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La vision dionysiaque du monde

« L'Europe ne se fera qu'au bord du tombeau » est une des plus fameuses prophéties de Nietzsche. Mais peu savent que pour le philosophe de la grande santé, le monde hellénique se fit lui aussi au bord de la tombe. La confrontation d'Apollon et de Dionysos faillit plonger la Grèce dans l'abîme. Mais ce fut le génie grec que d'associer les deux Dieux et les visions antagonistes de l'existence qu'ils portaient. Et, bien loin de sombrer, c'est par ce dépassement des antagonismes, par cette harmonie des contraires que le monde hellénique fit montre de la plus extraordinaire des vitalités, accord sublime entre force de la volonté et tragique du devenir. A l'heure où l'Europe menace de s'écrouler sous le poids de ses contradictions, Nietzsche nous conjure de méditer l'exemple grec. Non seulement une nouvelle Renaissance est toujours possible, mais en plus est-elle prête à advenir. A nous Européens d'assumer l'ensemble de notre héritage et des composantes fondant notre civilisation.

 

Gwendal Crom, pour le SOCLE

 

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Nietzsche tient une place particulière dans le cœur de nombreux païens. Au-delà du contempteur du christianisme que le SOCLE préfère ne pas retenir, la pensée nietzschéenne a ceci de puissant qu’elle renoue avec notre plus longue mémoire dans ce qu’elle a d’intemporel et de premier. Éternel retour, volonté vers la puissance, esprit tragique, refus de tout arrière-monde, vision aristocratique de l’existence sont des clés que le penseur de la modernité européenne, le contempteur du nihilisme naissant partage avec ceux qui voient dans leurs Dieux « le mirage des exemplaires les plus réussis de leur propre caste, partant un idéal, et non le contraire de leur propre être » (Humain, trop humain. 114) 1. Nietzsche, le « disciple de Dionysos » comme il aimait à se définir et qui souhaitait être enterré « en honnête païen », Nietzsche qui se lamentait que deux mille ans aient passé sans qu’aucun nouveau Dieu n’ait vu le jour était un penseur de l’ici et du maintenant. Tout comme son disciple Clément Rosset qui s’est éteint il y a quelques jour, il rejetait les illusions morales ou métaphysiques au profit de l’ici-bas, qui selon lui seul existe. D’où cette philosophie de la grande santé, du combat comme de l’amour, du tragique au sens le plus pur du terme qui l’animait et l’électrisait jusqu’à ce que le philosophe ne devienne pure foudre un 3 janvier 1889.

Cette grande tension qui ôta la raison à Nietzsche était et est toujours dans la nature même de l’Europe. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Nietzsche se définissait d’abord comme un Européen. Cette tension, cette pluralité de sentiments, d’énergies qui traversent l’Europe, Nietzsche nous en entretient au travers de La vision dionysiaque du monde 2. Selon la thèse défendue dans cet ouvrage, le déferlement de Dionysos en Grèce avait constitué un péril mortel pour cette dernière. Ce sera le génie grec d’avoir su incorporer la puissance dionysiaque, d’avoir réalisé une synthèse entre Apollon et Dionysos qui devint le fondement du génie grec et qui trouvera sa plus haute expression dans la Tragédie. Comme le rappelle Lionel Duvoy en préface de l’ouvrage, La vision dionysiaque du monde fut rédigée en juillet 1870 alors qu’étaient déclenchées les hostilités entre la France et la Prusse. Mais contrairement à ce qui se passa pour la Grèce antique, l’antagonisme que présentait l’Europe moderne au travers de ses deux composantes française et allemande ne va plus trouver de catharsis au travers de l’art mais au travers de la guerre. Les hommes et leurs représentations ne se métamorphosent plus, ne se transmutent plus qu’au travers de la guerre. Les paysans deviennent soldats, les étudiants deviennent officiers, les riches bourgeois deviennent industriels de l’armement. Ce déchirement et ce besoin de synthèse européens, Nietzsche les vécut dans sa chair. On se rappellera les propos très durs que le philosophe a pu avoir sur l’esprit allemand et au contraire, l’amour de l’esprit français dont il fit montre : « Par la résurrection du grand latinisme stoïque, les Français ont continué de la façon la plus digne l’œuvre de la Renaissance. Ils passèrent, avec un succès merveilleux, de l’imitation des formes antiques à l’imitation des caractères antiques : ce qui leur confère à tout jamais un droit aux distinctions les plus hautes, car ils sont le peuple qui a donné jusqu’à présent à l’humanité nouvelle les meilleurs livres et les meilleurs hommes » (Le Voyageur et son Ombre 3 pages 346, 347 et 352).

