans Indien et Pacifique, le poisson-flûte menace nos poissons piscivores en volant leur pitance. La truite arc-en-ciel du Pacifique a été introduite pour la pêche en Europe, où elle décime les autres poissons par prédation directe et par compétition pour les zones d'alimentation. Elle est particulièrement dangereuse pour les truites et les saumons européens, auxquels elle transmet un parasite cérébral et avec lesquels elle s'accouple, causant une érosion génétique. Au cours du XXe, ce sont neuf espèces de salmonidés qui ont disparu d'Europe. Les poissons d'eau douce sont si menacés en Europe que les rééditions des recettes d'Auguste Escoffier précisent, au chapitre des poissons, qu'il est désormais impossible de trouver la plupart des espèces mentionnées. Même l'anguille, autrefois si abondante, présente un taux de mortalité supérieur au seuil de renouvellement des générations depuis que la pollution de l'eau, les barrages, la surpêche, le braconnage et l'introduction, en 1982, d'une espèce asiatique, la déciment.

 

La Terre

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  Je me souviens de mon grand-père me racontant, en provençal, les attaques que les innombrables petites fourmis d'Argentine lançaient sur les fourmilières indigènes du puits de charbon de Gréasque, où il travaillait adolescent. C'est en 1906 qu'elle a été vue pour la première fois dans le Sud de la France, violemment agressive envers les espèces indigènes, elle les a depuis presqu'entièrement remplacées. Il est aujourd'hui devenu courant d'en voir s'en prendre à des lézards, des tarentes, des cigales, des grillons, j'ai même déjà sauvé des salamandres et des chatons de leurs mandibules. Deux autres espèces de fourmis, la Pheidole megacephala de l'Océan Indien et la Lasius neglectus de Turquie, ont également envahi notre sol sur lequel elles menacent lézards, invertébrés et petits animaux. Dans ma campagne, on rencontre la fourmi provençale dans la forêt, la fourmi d'Argentine dans les jardins, les champs et les habitations et, depuis cette année, la Pheidole megacephala dans ces mêmes endroits. Le ver plat de Nouvelle-Guinée a été détecté pour la première fois en France en 2014, d'où il s'est entièrement répandu en Europe, y dévorant nos escargots. Le vison d'Amérique, importé pour sa fourrure, s'est répandu dans la nature dès les années 1940 où il menace le vison européen, moins agressif que lui. Il en va de même pour l'écureuil gris de Caroline, immigré chez nous au début du XXe. Il écorce depuis nos arbres, notamment le hêtre, et décime notre écureuil roux local. Il l'a déjà quasiment remplacé en Angleterre, où l'écureuil roux ne représente plus que 0,064% de la population totale des écureuils. Originaires d'Amérique, le ragondin et le rat musqué ont été introduits en Europe au cours du XIXe pour leur fourrure. Ils détruisent les nids des vertébrés et dévorent la végétation fluviale, qu'ils sont capables de faire entièrement disparaître de certains cours d'eau. Le rôdeur mortel est un scorpion palestinien récemment apparu en Europe. Parallèlement à cette invasion d'espèces étrangères, l'irresponsabilité de l'homme européen faisait également disparaître plusieurs espèces animales indigènes d'Europe. Citons l'élan européen, le bison du Caucase et celui de Hongrie, le Grand Pingouin, le bouquetin lusitan, l'ibex portugais, fort représenté sur les parois des grottes paléolithiques, et le tarpan, probable ancêtre commun des chevaux domestiques européens, tous disparus à la fin du XIXe à cause de la chasse. La souris épineuse des Cyclades, disparue au tournant du XXe, la souris domestique de Saint-Kilda disparut avec la pollution des terres des Hébrides, qui fit également fuir ses habitants au cours des années 1930. Pleurons encore le lynx de Sardaigne, décimé par la chasse au XXe, le phoque moine à ventre blanc, éteint en 1941, la musaraigne des Baléares, disparue après la Seconde Guerre mondiale, le lézard de l'île de Ratas, dans la baie de Minorque, disparu en 1950 à cause de l'urbanisation agressive de l'île, le lièvre de Majorque et l'élan du Caucase, récemment décimés par la chasse, et le bouquetin des Pyrénées, dont la dernière femelle mourut en l'an 2000. Le rat taupe de Méditerranée et la chauve-souris de Schaub viennent également de disparaître. Il convient de savoir que de nombreuses espèces animales européennes sont classées comme "en danger critique d'extinction" par l'Union internationale pour la conservation de la nature, tel le celle du vison d'Europe, qui a déjà totalement disparu de France et devrait s'éteindre dans la prochaine décennie à cause des campagnes d'empoisonnement de rongeurs et de la multiplication des routes. Citons encore le lynx ibérique, qui comptait cent mil spécimens au début du XXe, et quatre-vingt-quatorze en 2003, et ce en raison de la circulation automobile et de l'agriculture chimique qui lui cause de mortelles insuffisances rénales.

Les espèces végétales ne sont pas moins menacées, ont ainsi disparu d'Europe l'ail sauvage, le brome des Ardennes, la trisète burnoufii de Corse, la lysimaque de Minorque sauvage, l'euphraise naine et la jolie violette de Cry, endémique de l'Yonne et anéantie par l'activité industrielle en 1930. Le peuplier noir, arbre sacré de la déesse Hécate, et l'orme, arbre sacré d'Hermès et d'Oneiros, dont les fruits ailés accompagnent les âmes de nos défunts et les racines plongent dans le parvis des églises médiévales, sont fortement menacés et risquent de disparaître à cause de phytopathologies nouvelles ayant émergé avec le réchauffement climatique, la mondialisation et les pesticides. Enfin, le réchauffement climatique est augmenté par l'émission de gaz à effet de serre issus de l'industrie, du transport automobile et de l'agriculture chimique, tels que le dioxyde de carbone, le méthane, le protoxyde d'azote, l'hexafluorure de soufre, les hydrofluocarbures et les perfluorocarbures. Tous ces gaz ont des effets nocifs sur la santé de l'homme, des animaux et des végétaux. Ce réchauffement modifie le climat et le paysage européen. Ainsi, les glaciers alpins reculent chaque année de trente mètres (4). Les études sur les autres glaciers européens vont dans le même sens. En 2005, vingt-deux des vingt-cinq glaciers norvégiens étudiés avaient reculé depuis l'an 2000, celui de Brenndalsbreen ayant perdu deux cents six mètres, soit plus de quarante mètres par an, soit douze centimètres à la journée. Cette fonte des glaces menace directement de nombreuses espèces animales comme l'ours blanc, qui risque bien de disparaître d'Islande dans les prochaines années.

