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Histoires - Livre IV: Melpomène, par Hérodote

L'étude du livre IV d'Hérodote nous montre que la notion d'Europe, tant d'un point de vue géographique qu'ethnique est déjà pertinente au Ve siècle avant notre ère. Nous verrons également que l'Oural, loin d'être une frontière arbitraire de l'Europe, sépare l'Europe de l'Asie lorsque l'on considère les peuples qui y vivent de part et d'autre.

 

Structure de l’œuvre: Nous avons divisé notre critique positive en trois parties, assez simplement géographiques. Melpomène traite principalement de la résistance du peuple scythe contre l'envahisseur perse. Notre première partie étudiera donc ce peuple, ses origines, ses coutumes et sa religion. Notre deuxième se penchera sur les peuples situés à l'Ouest des Scythes : Gètes, Cynètes et Hyperboréens. Enfin, notre dernière partie sera consacrée aux nombreux peuples européens situés à l'Est des Scythes.

 

Gaspard Valènt, pour le SOCLE

La critique positive de Melpomène au format .pdf

 

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Hérodote, "Donné par Héra" en grec, est un homme dont on connaît assez peu la vie, mais que la postérité a retenu comme le "père de l'Histoire", suivant le surnom donné par Cicéron. Né vers 484 av. J.-C. à Halicaransse, en Carie, et mort à Thourioi, en Grande Grèce, vers 420 av. J.-C., il suit sa famille à Samos à l'âge de quinze ans pour fuir les représailles qui s'abattent sur les conjurateurs contre le tyran Lygdamis. Il parcourt ensuite les trois continents connus, se rendant en Afrique du Nord, en Europe de l'Est et au Proche-Orient, voyages dont il rendra compte dans ses Histoires, aussi appelées Enquêtes, dont nous allons commenter ici les données ethnographiques du Livre IV. De retour à Halicarnasse en 454 av. J.-C., il participe à l'insurrection qui renverse le tyran, mais doit fuir pour éviter les persécutions contre son parti. Il se rend à Athènes, alors dirigée par Périclès, dont il partage les idées politiques. Sophocle lui dédie un poème et devient son ami. Au cours des jeux olympiques, il fait lecture de certains extraits choisis de son ouvrage, ce qui produit une émotion générale. Thucydide, encore très jeune, aurait pleuré. Dans l'enthousiasme, les Grecs qui semblent entendre un homme parler sous l'inspiration des Muses consacrent chacune des neuf parties de l'ouvrage à l'une d'elles. Celle dont nous allons faire commentaire l'est à Melpomène, Muse de la Musique, du Chant et de la Tragédie. Nous l'avons choisie parce qu'elle est la plus ancienne source littéraire directe de renseignements sur les peuples de l'Europe orientale. A la fin de sa vie, Hérodote s'engage dans sa dernière aventure en embarquant sur  un navire parti fonder le port de Thourioi, dans le golfe de Tarente. C'est là qu'il met la dernière main à ses écrits et qu'il meurt. Il raconte, dans ses Histoires, avec forces digressions, le récit de la guerre entre les Grecs et les Perses, de l'origine du différent entre les Orientaux et les Occidentaux à la reprise par les Grecs de la péninsule de Gallipoli, considérée comme la dernière terre orientale de l'Europe. Aussi intéressant que cette guerre soit, nous nous sommes ici attachés aux renseignements strictement ethnographiques du texte, pour tenter de dresser une cartographie des peuples de l'Europe orientale au Ve s. av. J.-C.