Cette grande synthèse, ce dépassement des antagonismes nationaux par une harmonie des contraires qui renouvellera la vitalité de l’Europe, nous Européens l’attendons encore. C’est ainsi que contemplant la confrontation franco-allemande, Nietzsche nous invite à méditer l’exemple grec d’Apollon et de Dionysos, leur féconde confrontation. Féconde tant que l’un ne prendrait pas l’ascendant sur l’autre, voir ne le détruirait pas. C’est hélas la victoire d’Apollon qui survint avec la consécration du monde intelligible que le platonisme d’abord, le christianisme ensuite, portèrent sur les fonts baptismaux. C’est donc à ce polythéisme des valeurs que nous invite le disciple de Dionysos, que ce soit par la confrontation interne propre au paganisme, ou par la confrontation entre paganisme et christianisme. Il faut bien comprendre que si Nietzsche ne cachait l’animosité qu’il éprouvait envers le christianisme, il n’en souhaitait pas la destruction. Il voyait en lui une école de pensée, une école de vie, opposée à la sienne certes, mais c’est cette opposition et bien d’autres qui pourraient à ses yeux assurer la vitalité et la fécondité de l’Europe. Il suffit pour s’en convaincre de voir que c’est bien l’opposition entre des écoles de philosophies concurrentes qui assura la grandeur et la richesse de la pensée hellénique. Qu’aurait été la philosophie si les Grecs n’avaient été que, par exemple, stoïciens ? Les grandes périodes de l’Europe furent des temps de confrontations et non des temps de dogmatisme monolithique. Nous devons vouloir le combat. Non la guerre totale mais une danse des épées dont la finalité est l’harmonie. Non au sens d’une paix totale et éternelle mais d’un équilibre. Car pour Nietzsche, l’Europe arrive au bout de plus de deux mille ans de platonisme, c’est-à-dire de rejet du monde sensible au profit du monde supra-sensible dont le produit terminal est le nihilisme. Il convient donc de retrouver une nouvelle harmonie. Cela se fera par le conflit et le dépassement des contraires. C’est l’harmonie des contraires chère aux Anciens. On rappellera enfin que c’est tout naturellement que la déesse Harmonie est fille d’Arès et d’Aphrodite.

 

Apollon et Dionysos, dieux des Arts

Apollon, dieu des arts plastiques, du rêve (c’est-à-dire des représentations oniriques), de la belle apparence, de la beauté a toujours fasciné l’esprit des Européens. Dieu jeune et beau, rayonnant, il est à bien des égards l’incarnation de la perfection telle que nombre des nôtres se la représentent. Dieu des représentations oniriques donc des réalités supérieures, transcendantales, et donc dieu oraculaire « il faut que le dieu de la belle apparence soit également celui de la vraie connaissance » nous dit Nietzsche. Pour autant, pour ne pas se perdre dans le mysticisme, que les interprétations ne soient pas biaisés par le jeu des émotions, Apollon doit également être le dieu de la mesure, de la maîtrise de soi « son œil doit être d’un calme solaire ». Ce calme et cette beauté qui rassurent et qui donnent un sentiment de paisible éternité à celui qui contemple le Dieu donnent aussi à contempler l’ensemble du monde avec la même sérénité rêveuse. Nietzsche nous dit dans La vision dionysiaque du monde que le rêve est le jeu de l’homme avec la réalité et que le rôle de l’artiste apollinien durant l’antiquité est de jouer avec le rêve lui-même. Ce qu’il faut comprendre c’est que par ses productions artistiques (comme par exemple par la statuaire divine), que l’artiste apollinien va fixer ou tout du moins influencer les perceptions des hommes qu’ils ont de la réalité et donc la manière dont ils joueront avec. C’est-à-dire la manière dont ils la rêveront et la concevront.