Un des pires méfaits que l'industrie de masse est le système de production de la viande. Dans le monde, ce sont 142 794 000 000 de bêtes qui sont abattues chaque année, dont un milliard pour la seule France. A noter que, depuis 1950, on abat 15,45 fois plus de bêtes quand l'humanité n'a été multipliée que par 2,9. Dans ce carnage, les poulets arrivent loin en tête avec près de quarante-six milliards de morts par an, suivis par les canards et les porcs. En France, quatre-vingts millions de canetons et de poussins sont tués chaque année, les poussins étant broyés. Le nombre ahurissant de bêtes tuées ne donne que la mesure d'un système comportant bien d'autres méfaits touchant à la fois la nature, le bien-être animal et la santé humaine. Pour la nature, sachons que les deux cinquièmes de la production agricole mondiale sont utilisés pour nourrir un bétail qui ne rend, pour l'équivalent de dix-huit mil repas végétariens et quinze mil litres d'eau, qu'un simple kilogramme de viande. Cette disproportion est particulièrement choquante quand on sait la souffrance et la pollution qu'elle cause. Pour la pollution, sachons que l'élevage intensif est responsable d'une pollution des sols par l'azote et de 18% des émissions de gaz à effet de serre. Quant à la souffrance animale, elle ne fait rien moins que frémir d'horreur. L'élevage contre-nature est la norme : 99% des lapins sont élevés en cage, 95% des porcs en bâtiment sur caillebotis et 83% des poulets de chair ne voient jamais la lumière du jour. Pour les poules pondeuses, ce taux n'atteint que 68%. Dans l'élevage industriel, les petits sont séparés de leur mère dès la naissance - les oiseaux naissant dans des armoires à incubation - avant d'être mutilés, voire passés à la broyeuse ou gazés comme quatre-vingts millions de poussins et de canetons français chaque année.

 

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Seules les truies, dont l'homme ne consomme pas le lait, jouissent d'un contact avec leurs petits, mais au travers d'entraves qu'on croirait inventées par la méchanceté même.

 

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Le cinquième des porcs et le quart des lapins meurent avant l'abattage à cause des mauvaises conditions de vie, des mauvais traitements et des sélections génétiques opérées dans le but d'obtenir la plus grande quantité de chair graisseuse par bête. Parmi les mutilations que le bétail subit, citons l'épointage des becs et le dégriffage, réalisés dès la naissance à l'aide d'une lame chauffée à blanc. Ces pratiques ont pour but d'empêcher les oiseaux de se blesser mutuellement dans les petites cages où ils sont entassés. Les veaux, les chapons et les porcs sont castrés à vif, les veaux subissant également un écornage et les porcs un rognage de leurs dents, tout cela étant pratiqué à la naissance et sans anesthésie.

 

Le Ciel

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  Hésiode nous apprend qu'Ouranos est frère de Pontos, père, d'après les Fables d'Hygin, des différentes espèces de poissons. Des actions de l'un dépendent celles de l'autre et la religion grecque a bien raison de rappeler la parenté de ces deux mondes tant l'un dépend de l'autre. Selon une récente étude menée par Sea around us, 69.7% des oiseaux côtiers ont disparu entre 1950 et 2010, et ce à cause de l'hécatombe marine. L'Union internationale pour la conservation de la nature a calculé que la moitié de ces espèces sont en déclin et que le tiers s'approche de l'extinction. L'Europe compte aujourd'hui quatre cents vingt-et-un millions d'oiseaux de moins qu'il y a trente ans (5). La perdrix grise, l'alouette des champs, le moineau, l'étourneau et trente-deux autres espèces ayant perdu 90% de leur effectif. Les deux principales raisons de cette hécatombe sont la disparition des zones d'habitat naturel, résultant de l'urbanisation agressive de l'Europe, et les pesticides que les oiseaux ingèrent au même titre que les insectes. Sur ces trente dernières années, notre continent a perdu la moitié de ses zones humides. Chaque année, ce sont 80 000 hectares de nature européenne qui disparaissent sous le goudron. Lister le nombre d'espèces d'oiseaux ayant disparu depuis l'ère industrielle serait trop long, contentons-nous de citer le pigeon de Madère, disparu dans les années 1920, le corbeau pie des îles Féroé, dont le dernier spécimen a été vu en 1948, le cincle plongeur olympique, éteint dans les années 1950, le râle d'eau irlandais, disparu en 1965, et le courlis à bec grêle, probablement éteint. Le règne des insectes souffre plus gravement encore de l'agressive modernité. Une étude réalisée en 2017 signale qu'à l'été de cette même année, les insectes des aires protégées allemandes étaient 82% moins nombreux qu'en 1989 (étude publiée par PLoS One le 18 octobre 2017). Le pire étant que la rapide disparition des insectes indispensables à notre nature va de pair avec leur remplacement par des espèces leur étant nocives. De la même manière que mon grand-père me racontait le remplacement des fourmis locales par les fourmis étrangères, je raconterai à mes petits-enfants le remplacement de nos moustiques indigènes, finalement peu gênants, par le terrible moustique-tigre arrivé dans les années 1990 à Gênes par un dépôt de pneus provenant d'Asie du Sud-Est, pour rapidement atteindre tout le Vieux Continent. On le trouve désormais de l'Allemagne à l'Espagne, de Malte aux Pays-Bas et de la Suisse à la Bretagne. Dans mon département, il transmet la dengue depuis 2007. Originaire d'Asie centrale, le frelon à pattes jaunes atteint l'Espagne vers l'an 2000, et la France en 2004 à cause de conteneurs chinois déposés dans le port du Havre. Un nid a été découvert en Belgique en 2016. Ses attaques sur nos abeilles et nos chevaux sont mortelles. Accidentellement introduits à partir de l'Asie au cours du XXe siècle, le capricorne des agrumes et le longicorne déciment feuillus de haut jet, hêtres, pommiers, peupliers, etc. Ouranos est pollué de nombreux rejets industriels qu'il appartient au chapitre prochain d'étudier, tant ils sont nocifs pour notre espèce.

 

La Destruction de l'homme

 

Le Corps

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  L'élevage industriel, dont nous avons listé plus haut les méfaits sur les bêtes, premières victimes bien entendu, a également un impact négatif sur les consommateurs. Les trois quarts des nouveaux pathogènes des dix dernières années sont le résultat de l'élevage industriel (FAO, 2007). Campylobacters, salmonelles, listeria monocytogènes, E. coli, etc., on ne compte plus les incubateurs de grippes mortelles que, régulièrement, l'élevage industriel crée. Combien mieux l'humanité et les bêtes se porteraient si le progrès scientifique s'était mis au service du bien-être animal et de la santé publique plutôt que de la rentabilité. Mais l'appât du gain en a décidé autrement.

 

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  Terrain propice aux maladies infectieuses, l'élevage industriel abuse d'antibiotiques ayant pour triple effet de soigner les animaux, favoriser leur croissance contre-naturelle, et celle de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques. En consommant une viande saturée d'antibiotiques, l'humain devient à son tour antibiorésistant et, selon un rapport du ministère de l'Agriculture datant de 2015, nous risquerions, par excès d'antibiotiques, de retrouver dans les prochaines années la vulnérabilité que nous avions autrefois par défaut. Chaque année en France, environ deux cents mil personnes sont hospitalisées pour maladie ayant pour origine l'élevage industriel. Voici donc une situation ubuesque où l'homme souffre lui-même de la propre souffrance qu'il cause, sans que celle-ci ne soit nécessaire à son alimentation. Alors pourquoi ? Parce qu'elle est lucrative pour l'industrie alimentaire et les gouvernements qu'elle enrichit.