 

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Territoire scythe



Les Scythes

Leur Origine
Hérodote débute ce Livre par la description du turbulent peuple des Scythes. Originaires du cours supérieur de la Volga, ils descendirent jusqu'en Crimée d'où ils chassèrent les Cimmériens, qui durent se réfugier sur la côte méridionale de la mer Noire, au VIIe s. av. J.-C. Menés par leurs chefs Iskapay et Partatua, les Scythes s'emparèrent de tout le Proche-Orient, qu'ils derobèrent aux Mèdes et aux Assyriens, et y régnèrent en maîtres pendant vingt-huit ans, pillant notamment la Judée et la Mésopotamie. Ils pénétrèrent même en Egypte, achetant leur départ au pharaon Psammétique Ier. Après cette domination, qui s'apparente plutôt à un raid d'une trentaine d'années, les Scythes rentrèrent chez eux, en Ukraine. Mais leur absence prolongée avait lassé leurs épouses, qui s'étaient reproduites avec leurs esclaves. Ces derniers, et les nombreux enfants nés de ces unions, prirent les armes contre leurs anciens maîtres qui, refusant de les traiter comme leurs égaux, rangèrent leurs arcs et leurs lances pour sortir leurs fouets, qu'ils firent claquer en marchant face à eux d'un air courroucé. Cela suffit pour mettre en fuite l'armée d'esclaves et ramener les Scythes dans leurs foyers, où ils pardonnèrent à leurs épouses. Hérodote, qui a vécu parmi eux, introduit ainsi sa descritption du peuple scythe. Ce dernier prétend descendre de Targitaüs, fils de Zeus, et d'une fille du dieu-fleuve Borysthène, l'actuel Dniepr, qui traverse toute l'Ukraine. Il eut trois fils : Lipoxaïs, Arpoxaïs et Colaxaïs. Un jour, une charrue, un joug, une hache et une soucoupe d'or tombèrent du ciel. L'aîné s'approcha pour s'emparer de la soucoupe, mais celle-ci était incandescente, Arpoxaïs subit le même échec, mais le cadet, Colaxaïs, la saisit alors qu'elle s'était refroidie. Ses deux frères lui donnèrent l'entièreté du royaume scythe. Les descendants de Lipoxaïs furent appelés les Auchates, ceux d'Arpoxaïs les Catiares et les Traspies et ceux de Colaxaïs les Paralates. Tous se reconnaissent comme Scolotes, les Grecs les appellent Scythes et les Perses Sakas. Cette soucoupe d'or incandescente et tombée du ciel semble bien être un météorite. Il était gardé par l'héritier mâle du descendant direct de Colaxaïs, et l'objet de grands sacrifices annuels. Hérodote affirme que cette origine des Scythes eut lieu mille ans avant la pénétration des armées perses sur leur territoire, ce qui nous place aux environs de l'an 1500 av. J.-C..

 

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Tombes de pierre dans la steppe ukrainienne (Kamennye Mogily)

 