Au contraire, l’art dionysiaque repose sur le jeu avec l’ivresse, avec l’extase que permettent entre autres les instincts printaniers et la boisson narcotique nous dit le philosophe. L’art dionysiaque promeut l’éclatement du principe d’individuation, donnant aux hommes la possibilité de renouer avec la nature, avec les autres hommes, avec l’universel. Et contrairement au rêve qui est le jeu de l’homme avec la réalité, dans le cas de l’ivresse c’est la nature qui joue avec l’homme. L’artiste dionysiaque jouant avec l’ivresse, il travaille « un argile plus noble, un marbre plus précieux » : l’homme lui-même.

Analysons maintenant ce que nous dit Nietzsche de l’arrivée du culte de Dionysos dans le monde hellénique. Au-delà du simple aspect cultuel, il faut garder à l’esprit que cette introduction aura des influences sur l’ensemble de la vie culturelle des hellènes. Comme dit précédemment, l’arrivée de Dionysos en Grèce constitua un péril mortel pour les peuples hellènes. Les principes du Démembré sont aux antipodes de ce que préconise l’Hyperboréen. Là où Apollon renvoie aux mondes supérieurs, Dionysos nous confronte à l’ici-bas. Là où Apollon est mesure, Dionysos est déferlement, explosion, déchirement. C’est pourtant Apollon qui va sauver Dionysos de sa lacération asiatique : « Cette source a jailli d’Asie : mais en Grèce, il fallait qu’elle devint fleuve, parce qu’elle y trouva la première fois ce que ne lui offrit jamais l’Asie, la sensibilité et la capacité de souffrir la plus incandescente, unie à la plus délicate sagesse et à la plus fine perspicacité ». Car il ne faut pas voir Dionysos (pas uniquement tout du moins) comme le dieu des plaisirs débridés, des déferlements printaniers ou de l’hédonisme (même bien compris). En faisant éclater le principe d’individuation, en mettant directement en contact l’homme avec le monde, c’est-à-dire en déchirant le voile de la belle apparence, Dionysos révèle que l’existence n’a point de but, point de sens accessible aux sens de l’homme, à sa raison. Dionysos est un dieu tragique qui célèbre la vie aussi bien pour sa beauté que pour son absurdité. C’est un dieu qui célèbre l’existence dans son entièreté, pas uniquement pour ses bons côtés. C’est un dieu par-delà bien et mal.

Et seul un peuple de haute tenue, capable de la plus grande souffrance comme de la plus grande joie, donc de la plus grande beauté pouvait supporter la vérité tragique qu’incarne Dionysos. On comprend mieux pourquoi Dionysos est le dieu « démembré » (principe d’éclatement), pourquoi il est le dieu de la tragédie, pourquoi Nietzsche en faisant la plus haute figure divine existante. On comprend enfin le parallèle entre la Grèce et l’antagonisme franco-germain, pourquoi Nietzsche le démembré se disait Européen.

 

La naissance de la Tragédie

On sera donc tenté de voir dans Apollon la transcendance, le monde des idées et chez Dionysos l’immanence, le monde sensible (on comprend ici aussi pourquoi Nietzsche se dit disciple de Dionysos et non des deux Dieux à la fois). Comme nous l’avons vu précédemment, pour Nietzsche, le monde apollinien de la beauté s’oppose au final à celui de la vérité. La vérité y a pour limite celle posée par la belle apparence (page 43) : « Même si le culte plastique de la civilisation apollinienne s’exprimait dans le temple, dans la statue ou dans l’épopée homérique, son but suprême résidait dans la recherche éthique de la mesure, dont l’évolution est parallèle à la poursuite esthétique de la beauté. En effet, la mesure, comprise comme postulat, n’est possible que lorsque la borne, la limite est reconnaissable. Pour pouvoir garder ses limites, on doit les connaître : d’où l’adage delphique connais-toi toi-même. Mais le miroir dans lequel seul le Grec apollinien pouvait se voir, c’est-à-dire se connaître, était le monde divin olympien : il y reconnaissait son être le plus propre, mais enveloppé de la belle apparence du rêve. La mesure, sous le joug de laquelle évoluait le nouveau monde divin (contre l’univers déchu des titans), était celle de la beauté : la limite que le Grec devait observer, celle de la belle apparence. Mieux, la plus intime finalité d’une culture tournée vers la beauté et la mesure ne peut être que la dissimulation de la vérité : le chercheur infatigable, tout à son service, se voyait exhorté, de la même façon que le titan surpuissant, au rien de trop préventif. Dans la figure de Prométhée, la réalité grecque se vit montrer l’exemple de l’action pernicieuse exercée par l’exigence démesurée de la connaissance humaine, sur celui qui exige comme sur ce qui est exigé. Celui qui veut faire face aux dieux avec sa sagesse, doit, comme Hésiode avoir la mesure de sa sagesse ». 