La pollution industrielle de l'air crée de nombreux problèmes respiratoires et dermatologiques. Le dioxyde de soufre, l'oxyde d'azote et les particules en suspension sont libérés par la combustion des énergies fossiles. Toxiques, ils pénètrent profondément dans les bronches et provoquent inflammations et cancers, ils sont également responsables de maladies cardio-vasculaires et de pluies acides. L'ozone est un gaz extrêmement toxique pour le vivant, s'il est naturellement présent dans la haute atmosphère, sa présence dans la basse est des plus préoccupantes. Il est nocif pour les poumons, les reins, le cerveau et les yeux, provoquant toux, sécheresse buccale, troubles de la vision et de la parole, vertiges, mauvaise coordination des mouvements, inflammation aigüe des reins, fatigue, baisse de la libido, difficulté respiratoire, altération du goût, et autres terribles choses encore. Il est produit par réaction des gaz d'échappement avec le soleil et l'air ainsi que par l'action du soleil sur certains produits chimiques et sur les photocopieuses et imprimantes laser. Le monoxyde de carbone est un gaz mortel produit par les chaudières et les moteurs thermiques. Le benzène, dégagé par l'industrie pétrochimique, provoque cancers, aberrations chromosomiques (rupture dans une molécule d'ADN), malformations non viables, leucémies aigües et hémopathies malignes. Le cadmium qui est rejeté par l'industrie métallurgique provoque des troubles rénaux graves, des oedèmes du poumon ainsi que la terrible maladie "itaï itaï byo", provoquant une porosité osseuse, une déformation du squelette, un ratatinement progressif, de multiples fractures, de terribles souffrances, une agonie par atrophie osseuse et une paralysie complète, puis la mort. Ce poison n'est pas seulement présent dans l'atmosphère, mais pollue en grande partie les cours d'eau, les nappes phréatiques et la mer par déversement industriel. Le nickel, également issu de l'industrie métallurgique, se retrouve dans l'air comme dans l'eau et provoque le cancer du poumon. Le plomb est nocif pour le système nerveux, il pollue l'eau, l'air et le sol à cause de l'industrie. La pollution de l'air provoque cinq cents quatre-vingt-deux mil décès annuels en Europe (6). L'inhalation et la consommation de pesticides ont un effet sur la reproduction, depuis la gamétogénèse jusqu'à la naissance, en passant par la puissance virile et la formation intra-utérine. Nous abordons là l'un des aspects les plus graves de la destruction de l'Europe par le monde moderne : celui de la dévirilisation de l'homme blanc. Elle est le résultat de deux actions distinctes : la première est chimique, la seconde, culturelle.

 

L'Honneur

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  Les médicaments anti-androgènes, notamment utilisés contre les problèmes de la prostate, la calvitie, l'acné, comme contraceptifs ou dans les traitements permettant de transformer un homme en transsexuel, ou encore comme castrateur chimique par les vétérinaires, se retrouvent dans les urines et ne sont pas filtrés par les stations d'épuration (7). D'autres produits chimiques ayant le même effet sont massivement présents dans la Nature et la consommation courante (8). Ils pénètrent l'organisme par voie digestive, respiratoire, cutanée et in utero, pouvant contaminer sur plusieurs générations, et provoquent malformation des testicules, des ovaires et du cerveau, rétrécissement du pénis, cancers de l'utérus, des testicules, de la prostate, des ovaires et du sein, baisse de la fertilité, troubles du comportement et altération du système immunitaire. En Grande-Bretagne, certains estuaires pollués par ces molécules sont peuplés de poissons devenus hermaphrodites, pis, certains mollusques et poissons mâles ont même changé de sexe (9). Ces produits, auxquels il est quasiment impossible d'échapper, sont les perturbateurs endocriniens. Les alligators du lac Tasala Apopka en Floride, pollué aux pesticides, ont perdu le quart de la taille de leur pénis et se sont féminisés. Chez l'Européen, ces contaminants sont responsables du déclin constant de la qualité du sperme depuis un demi-siècle. De 1973 à 1992, une étude (10) a démontré que les Français avaient perdu 52% de leurs spermatozoïdes. Parmi ceux restant, les spermatozoïdes immobiles avaient progressé de 12% et les difformes de 14%. De mêmes études réalisées dans d'autres pays européens débouchent sur le même constat. De 1952 à 1972, les spermatozoïdes danois avaient chuté de 26%, et les difformes étaient passés de 26% à 44,8%. Les perturbateurs endocriniens causent le syndrome de dysgénésie testiculaire (11), qui se caractérise par un pénis mal formé, anormalement petit, des testicules non descendus, une infertilité, une faible quantité de spermatozoïdes et une grande part de spermatozoïdes mal formés. De 1993 à 2013, la taille moyenne du pénis anglais est passée de 15,24 cm à 12,95. Que fait-on à la race européenne, hier digne du dieu Pan ? Notons toutefois que les Finlandais sont les seuls Européens à échapper au phénomène.