Si l'on recoupe cet élément chronologique et les données géographiques d'Hérodote avec les connaissances archéologiques actuelles, on tombe en pleine culture de Srubna, aussi dite culture des tombes à charpente. Elle se situait du Nord de la mer Noire au Nord de la Caspienne et descendrait, selon Doloukhanov, de la culture de Yamna, qui s'étendait du Nord de la mer Noire au Nord de la Volga du XXXVIe au XXIIIe s. av. J.-C., ce qui correspond exactement au mouvement des Scythes décrit par notre auteur. L'archéologie a révélé que ces cultures étaient l'oeuvre de cavaliers nomades de type européen pratiquant le sacrifice animal et l'inhumation sous ocre, dans des tumuli que l'on appelle kourganes. Les études paléogénétiques ont demontré que la culture de Yamna était liée à la diffusion, au cours du IIIe millénaire, de la céramique cordée et des statues-menhirs que l'on voit se multiplier de l'Ukraine à la Méditerranée occidentale au début de l'âge du Bronze. Elle est aussi la première à pratiquer l'inhumation avec char et chevaux sous tumulus, que l'on retrouvera souvent chez les peuples indo-européens. Cela en ferait les candidats privilégiés du fameux peuple proto-indo-européen. Une étude de leur génome menée en 2015 a conclu que la contribution ancestrale de la culture de Yamna va de 40 a 54% chez les Européens modernes du Nord et du Centre, et de 20 a 32% chez ceux du Sud, à l'exclusion des Sardes et des Siciliens, pour lesquels ce taux est respectivement de 7 et 11%. C'est ce qu'on appelle l'apport ancien nord eurasien du profil génétique européen. Cette culture de Yamna, ou de la céramique cordée, ou des haches de combat, serait à l'origine des peuples scythes, germains, baltes, slaves et peut-être même celtes. Elle descend elle-même de la culture de Samara, sur le cours moyen de la Volga, entre 5500 et 4800 av. J.-C., que l'archéologue Gimbutas considère comme le foyer des Indo-européens. La culture de la céramique cordée prend effectivement sa source en Sibérie, où l'on retrouve ce système décoratif dès le XIIIe millénaire av. J.-C., on le retrouve ensuite en Ukraine, en Baltique et en Finlande, puis dans toute l'Europe. Revenons-en aux Scythes, qu'Hérodote décrit  comme roux aux yeux gris. Deux siècles plus tard, Callimaque les dit blonds, un siècle plus tard, Zhang Qian les dit blonds aux yeux bleus, au IIe s., Pline l'Ancien les décrit comme roux aux yeux bleus, et le théologien Clément d'Alexandrie, blonds, le philosophe Polémon, blonds ou roux aux yeux bleu-gris. Gallien dit qu'ils sont roux, au IVe s., l'historien Ammien Marcellin les décrit comme grands, blonds et aux yeux clairs, enfin, Grégoire de Nysse dit qu'ils ont le teint clair et les cheveux blonds.


Leurs Coutumes
Hérodote rapporte les coutumes violentes du peuple scythe, que notre Grec juge trop sanglantes. Les hommes scythes portent les scalps de leurs ennemis sur leur cheval et boivent le sang du premier qu'ils tuent. Ils gardent plusieurs coupes faites de sommets de crânes et boivent dedans. Chaque année, le chef de leur tribu organise une grande fête où tous les hommes ayant tué au cours de l'année boivent du vin dans les mêmes coupes, ceux n'ayant point tué sont honteusement assis à l'écart et ne peuvent prendre part au banquet. Lors de leurs traités, les Scythes versent du vin dans une coupe de terre, avec un peu du sang des deux hommes, y trempent une épée, une lance, des flèches et une hache, prononcent une longue prière, boivent une partie de la coupe et servent le reste a leurs proches. La nécropole funéraire de leurs rois se trouve dans le pays des Gerrhes, tribu de Scythes royaux, au-dessus de Kiev, à l'extrémité septentrionale de la Scythie. Ils sont enterrés sous de hauts tumuli avec leurs chevaux et leurs serviteurs. Les Scythes s'ennivrent au cannabis qui pousse naturellement chez eux. Un immense vase d'airain constitue le monument a leur gloire, il fut réalisé par leur roi, qui demanda à chaque Scythe d'apporter une pointe de flèche afin qu'elle soit fondue en ce récipient, placé entre le Boug et le Dniepr, au centre de l'Ukraine. Enfin, les Scythes sont d'excellents orfèvres. Leurs nombreux ornements, réalisés dans l'or, sont ornés d'un vocabulaire animalier réservant une place privilégiée au renne, animal sacré. Parfois stylisé, parfois naturaliste, cet art est l'un des deux ancêtres, avec les volutes mégalithiques, à notre avis, de l'art animalier germanique qui se développera un millier d'années plus tard.