 Et c’est Dionysos qui va faire exploser la notion de limite, de mesure pour accéder à la notion de vérité pleine et entière. Vérité tragique, à la fois source d’effroi et de joie, car privée de sens profond, qui n’est pas le reflet d’une volonté qui lui serait extérieure et qui la fonderait. Vérité tragique que seul un peuple capable de la plus grande souffrance et de la plus grande vitalité pouvait contempler dans l’ivresse que lui offrait le dieu Dionysos. Mais contrairement au rêve et à la mesure apollinienne qui l’accompagne, rêve dont la fin est sans conséquence (puisque mesure et calme solaire sont prescrits par le Dieu), la fin de l’ivresse, qui n’était pas simple connaissance mais sensation aigüe de la nature du monde, lors de sa dissipation ne laisse derrière elle que le malaise, le dégoût pour le monde présent. L’homme garde en lui la vision de l’absurdité de l’existence.

Ce fut l’esprit apollinien européen qui sauva les Grecs de cette lacération asiatique évoquée par Nietzsche (page 46) : « On atteint la plus dangereuse limite que la volonté hellénique pouvait tolérer avec son principe fondamental optimiste – apollinien. Elle agit ici sans délai, par sa force de guérison naturelle, pour faire courber l’échine à cette tonalité négatrice : son remède fut l’œuvre d’art tragique et l’idée du tragique. Son projet ne pouvait consister à étouffer complétement la condition dionysiaque, ni même à l’écraser : une soumission directe n’était pas possible, et quand bien l’eût-elle été, l’affaire aurait été bien trop périlleuse, car l’élément contenu d’un côté dans son débordement, se frayait un chemin de l’autre, et s’infiltrait dans toutes les veines de la vie. Il s’agissait surtout de sublimer cette pensée dégoutée de la terreur et de l’absurdité de l’existence, dans des représentations grâce auxquelles on se maintient en vie : ce sont le sublime comme maîtrise artistique de l’horrible, et le comique comme déversement du dégoût de l’absurde.»

Voilà ce qui doit être compris lorsque l’on parle de dépassement des antagonismes par l’harmonie des contraires. Le but de l’art tragique n’est pas de se mêler à la vérité dionysiaque mais de la voiler dans la belle apparence apollinienne. C’est un équilibre entre beauté et vérité. Il y a jeu avec l’ivresse mais pas immersion en elle. Les Européens ne doivent pas chercher une voie médiane, neutre entre deux pôles ou privilégier l’un par rapport à l’autre. Une harmonie se fait par définition entre plusieurs éléments. 

 

Le monde tragique

Les deux grands auteurs tragiques sont Eschyle et Sophocle nous dit Nietzsche. Le premier pour qui hommes et Dieux « demeurent au sein de la plus étroite communauté subjective », le second pour lequel la gratuité et le caractère impénétrable de l’existence comme de la justice olympienne fondent le sublime de l’existence. On retrouve ici les deux grands piliers du rapport païen au monde : parenté des hommes et des Dieux instituant la divinité de l’homme 4 et vision tragique de l’existence source de la vitalité des Européens 5.

Mais quelle réponse apporter face à la connaissance de l’inanité de l’existence. Quelle solution pour l’expression de la volonté ? Ici aussi la vérité dionysiaque n’est plus entière car entremêlée avec la belle apparence apollinienne : « l’apparence n’est plus perçue comme apparence mais comme symbole, comme signe de la vérité ». L’inanité de l’existence n’existe elle aussi plus que comme apparence. Désormais nous dit Nietzsche « la vérité est symbolisée ».