La seconde cause de la dévirilisation européenne est culturelle. Pas de force sans fierté, pas de fierté sans identité. Il faut croire en soi pour se défendre. L'identité est la première cause de la virilité morale. Or, en quittant ses communautés traditionnelles, ses fermes, ses terres, ses villages et ses régions, l'Européen a perdu son identité. Le découpage territorial n'arrange rien : je suis fier d'être Provençal, pas de venir de P.A.C.A., encore moins d'un département portant le nom d'une rivière qui n'y coule pas ! La centralisation politique et intellectuelle, l'exode rural et l'homogénéisation culturelle de la Nation par l'école et le fonctionnariat ont anéanti la diversité culturelle de la France. Ce ne sont ni les festivités organisées par les conseils municipaux pour le tourisme, ni les cours de langues vernaculaires proposés par l'éducation nationale qui pourront ressusciter les cultures de nos ancêtres. Pourtant, la notion de diversité culturelle est à la mode. Ce qu'il faut entendre par là n'est pas, comme on pourrait le croire, la richesse des traditions européennes, mais le respect de celles des immigrés extra-européens. Nous pouvons ici reprendre notre propos sur les espèces invasives, en l'achevant sur la nôtre. De même que les animaux, crustacés et insectes étrangers menacent leurs lointains cousins européens, moins agressifs, les humains africains et proche-asiatiques menacent l'homme blanc. La proportion de ces derniers au sein de la population européenne est presque impossible à estimer, tant les statistiques manquent de fiabilité et de clarté. Notons toutefois que, pour la France, le taux d'immigrés de la première et de la deuxième génération était de 26,6% en 2008 (12), et que le taux de fécondité des immigrées est de 2,6 contre 1,9 pour les Françaises. Si l'on ajoute à ce taux les dix années qui se sont écoulées, les immigrés de troisième et quatrième génération, les réfugiés, les sans-papiers et les titulaires d'un Visa, on prend la mesure de ce que signifie le grand remplacement. Pour se limiter aux musulmans, l'Europe en compterait trente-deux millions selon le professeur d'histoire des religions Ralph Stehly. C'est trois fois la Grèce, le Portugal ou la Suède, quatre fois l'Autriche, six fois la Finlande, la Norvège, le Danemark ou l'Ecosse, plus de sept fois l'Irlande et quatre-vingt-seize fois l'Islande. C'est sept fois les trois pays baltes réunis, c'est davantage que la Finlande, la Suède, la Norvège et le Danemark réunis. C'est la huitième nation européenne en termes de population. Sur ces trente-deux millions de musulmans, le tiers serait de souche européenne, c'est-à-dire importé par les conquêtes ottomanes, les deux tiers produits par l'immigration des XXe et XXIe siècles. Celle-ci n'est nullement une nécessité, comme on l'entend souvent, indispensable pour payer les retraites d'une Europe vieillissante et effectuer les travaux pénibles d'une Europe cossarde. Premièrement parce que les jeunes immigrés augmenteront d'autant qu'ils sont la masse de retraités à entretenir, et qu'il faudra alors faire venir encore plus d'immigrés que la première fois, et ainsi de suite jusqu'à explosion du nombre de citoyens. Deuxièmement, parce qu'il suffirait d'augmenter les salaires des natifs - ou mieux, de les rendre auto-suffisants - pour qu'ils prennent eux-mêmes en charge leurs ancêtres. L'argent existe, il est capitalisé par les propriétaires des entreprises, notamment les grandes firmes commerciales, ainsi que par les banques et l'Etat. Troisièmement, parce que l'immigration apporte également une grande masse d'inactifs pour lesquels il faut payer des aides sociales. Enfin, parce que les travaux laborieux qu'effectuent les immigrés de manière prioritaire, notamment dans les bâtiments et travaux publics, ne sont utiles qu'au capitaliste qui les commande. Non, la France n'a nul besoin d'une nouvelle bretelle autoroutière écrasant de goudron le champ d'un paysan, d'un péage remplaçant la bastide provençale ou d'une barre d'immeuble plongeant un charmant village dans son ombre. A ces contre-arguments à l'immigration, d'ordre financier, s'en ajoutent d'autres d'ordre civilisationnel, qui nous intéressent davantage nous, identitaires, mais qui ne touchent pas le progressiste. La loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain impose qu’au moins le quart des logements d’une commune soient sociaux. Croit-on que cela favorise une sage politique de plafonnement des loyers et du prix de l'immobilier dans le but de maintenir la population locale dans les centre-villes ? Pas le moins du monde, les loyers flambent, chassant l'Européen de ses vieilles pierres, comme à Figeac, et d'épouvantables barres d'immeubles ceinturent chaque commune française, où les Européens se retrouvent contraints de voisiner avec les immigrés, occasionnant insécurité, délinquance et conversions islamiques (depuis 2010, le nombre de convertis à l'islam en France augmente de 20% par an). Après avoir chassé les habitants traditionnels des centre-villes anciens, les communes font venir des immigrés dans une partie de ceux-ci, en laquelle le prix des loyers est soudainement bloqué. C'est ce qu'on peut voir à Ollioules, comme dans des dizaines de milliers de communes. La nouvelle population, fraîchement arrivée, ne s'intègre pas avec les locaux, ce qui a pour effet de diviser les quartiers entre indigènes et étrangers, d'anéantir la dimension ethnologique du patrimoine et la vie de quartier, et de causer cambriolages et agressions. Car force est de constater que, face au mahométan, l'Européen d'aujourd'hui est désarmé. Cinq raison à cela : l'excès de confort dans lequel le progrès technique entretient et ramollit ; le monopole étatique de la défense du droit à l'honneur, notamment depuis l'abolition du duel ; la perte de l'identité européenne par la destruction de sa civilisation, que nous verrons dans le chapitre suivant ; la dégénérescence biologique de la race blanche, que nous venons d'étudier ; et la culpabilisation historique de l'Europe par l'éducation nationale, les médias et les politiques. J'ai sous mes yeux les cours de seconde de ma petite amie sur les croisades. Y est amplement fait mention des nombreux prêches en leur faveur par la papauté, du pillage de Constantinople par les Francs, de la stupeur des mahométans faces à l'ignorance médicale des chrétiens, de l'extermination de la population mahométane de Maara, des actes de barbarie opérés par les Francs et des connaissances scientifiques et philosophiques soi-disant supérieures des Arabes, mais nullement de l'origine réelle des croisades, à savoir l'invasion de l'Empire romain d'Orient et de Jérusalem par les Turcs saldjouquides et du massacre qu'ils firent subir aux populations juive et chrétienne des territoires envahis, de l'asservissement en esclavage des populations non mahométanes des villes récupérées par Saladin et des actes de torture perpétrés par les ghazi et rapportés par les chrétiens. La même impression de Faute de l'Européen ressort des chapitres consacrés à l'esclavage : pas un mot sur le fait qu'il fut largement pratiqué par les royaumes africains et, surtout, par les mahométans longtemps avant que les chrétiens ne les imitent, à la grande fureur du pape Paul III. Pas un mot sur l'une des premières abolitions officielles de l'esclavage, par le roi de France Louis X le Hutin au XIVe, ni sur le fait que l'Occident fut la seule civilisation à remettre en cause, pour finalement l’abolir, cette pratique barbare. A cette culpabilisation identitaire s'ajoute une négation de notre identité. Quand on ne rapporte pas, comme Jean-Luc Mélenchon dans son discours à Marseille, cette idée fausse et répandue suivant laquelle les cathédrales gothiques ne purent être érigées que grâce aux connaissances mathématiques conservées par les Arabes (13), on nie l'existence de notre civilisation, comme Emmanuel Macron affirmant n'avoir "jamais vu" l'art français. Un petit tour des cathédrales de France et des châteaux de la Loire, si ces progressistes n'en étaient pas indignes, leur ferait le plus grand bien. Nier l'existence de notre civilisation permet de ne pas la poursuivre et d'en détruire les vestiges, mais cela appartient à notre prochain chapitre. En guise de transition, voyons comment la modernité détruit la société traditionnelle européenne.

 