 

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Art scythe

 


Leur Religion
Les trois Dieux que les Scythes invoquent le plus sont Hestia, Zeus et Gaïa. La triade sacrée. Viennent ensuite Apollon, Aphrodite-Uranie, Héraclès et Arès. Il convient de s'arrêter sur cette Aphrodite-Uranie, Uranie étant le muse de l'astrologie et de l'astronomie, il semble que nous soyons en présence d'une divinité féminine à caractère sexuel et astral, telle l'Astarté des peuples nomades du Proche-Orient. Tous les Scythes reconnaissent cette septante de dieux, mais les Scythes royaux sacrifient aussi à Poséidon. Hestia est appelée Tabiti, déesse du feu, elle est la reine des Scythes et renvoit au culte que les populations aryennes - mèdes et perses notamment - rendaient a cet élément. Zeus est appelé Papaeus, car il est leur ancêtre. Gaïa est Apia; Apollon, Oetosyros; Aphrodite-Uranie, Artimpasa; ce qui confirme son analogie avec Astarté; et Poséidon, Thamimasadas. Mais seul Arès bénéficie de statues, d'autels et de temples. On repense à nos statues-menhirs figurant des guerriers, dont les Scythes n'ont jamais arrêté la production. Ils sacrifient de nombreux animaux et particulièrement le cheval. Leurs temples a Mars sont des collines artificielles au sommet desquelles chaque tribu scythe plante une vieille épée de fer, sur laquelle ils font des libations de sang. Les devins sont nombreux et prédisent l'avenir en le lisant dans les baguettes de saule qu'ils jettent au sol a la manière des mikados. Les Enarées sont des hommes efféminés tirant leurs pouvoirs magiques d'Aphrodite. Ils pratiquent la divination en lisant dans les fissures de l'écorce de tilleul. A noter que les Aryens d'Inde réservent également une place aux individus n'étant ni des hommes ni des femmes, on les appelle les Hijras et l'hindouisme orthodoxe leur confère un puissant pouvoir sacré découlant de Krishna. Les Enarées servent encore de médecins et de juges.



Les Peuples situés à l'Ouest des Scythes


Les Gètes
Ayant décidé de subjuguer les Scythes, Darius se rendit en Europe en passant par l'actuelle Roumanie, où il vainquit les Gètes. Les Gètes sont la plus septentrionale des tribus thraces et la seule à ne s'être pas rendue. Ce peuple farouche croit au dieu Zalmoxis, qu'ils rejoignent sous terre à la fin de leur vie. Parfois, l'un des leurs part quêter ses sages conseils en descendant plusieurs années au fond d'une grotte profonde, ou en se suicidant. Pour eux, la mort n'existe pas, elle n'est qu'un passage vers le monde de Zalmoxis. Aussi ne le craignent-ils pas et sont-ils incapables de faire preuve de lâcheté. Les Thraces sont un peuple de langue indo-européenne sur substrat pélasge, ce qui en fait des vieux Européens indo-européanisés. Ils vivent sur les actuels territoires de la Bulgarie et de la Roumanie.


Les Cynètes
En remontant le Danube, Hérodote rencontre les Agathyrses, qui vivent le long d'un de ses affluents, au niveau de l'actuelle Serbie. Ils portent quantité d'ornements d'or et, selon Pline et Ammien Marcellin, se teindraient le corps et les cheveux en bleu. Les Thraces sont les suivants, puis viennent les Celtes, qui vivent à sa source, ce qui est exact puisque l'origine de cette civilisation est Hallstatt, dans les Alpes autrichiennes. Il mentionne ensuite le peuple des Cynètes, situé à l'ouest des Celtes et dernier d'Occident. Leur nom réapparaît dans la littérature antique pour désigner un peuple du Sud du Portugal. Strabon, dans sa Géographie, rédigée aux alentours de l'an 0, nous apprend que le coin de l'Espagne à l'Ouest du promontoire Sacré, c'est-à-dire des colonnes d'Hercule, est appelé Cuneus. Au IIe s., les Ibériques d'Appien (chap. X, 57) nous apprennent que leur grande ville, Conistorgis, fut prise par les Lusitaniens, chassés par les Romains. Il les appelle les Cunéens.