« Où cela nous mène-t-il ? » sera-t-on ici tenté de dire. Comment accorder les mouvements de la volonté, nos sentiments et nos instincts à un monde devenu vérité-symbole ? Voulons-nous seulement d’un tel monde ? A cette dernière question, Nietzsche répondra toute sa vie de philosophe durant. Le refuser, c’est vouloir trouver refuge dans les consolations morales. C’est un mouvement de la volonté qui porte un nom : nihilisme. Au contraire, les Grecs nous dit Nietzsche, firent le pari de continuer à cheminer aux côtés d’Apollon et de Dionysos. Ce qui devait alors accompagner la volonté dans son mouvement et sa transmission devait être quelque chose « qui possède la puissance de l’apparence et ramène sa force au rang de symbole ».

Ce quelque chose, c’est la musique. Car si la peinture et la sculpture imitent le symbole, et permettent donc sa transmission entre les hommes, elles n’agissent qu’en tant qu’apparence, qu’en tant que représentation. Le médium (c’est-à-dire transmetteur, intermédiaire) sonore, permet l’expression des mouvements de la volonté au travers de la rythmique et de la dynamique tandis que son être même s’incarne dans l’harmonie (page 61) : « Tandis que la rythmique et la dynamique sont encore en quelque sorte les versants extérieurs de la volonté, habituellement révélée dans le symbole, et qu’elles portent encore quasiment en elles-mêmes le caractère de l’apparence, l’harmonie, elle, est le symbole de l’essence pure de la volonté. Dans la rythmique et la dynamique, le phénomène isolé doit par conséquent encore être caractérisé comme phénomène, de ce point de vue la musique peut être développée comme un art de l’apparence. Le résidu qui ne se soumet pas à l’analyse, l’harmonie, parle de la volonté à l’extérieur et à l’intérieur de toutes les formes phénoménales, et n’est pas seulement une symbolique du sentiment, mais une symbolique du monde. Dans sa sphère, le concept est totalement impuissant ». Dans le dithyrambe de printemps qui réunit à la fois médium du geste et médium du son, ce sont à la fois le génie de l’espèce et le génie de l’existence en-soi, la volonté qui sont exprimés par l’un et l’autre respectivement. On revient à l’enseignement de Jean-François Gauthier de l’Institut Iliade 6, et à la volonté vers la puissance de Nietzsche, cette volonté de rejoindre une grandeur collective et qui est le fondement des frises de Phidias comme de la polyphonie. On comprend enfin que l’art n’a pas pour but de glorifier ce qui se situe au-dessus de nous. Il va bien au-delà. L’art est partie intégrante de la réponse au mystère de l’existence. C’est cette volonté du beau qui sauva les Européens de cette lacération que connurent les peuples asiatiques suite à la révélation tragique. En définitif, la recherche du Beau, c’est ce qui permet d’accorder les mouvements de la volonté et le tragique du devenir.

 

 

Pour le SOCLE:

 

L’existence est le siège de forces, de puissances bien souvent antagonistes qui portent chacune une part de la Vérité, de la nature du monde. Il n’y a pas de solution univoque au mystère de l’existence. Voilà pourquoi Nietzsche nous invite à :

 

  • Penser le monde comme accord sublime entre force de la volonté et conception tragique du devenir.
  • Rechercher la grandeur collective et son sentiment, chose que seule permet l’Art.
  • Apprendre à penser par antagonismes (ou associations) et par leur dépassement dialectique : individu et cosmos, raison et sentiment, beauté et vérité, représentation et volonté.
  • Comprendre que l’Europe ne se fera que sur cette volonté de dépassement de nos antagonismes, non par l’arasement mais par l’assumation de l’ensemble de nos composantes.
  • Rechercher le Beau encore et enfin, est ce qui fait de nous des Européens et est un des piliers de notre salut.

 

 

Bibliographie:

1. Humain, trop humain. Friedrich Nietzsche. LGF

2. La vision dionysiaque du monde. Friedrich Nietzsche. Éditions Allia

3. Le Voyageur et son Ombre. Friedrich Nietzsche. FB Éditions

4. Critique positive de "Comment peut-on être païen" d'Alain de Benoist. Gwendal Crom. Le SOCLE

5. Critique positive de "La philosophie tragique" de Clément Rosset. Gwendal Crom. Le SOCLE

6. La polyphonie du monde. Jean-François Gautier. Colloque Iliade 2015

 

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