La Communauté

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  L'agriculture intensive, en plus d'avoir empoisonné la nature sacrée de l'Europe, a détruit le paysannat, remplacé par les exploitants agricoles. On estime à 60% le taux de paysans à la fin du XVIIIe en Europe, quand les agriculteurs ne représentent plus 2,44% de la population actuelle. Ces derniers sont tristes, vieux et malades (14). L'exode rural, qui désertifia les campagnes, a laissé ceux qu'elle épargna seuls au milieu d'immenses exploitations de dimensions souvent inhumaines. De nombreuses fermes ont été rasées, les haies, bois et arbres servant de frontières entre les différents champs ont laissé place aux centaines d'hectares de maïs, blé, colza et tournesol arrosés de pesticides. C'est Cérès qu'on assassine. Qu'on observe les campagnes d'avant l'agriculture intensive et qu'on prenne la mesure de ce paradis perdu. Les Flandres de Rubens, la Hollande d'Hobbema, la Bretagne de Luzel, les bergères de Boucher et de Fragonard et les baigneuses de Corot, l'Italie de Silvestro Lega, la Suède de Zorn, la France d'Arnold van Gennep et la Provence de Paul Guigou, Frédéric Mistral et Sir William Russell Flint nous rendent nostalgiques d'une époque bénie après laquelle nous sommes nés. Bien sûr, il convient de n'en pas oublier les problèmes : mauvaises récoltes, guerres, épidémies, misère, révoltes, brigandage, inégalités sociales, toute-puissance autoritaire du père de famille, du prêtre et du seigneur local. C'est pourquoi certains esprits européens ont appelé à la destruction de la culture paysanne tels, au XIXe, Jules Michelet et Gaston Crémieux. D'autres l'ont défendue telle qu'elle était, enfin, quelques-uns ont appelé à sa conservation tout en désirant lui faire bénéficier du progrès technique, des libertés accordées aux femmes et aux enfants et de la lutte contre les abus de l'aristocratie et du clergé. A ces derniers appartiennent Jean-Jacques Rousseau, Thoreau, Fourier, les frères Reclus, Proudhon, William Morris, Jean Grave et, plus récemment, Pentti Linkola et Alain de Benoist. Maintenue à son taux pré-industriel et dans son organisation traditionnelle, tout en jouissant des machines agricoles permettant de meilleurs rendements, sans l'emploi de pesticides et d'engrais chimiques, quelle utopie aurait pu être réalisée dans les campagnes européennes ! Hélas, les gouvernements en décidèrent autrement, et laissèrent les industriels vendre leurs machines aux propriétaires terriens les plus riches, poussant les paysans les plus modestes, propriétaires ou non, vers les usines des villes où la sinistre vie prolétaire les attendait. Exploités sans merci depuis l'enfance jusqu'à la mort, coupés de leur communauté d'origine et de leur terre, amnésiques de leurs coutumes et de leurs traditions, ils sombrèrent dans l'alcool et la délinquance, tandis que leurs droits se trouvaient défendus par le syndicalisme révolutionnaire, dont l'idéologie nihiliste aspirait à la destruction de la civilisation européenne. Entassés dans des logements insalubres, les ouvriers recevaient un salaire misérable en l'échange d'un travail harassant et dépourvu de sens. Si bêcher la terre n'est pas chose aisée, travailler le sol de ses ancêtres pour nourrir sa famille dignifie autant l'homme qu'effectuer la même tâche mécanique à laquelle il ne comprend rien l'humilie. Si les conditions de travail ont évolué depuis William Morris, notons toutefois que la France compte, chaque année, sept cents cinquante accidents de travail mortels, quatre mil cinq cents accidents graves avec handicap et sept cents mil avec arrêt. Cet exode rural, qui nourrissait l'industrie, a dépeuplé des régions entières, telle la Creuse qui perdit 80% de sa population au cours du XXe s. De même que les espèces disparues, les villages fantômes ne sont que la pointe d'un phénomène beaucoup plus profond (15). Les villes se sont ceinturées de rocades autour desquelles les banlieues s'agglutinent et se dilatent jusqu'aux villes péri-urbaines, les grandes surfaces se placent au niveau des échangeurs, empêchant la survie des commerces de proximité, le village meurt, les campagnes sont sillonnées de routes aux ronds-points diffusant vers les Z.A.C. et les villages désertés voient leurs abords plantés de quartiers à fort taux de délinquance.

 

La Destruction de la culture

 

Le Passé

  En rasant les vieux bâtiments, y compris de nombreux chefs-d’œuvre légués par nos pères, les modernistes insultent la mémoire de nos ancêtres, anéantissent les ornements de notre sol et détruisent notre identité. Le patrimoine gêne le capitaliste. Il gêne son autoroute, son usine, sa barre de logements. Nous laisserons de côté ce thème, qui sera amplement étudié dans notre prochaine critique positive, dédiée à l'ouvrage Saccage de la France de Georges Pillement.

 

L'Artisanat

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  Avant l'ère industrielle, tout objet ou bâtiment était réalisé de main d'homme. Chaque artisan appartenait à une corporation dépositaire d'une tradition dynamique, sans cesse enrichie dans un progrès constant. S'appuyant sur le savoir pour se hisser sans cesse plus haut dans la Beauté et la technique, l'art européen maintint le plus haut niveau jusqu'à l'ère industrielle. Jamais la discipline n'était appauvrie par le rejet de l'enseignement. Encore à la fin du XVIIIe, les compagnons allaient respectueusement étudier la vis de Saint-Gilles, escalier du Gard datant du XIIe et chef-d’œuvre de stéréotomie. La saine rivalité entre les corporations et les artisans prévenait tout laisser-aller, le chef-d’œuvre était le but de chaque ouvrage et liberté était laissée aux différentes corporations sous la maîtrise d'œuvre d'un architecte agissant tel un maître d'orchestre. Prenant modèle sur cet artisanat professionnel, l'humble paysan fabriquait lui-même chacun de ses objets. C'est ce qu'on s'est mis à appeler, à partir de la seconde moitié du XIXe, l'art populaire. De qualité inégale suivant la dextérité du fabricant, l'objet n'était toutefois jamais laid ni vulgaire, car il était le fruit du travail patient et sincère du père pour sa famille ou de l'amoureux pour sa belle. Le matériau était issu de la nature environnante et servait à la construction de la demeure, de l'enclos des bêtes et des objets du quotidien. La même esthétique et la même exigence réunissaient le battoir à linge et la cathédrale, le coffre rural et la commode royale. Seuls le talent et le niveau de complexité les séparaient, certes fortement. Cet art commun distinguait l'Européen de ses voisins. Qui s'exprimait formellement en classique, en gothique, en rococo ou en art nouveau était Européen. Source de beauté, de fonction et de fierté, toute création avait un sens. Elle enrichissait le monde d'une nouvelle œuvre, quel que fut son niveau d'utilité. Aux âges pré-industriels, tout ce que l'homme touchait, même la plus modeste corne à boire, présentait une beauté découlant de la nature environnante. Austère mélancolie hollandaise, ronces allemandes, mathématique abstraction toscane et répétitive régularité anglaise se retrouvent dans le moindre objet de chacun de ces peuples et résonnent dans leur âme comme un écho du sol. Le sang de la race est la sève de la terre. Enfin, le caractère et l'art de ces peuples européens présente une parenté commune plongeant ses racines dans une fertile profondeur historique remontant jusqu'au Paléolithique. Il n'est plus à démontrer que les étourdissants entrelacs germano-celtiques se trouvent déjà sur les mégalithes de New Grange ou de Gavrinis, au IVe millénaire avant notre ère, pour se retrouver dans l'art nouveau du début du XXe. Est-ce un hasard si l'art italien, si sèchement géométrique, est né sur la terre des Romains, peuple de soldats, d'ingénieurs et d'administrateurs ? La même symphonie mène de Lucius Junius Brutus et de Marc-Aurèle à Julius Evola, de Giotto à Giorgio de Chirico et de Vitruve à Piacentini, en passant par Brunelleschi et Palladio. Le même souffle provençal anime l'austère chapelle romane et la bastide du XVIIIe, balayée du même mistral, taillée du même calcaire, colorée du même soleil, une même âme les habite. La comparaison, pour ne citer qu'un exemple, de la Vénus de Laussel - plantureuse divinité portant corne d'abondance - qui a plus de vingt-cinq mil ans, avec n'importe quelle Déméter, Cérès ou allégorie de l'Abondance suffit à démontrer la fidélité de l'Europe à son langage formel, depuis l'origine de notre race jusqu'à l'entre-deux-guerres.