Les Hyperboréens
Les Déliens affirment que les offrandes envoyées par les Hyperboréens à leur sanctuaire d'Apollon transite de peuple en peuple, en passant par les Scythes, enveloppées dans de la paille de froment. Les prêtres du sanctuaire oraculaire de Zeus à Dodone sont les premiers Grecs à les recevoir. La première de ces offrandes fut apportée en personne par les deux vierges hyperboréennes Laodicé et Hypéroché, accompagnées de cinq Hyperboréens. Les jeunes Déliens et Déliennes coupent leurs cheveux avant leur mariage, les entortillent autour d'un brin d'herbe et les déposent sur le tombeau de ces vierges Hyperboréennes sur lequel a poussé naturellement un olivier.

 

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Apollon hyperboréen, Dieu de lumière et d'ordre



Les peuples situés au Nord et à l'Est des Scythes

Les Peuples de l'Ukraine
Hérodote oppose souvent les points de vue pour tenter de comprendre une réalité qu'il ne peut vérifier, soit qu'elle soit trop éloignée dans le temps, soit qu'elle le soit dans l'espace. Après avoir dit que les Scythes prétendent qu'au Nord de leur royaume s'étend celui des neiges, il rapporte le poème épique Arimaspées d'Aristée de Proconnèse, prêtre d'Apollon Hyperboréen du VIIe s. av. J.-C.. Ce dernier, inspiré par Phébus, se serait rendu chez les Issédons, peuple nomade installé dans le désert du Taklamakan, à l'extrême Ouest de la Chine actuelle, qui lui auraient parlé du peuple des Arimaspes, situé plus au Nord. Ces derniers n'auraient qu'un seul oeil et seraient blonds, selon Callimaque, qui écrit au IIIe s. av. J.-C.. Encore plus au Nord vivraient les Griffons, gardiens de l'or, puis les Hyperboréens, qui s'étendraient jusqu'à la mer. L'auteur de tout cela, Aristée de Proconnèse, est un personnage étrange, mourant puis rescussitant trois cents quarante ans plus tard dans la cité de Métaponte pour apprendre aux citoyens qu'il suit désormais Apollon sous la forme d'un corbeau, et leur demander d'ériger une statue en l'honneur du dieu. Mais Hérodote a du mal à porter foi à ces histoires de seconde main, Aristée n'ayant pas poursuivi au Nord des Issédons. Aussi notre auteur remonte-t-il lui-même le cours du Boug méridional, et rencontre-t-il les Callipides, qu'il décrit comme des Gréco-Scythes, puis les Alazons, ces deux premiers peuples étant des Scythes agriculteurs, puis les Scythes laboureurs et, enfin, les Neures qui, dit-on, se changent en loups une fois l'an. On se souvient ici de l'importance que le loup-garou conservera dans le folklore moldave et roumain. Le Dit de la campagne d'Igor, rédigé au XIIe s., raconte l'histoire du prince biélorusse Vseslav le sorcier, rus' de Kiev, qui se changeait en loup à la nuit tombée. A l'Est des Neures habitent les Androphages, qui mangent la chair humaine. Nous sommes dans le cours supérieur du Dniestr, soit en Biélorussie, en Ukraine nord-orientale et à l'Ouest du bassin de la Volga. Les Taures habitent au Sud de la Crimée, les Scythes cultivateurs la Crimée et les Scythes nomades l'Ukraine jusqu'au fleuve Gerrhus, actuel Molotchna, à l'est duquel vivent les Scythes royaux, qui sont les plus braves et les plus nombreux et regardent les autres Scythes comme leurs esclaves. Ils habitent la plaine du Don.