 

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  Mais cet art n'existe que sous certaines conditions, que l'industrie détruit. En transformant les paysans en prolétaires exploités, leur faisant perdre leurs coutumes, leurs solidarités, leur terre, leur indépendance et leur dignité, l'industrie enlaidit les abords des villes et les campagnes, créant logements insalubres et misère, délinquance et banditisme, déserts ruraux, villages abandonnés et cités-dortoirs. Enfin, en remplaçant les immeubles et les meubles, fabriqués manuellement dans un souci esthétique et pérenne, par des objets fabriqués en série dans un pur souci financier par des ouvriers effectuant une tâche répétitive et abrutissante, l'industrie retire tout sens au travail, toute dignité au travailleur et toute beauté à l'objet. Face à la concurrence déloyale du prix des objets industriels, l'artisan traditionnel se retrouve sans commande et au chômage. Lors de l'Exposition universelle de 1851, les visiteurs purent découvrir, horrifiés, la laideur du mobilier industriel auquel ils devaient désormais s'habituer. Refusant cette décadence - qu'on taxerait aujourd'hui de progrès - William Morris et ses amis pré-raphaélites fondirent une firme artisanale en 1861 qui se mit à produire un mobilier d'une grande élégance, donnant naissance au mouvement Arts and Crafts, qui est à l'origine de l'art nouveau. Comme les représentants de ce style, William Morris désirait que sa production artisanale fut au service du peuple. Il aurait pour cela fallut enrayer la révolution industrielle, ce dont personne n'était capable, et ses ouvrages restèrent au profit des classes aisées, tandis que le mobilier continuait à se dégrader jusqu'à devenir ce qu'il est aujourd'hui.

 

Les Beaux-arts

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  Si le constat de William Morris sur l'enlaidissement de l'Europe est amer, il est toutefois un domaine de l'esthétique dans lequel il reconnait un progrès constant : celui de la peinture. En cette année 1896, son ami John Everett Waterhouse vient de terminer son Hylas et les nymphes, et l'Angleterre, pour nous en tenir à la patrie de notre auteur, connaît les succès de John Atkinson Grimshaw et John William Godward, peintres magistraux. Mais cette discipline préservée, William Morris l'annonce, mourra à son tour si la révolution réactionnaire à laquelle il appelle échoue. Il promet, avec une incroyable lucidité, qu'un art réservé à une élite et déconnecté de son peuple est voué à l'asphyxie. Bientôt livré à lui-même, ce milieu d'artistes se laissera aller aux spéculations les plus libres, car le jugement du public lui sera devenu indifférent. Pis, il aura soin de provoquer le public, de le choquer pour conforter sa différence avec lui, c'est-à-dire son élitisme. Sans qu'il ne s'en doute, c'est exactement ce qui se préparait déjà, en France, depuis trente-quatre ans. Le jury du Salon de 1863 avait refusé trois mil tableaux sur les cinq mil proposés. Sensible aux protestations, Napoléon III ouvrit le Salon des refusés, où fut notamment exposé Le Déjeuner sur l'herbe de Manet, qui reprenait un vieux thème de la peinture européenne inventé par Titien, mais avec une technique si malhabile qu'elle déchaîna la critique. Plutôt que d'avoir honte et de poursuivre son apprentissage, comme l'auraient fait les artistes des générations précédentes, Manet et ses amis se défendirent, arguant que le public n'y comprenait rien, sans toutefois préciser ce qu'il y avait à comprendre à une peinture ne se distinguant de celles admises au Salon que par sa touche maladroite et son absence de maîtrise de la profondeur. L'idée plut, certains intellectuels opposés au régime - tel Emile Zola - instrumentalisèrent cette querelle artistique en querelle politique et prirent parti, par principe, pour le peintre et son groupe d'amis qui n'avaient pour point commun que d'être refusés au Salon. Ce furent les Impressionnistes, dont les croûtes suscitaient autant le rire du public et de l'Académie que l'intérêt de jeunes artistes excités par tout ce qui était novateur et mal vu. Cette stimulation juvénile pour la provocation est saine et a toujours existé en Europe. Elle a donné naissance au maniérisme, au courant caravagesque, au néoclassicisme, au romantisme, au réalisme, etc. Mais ces courants, chacun opposé à celui de la génération précédente, s'étaient toujours forgés dans une émulation esthétique avec l'art des vieux maîtres. Les élèves ne prétendant pas rejeter le Beau, mais l'atteindre par d'autres moyens, en prenant modèle sur d'autres modèles européens. D'ailleurs, ce renouvellement artistique de qualité par la jeunesse avait lieu en parallèle de l'Impressionnisme, au sein de l'Ecole des Beaux-arts dans les mouvements naturaliste et symboliste. Hélas, l'exemple des Impressionnistes fut suivi par de jeunes anarchistes qui, d'année en année, dégradèrent la peinture jusqu'à un niveau indigne du regard. En 1905, les Fauves exposèrent au Salon d'automne leurs toiles, inspirées par les dessins de leurs enfants âgés d'environ cinq ans, et provoquèrent scandale.

 

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  C'est alors que l'art européen subit les trois influences régressives qui l'anéantirent : celle des enfants avec le fauvisme, celle des primitifs avec le cubisme et celle des attardés mentaux avec l'art brut. Il est singulier de constater que ceux ayant choisi cette voie se sont eux-mêmes appelés progressistes tandis que leurs opposants, qui entendaient préserver le progrès constant de l'art occidental, se trouvèrent qualifiés de réactionnaires. Le public eut alors le choix entre être considéré comme ringard aux goûts bourgeois, ou de voir ses critères de jugement totalement bouleversés. Pour ces derniers, prêts à accepter n'importe quoi désigné comme œuvre d'art par les "avant-gardistes", Marcel Duchamp présenta, il y a exactement un siècle, un urinoir qu'il affirma être une sculpture. Depuis, l'art contemporain n'a que peu progressé, en témoigne le "sapin" de McCarthy, qu'un honnête passant a censuré comme il se devait.

 

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  Pour autant, l'année où Duchamp désignait les toilettes aux yeux égarés du public progressiste, plusieurs chefs-d’œuvre de l'art étaient encore créés en Europe, et le public comme les gouvernements les préféraient aux obscénités modernistes, qui ne rencontraient qu'un succès limité auprès d'une petite partie de la haute bourgeoisie. On n'a retenu que le rejet nazi de l'art dégénéré, on a oublié le parlementaire Jules-Louis Breton qui, durant l'entre-deux-guerres, proposait d'interdire l'exposition publique d'œuvres cubistes. Il suffit de regarder les lauréats du Grand Prix de Rome de l'Ecole des Beaux-arts de Paris pour constater que, jusqu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le jury continuait d'exiger une peinture figurative répondant à des thèmes puisés dans la mythologie, l'histoire antique et la Bible. On note toutefois une baisse de la qualité des rendus dès les environs de la Première Guerre mondiale. A mon sens, les deux derniers grands peintres que le système académique français ait produit sont Georges Leroux, premier Prix en 1906, et Jean Dupas, premier Prix en 1910. L'analyse des Grand Prix de sculpture pose le même constat : la qualité se dégrade au lendemain de la Première Guerre mondiale tout en restant satisfaisante jusqu'à la Seconde. En 1939, L'Esclave secouru de René Leleu est une œuvre, en 1953, L'Aube chasse la Nuit d'Alain Métayer est une honte. Tandis que la majeure part des critiques d'art et du public occidental, européen comme américain, riait des avant-gardes et soutenait l'art nouveau, le symbolisme, l'art déco et le naturalisme, la puissante famille des Rockefeller ouvrait le Museum of Modern Art de New-York, où les pires avant-gardistes - Cézanne, Picasso, Gauguin, Matisse, Rousseau, Braque, Malevitch... - étaient exposés. Les Etats-Unis sont une nation fondée par des Européens ayant fui l'intolérance religieuse de leur Vieux Continent. Durant l'entre-deux-guerres, voilà que des artistes subissaient l'intolérance esthétique de ce même continent, où tous les régimes rejetaient les avant-gardes de manière plus ou moins musclée. Il vint donc à l'esprit des propagandistes américains que la défense de cet art illustrerait mieux leur idéologie libérale que le réalisme américain des années Roosevelt. De plus, ce dernier style "social" convenait mieux à l'URSS, de laquelle les Etats-Unis cherchaient à se démarquer en tant que défenseurs du monde "libre". La CIA se mit immédiatement à financer le MoMA et ses expositions, notamment à l'étranger (16). Elle créa de nombreux faux journaux marxistes défendant l'art contemporain, alors que l'URSS le rejetait, afin de transformer la dangereuse subversion des marxistes occidentaux en inoffensive provocation. Pour résumer les choses : qu'un artiste peigne les figures de la révolution d'Octobre et milite pour la destruction du système capitaliste est dangereux pour le pouvoir financier et militaire américain ; qu'il défèque dans quatre-vingt-dix boîtes de conserve pour les vendre au poids de l'or, comme Piero Manzoni le fit en 1961, et qu'il milite dans un journal marxiste financé par la CIA et se bornant à la défense de l'art conceptuel, en contradiction avec les directives de Moscou, n'est qu'inoffensive provocation.

 

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  L'art contemporain fut un point de discorde entre Moscou et les gauchistes de l'Ouest, qui perdirent de vue leurs revendications politiques au profit de revendications "artistiques". Créer et contrôler sa propre contestation fut le génie de l'Amérique, qui en stimula même son économie, "l'underground" étant un fort lucratif domaine de l'industrie capitaliste. La CIA conditionna ses aides financières internationales à l'accueil d'expositions d'art contemporain américain. Ce n'est pas un hasard si les grands musées d'art moderne ouvrirent en Europe peu après l'aide du plan Marshall, ni si l'enseignement des écoles des Beaux-arts de notre continent devint avant-gardiste à la même époque. Lorsqu'en 1968 André Malraux mit fin au Grand Prix de Rome, il ne faisait qu'achever un système déjà pourri. Le dernier Grand Prix de Rome en peinture étant Joël Froment, peintre abstrait des plus puérils. Le pavillon américain de toutes des biennales de Venise fut financé par le MoMA avec l'argent de la CIA entre 1954 et 1962 (17). Aujourd'hui, tous les Etats européens se sont convertis à l'art contemporain, et les commandes publiques comme les expositions officielles ne concernent plus que lui. Le problème ne se limite pas à sa vulgarité, sa laideur ou son insignifiance, il crée également, pour la première fois dans l'histoire de l'art occidental, une rupture entre le peuple - largement hostile à l'art contemporain - et le pouvoir. Cette crise, comme le prévoyait William Morris, annonce un inéluctable renversement du pouvoir au profit d'une civilisation unifiée. Athéna, faites que ce soit la nôtre et non celle des mahométans, auxquels nous ne pouvons nier puissance et cohésion.

 

Conclusion

Ce panorama de la destruction de l'Europe n'a pas pour dessein de décourager l'identitaire, l'amoureux de la Beauté et de la Civilisation, mais de lui faire connaître la gravité de la situation. Car on ne règle aucun problème à l'ignorer. A celui et celle qui veut sauver l'Europe, il est interdit de faire comme le novice qui, dans ses premiers combats de boxe, ferme les yeux à chaque coup. L'ennemi est clairement identifié, car derrière les perturbateurs endocriniens, la disparition des espèces, l'immigration massive, la pollution, la destruction des monuments historiques et de la tradition artistique, et d'autres problèmes dont nous n'avons pas parlé comme l'élevage industriel et sa cruauté, la malbouffe et l'américanisation des mœurs, se cache l'activité capitaliste industrielle. L'autre ennemi de la civilisation européenne lui est étranger : il s'agit de l'islam mais, loin d'en minimiser l'importance, là n'est pas notre propos. Nous devons être lucides sur les menaces pesant sur notre identité. Certes, le tableau est effrayant, et plus d'un siècle et vingt ans après l'appel lancé par William Morris, la situation a empiré de manière ahurissante. C'est aujourd'hui ou jamais qu'il faut lutter, l'Europe ne survivra pas à un demi-siècle de ravages supplémentaire. Est-il déjà trop tard ? Peut-être, il n'empêche que, tant que nous lutterons, l'Europe survivra. Car comme le dit si justement Dominique Venner : "Exister, c'est combattre ce qui me nie."

 

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Pour le SOCLE

 

  • Le péché originel de la modernité, destructrice de la Nature et de la Civilisation, est le confort. Un retour aux vertus austères et frugales des anciens peuples antiques européens est indispensable pour notre survie.

 

  • L'appât du gain, qui est le corollaire de cette quête de confort, a poussé les industriels à renoncer à toute forme de moralité. Regroupés en "lobbys" et habilement passés à la tête des principaux médias, ils ont développé une idéologie, appelée progressiste, condamnant comme réactionnaire, passéiste, voire fasciste, quiconque s'oppose à leur nuisible activité. Nous, partisans de la renaissance européenne, rejetons ce progressisme comme étant à l'opposé du réel progrès que les érudits des siècles passés avaient pour utopie.

 

  • L'Europe est décadente. Outre notre militantisme, nous devons refuser le mode de vie que l'industrie capitaliste nous propose, car il ramollit notre race et enlaidit notre Nature. Nous devons privilégier, autant que faire se peut, la nourriture produite par de petites exploitations paysannes européennes travaillant de manière traditionnelle. Nous devons rejeter les grandes marques, les grandes surfaces et les "fast-food", nous habiller en Européens et vivre en Européens.

 

  • L'Art est l'ornement de la société. Il est l'un des arguments les plus convaincants pour la survie de notre civilisation à qui est dépourvu de piété filiale. Nous devons donc le protéger, en soutenant, par exemple, les associations de protection patrimoniale telles que Sites et monuments, Momus, la Sauvegarde de l'Art français, etc. Si certains des nôtres se sentent l'âme artiste, ils ne doivent pas non plus s'empêcher de faire survivre l'art européen par leurs mains.

 

  • Le terme de réactionnaire qui nous est attribué est malheureux. La civilisation européenne a toujours été dynamique. Elle a connu un progrès constant dans les domaines des arts, des sciences et de la technique, et c'est ce progrès que nous appelons Civilisation que nous voulons défendre contre la décadence artistique et morale de l'Europe.

 

 

Notes et références bibliographiques:

(1) : William Morris fait l'objet d'une présentation dans la section Figures tutélaires de notre site.

(2) : Juvénal est le virulent auteur des Satires. Rédigées au Ier siècle, elles dénoncent avec humour les mœurs dégénérées de ses contemporains et l'immigration asiatique chassant les Romains des postes à responsabilité. Juvénal n'a de cesse de mettre en contraste les anciens Latins virils, austères et barbus à ses contemporains efféminés, pervers, corrompus et avares.

(3) : Selon une enquête réalisée en 2003 par l'Institut français de l'environnement.

(4) : Swiss Federal Institute of Technology Zurich, « Swiss Glacier Monitoring Network » [archive], Variations of Grosser Aletschgletscher.

(5) : selon une étude publiée en 2014 par Ecology letters.

(6) : Global Health Observatory Data Repository - Join effects of air pollution - Deaths by region.

(7) : Ces médicaments sont, entre autres, le finastéride, qui provoque l'impuissance sexuelle chez 1,1 à 18,5% de ses utilisateurs mâles, la pousse des seins chez 2,2% et la modification de la fonction sexuelle chez 2,5%, il est utilisé contre la calvitie masculine, l'hypertrophie bénigne de la prostate, le cancer de la prostate et l'hirsutisme ; la cyprotérone, utilisée dans les pilules contraceptives ; la spironolactone, utilisée contre l'hypertension, la calvitie féminine, l'hirsutisme et pour transformer un homme en transexuel ; le flutamide ; le niultamide ; le bicalutamide ; le bexlostéride ; l'izonstéride ; le turostéride , etc.

(8) : Les PCB ont été inventés au début du XXe pour servir d'isolants électriques, on les retrouve dans les transformateurs électriques, les condensateurs, les fours à micro-ondes, les isolateurs, les adhésifs, les peintures, les papiers autocollants, etc. Ils se retrouvent dans la nature lorsque des bactéries les oxydent. Les phtalates sont des plastifiants se dégradant avec le plastique auquel ils sont intégrés. Utilisés depuis cinquante ans, ils sont très présents dans les emballages alimentaires. Les composés organochlorés sont fort utilisés dans les pesticides et ont empoisonné toute la nature européenne. La triazine est utilisée dans la fabrication de résines et dans les herbicides. Les pyréthrinoïdes sont utilisés dans les insecticides. Les tributylétains sont utilisés dans les pesticides, le traitement du bois, les peintures marines, etc. Les alkyphénols se trouvent dans les détergents, les carburants, les lubrifiants, les parfums, les résines, etc. Les agents ignifuges bromés se trouvent dans les vêtements en plastique, les isolants, les peintures, les appareils électriques, les produits de traitement du bois, les matériaux de rembourrage, les moquettes, etc. Le bisphénol A est massivement présent dans le plastique, notamment celui qui tapisse l'intérieur des canettes et des boites de conserve, dans les billets de banque et les tickets de caisse, dans les lunettes de soleil et les barquettes alimentaires, les bouteilles d'eau et de jus de fruit. En France, ils sont présents dans neuf biberons sur dix, comme nous l'apprend Le Nouvel observateur du 25 septembre 2008.

(9) : Programme Endocrine disruption in the marine environment (EDMAR), entamé en 1998.

(10) : J Auger, J M Kunstmann, F Czyglik, P Jouannet, « Decline in semen quality among fertile men in Paris during the past 20 years », The New England journal of medicine, vol. 332, no 5,‎ 2 février 1995.

(11) : Skakkebaek NE, Rajpert-De Meyts E, Main KM. Testicular dysgenesis syndrome : an increasingly common developmental disorder with environmental aspects. Hum Reprod 2001 ; et Kester MHA, Bulduk S, Tibboel D, et al. Potent inhibition of œstrogen sulfotransferase by hydroxylated PCB metabolites : a novel pathway explaining the œstrogenic activity of PCBs. Endocrinology 2000.

(12) : Migrants in Europe - A statistical portrait of the first and second generation [archive], Eurostat, décembre 2011.

(13) : Il convient d'anéantir une bonne fois pour toute cette idée aussi absurde que répandue. Les églises européennes se sont engagées, à partir du renouveau de l'architecture au IXe siècle, dans une course à la hauteur sous voûte. Trente mètres pour l'abbatiale de Cluny entre 1088 et 1130, trente-sept pour Saint-Etienne de Bourges en 1225, quarante-deux et trente centimètres pour Notre-Dame d'Amiens en 1230, quarante-sept pour Saint-Pierre de Beauvais vers 1340, etc. Cette élévation n'étant que le fruit de l'expérience des maîtres maçons, le résultat de l'empirisme, et nullement de calculs mathématiques.

(14) : Triste : une étude de Santé publique France a répertorié trois cents suicides d'agriculteurs pour la seule année 2010-2011, soit un taux 20% supérieur à la moyenne nationale. Vieille : selon l'Agricultural census 2010 de l'Eurostat, 30% des agriculteurs de l'UE ont plus de soixante-cinq ans, 77% plus de quarante-cinq ans et seulement 8% moins de trente-cinq. Malade : leur profession les expose aux pesticides, biocides désinfectants et nitrates, facteurs de cancers.

(15) : Les villages fantômes abandonnés au cours de l'exode rural sont innombrables en Europe. Pour la Provence, citons Augès, Beaudument, Châteauneuf-lès-Moustiers, Chénerilles, Courchons, Creisset, Douroulles, Esclangon, Lagremuse, Levens, Mariaud, Le Poil, Saint-Symphorien, Trévens et Troins ; pour les Alpes, Châtillons-le-Désert, Chaudun, Clausonne, Pomet, Saint-Cyrice ; pour le Piémont, Avi, Connio Vecchio, Rivarossa ; pour la Ligurie, Balestrino et Bussana Vecchia ; pour les Pyrénées, Périllos ; pour l'Auvergne, Issandolanges ; pour la Basilicate, Craco, etc. Déserts ou squattés par des migrants, ils sont la coquille vide d'une Europe qui, arrachée de sa carapace, rampe sans défense au milieu d'ennemis. Comme exemple de village déserté par sa population traditionnelle au profit de migrants, citons Riace, en Calabre, que le maire a livré aux Afghans et aux Erythréens.

(16) : Eva Cockcroft, Abstract Expressionism, weapon of the cold war, in Art Forum n°12, juin 1974, pages 39-41.

(17) : Frances Stonor Saunders, Who paid the piper ? the CIA and the cultural cold war, Granta Books, Londres, 1999.

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