 

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Les Maris, peuple d'Europe resté fortement païen

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Les Finno-Ougriens de Russie
Au Nord vivent les Melanchlaenes, peuple nullement scythe que l'on doit situer au Sud de Moscou. Il ne peut que s'agir des Finnois de la Volga, qui portent pour noms ceux de Mechtchériens, disparus lors de la russification au XVIe s., de Mériens, qui sont en pleine renaissance identitaire, de Mouromiens, de Mordves, chez lesquels Gérard Depardieu est parti s'installer, et de Maris. Ces deux derniers peuples ayant le mieux conservé leur religion et coutumes traditionnelle. A leur Nord, nous dit Hérodote, ne vivent personne. A l'Est du Don se placent les Sauromates, rattachés au rameau aryen des Indo-européens. Il s'agirait d'un mélange de Scythes et d'Amazones, peuple guerrier au sein duquel les femmes possèdent une place privilégiée. On pense immédiatement aux Kurdes actuels, peuple indo-européen dont les études génétiques ont révélé qu'il descendait pour partie du Caucase. Or, c'est là que se situent nos Sauromates.  Au Nord sont les Budins, dont le corps est entièrement peint de rouge et de bleu. Ils ont acceuilli une communauté de Grecs qui a construit la ville de Gélonos. Les Gélons sont agriculteurs et sédentaires et les Budins nomades et chasseurs. Il pourrait s'agir de proto-Bulgares, qui vivaient au Nord de la mer d'Azov à ce moment. Au Nord-Est vivent les Thyssagètes, aux sources du Don, vers l'actuel oblast de Toula, où l'on a retrouvé de nombreux kourganes. Les Lyrques, également chasseurs, leurs seraient contigus. A l'Est se sont installés des Scythes ayant fui le joug des Scythes royaux. Enfin viennent les hautes montagnes, que l'on reconnaît comme la chaîne de l'Oural.

 

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Selon Hérodote, au-delà de l'Oural s'arrête l'Europe et les peuples européens

 

Sur ses contreforts vivent les Argippéens, qui logent sous des tentes blanches et sont considérés comme sacrés. Ils ne portent pas d'armes, personne ne les insulte et leurs voisins les prennent comme arbitres dans leurs différents. Quiconque persécuté dans sa patrie trouve dans la leur un asile inviolable. Il pourrait fort bien s'agir des Khantys, finno-ougriens restés païens et vivants sur les contreforts de l'Oural. Ou encore des Permiens, finno-ougriens ayant donné naissance aux actuels Komis et Oudmourtes, qui sont tous roux. Mais Hérodote nous dit qu'ils sont chauves, au nez aplati et au menton allongé, ce qui nous évoque les déformations crâniennes pratiquées par certains peuples d'Europe orientale et d'Asie centrale tels les Alains, les Huns, les Goths, les Alamans, les Avars, les Burgondes et les Francs, mais surtout par les anciens peuples baltes et sibériens, et notamment les Huns. Il semble que ces derniers fussent les descendants des Xiongnu, or, les recherches les plus récentes ont abandonné l'hypothèse suivant laquelle ce peuple serait turc ou mongol, au profit d'une origine soit finno-ougrienne, les apparentant aux Khantys, soit aux Iénisséiens, dont les Kets constituent aujourd'hui le dernier groupe. Admettons que le profil colle bien. Les Iénisséiens appartiennent, avec les Kamtchadales, les Youkaguirs, les Nivkhes et les Tchouktches, aux Paléo-Sibériens. Les Argippéens prétendent que les montagnes de l'Oural sont peuplées d'hommes aux pieds de chèvre, ce en quoi notre Grec ne prête pas foi. Toutefois, la mention d'hommes à l'apparence radicalement différente, si elle est fantaisiste, se confirme dans la réalité puisque, au-delà de l'Oural, vivent les populations turques. Ici finit donc l'Europe, qui se dote ainsi d'une frontière tant géographique qu'ethnique. Tout au Nord, les Argippéens parlent d'un peuple dormant six mois de l'année, ce qui est une référence évidente à la nuit polaire et renvoie au peuple samoyède. Les langues samoyèdes sont le second rameau des langues ouraliennes, dont le premier est constitué des finno-ougriennes. La question du peuple Proto-Ouralien est la même que celle du peuple Proto-Indo-Europeen. N'entrons pas dans les détails, mais deux foyers sont actuellement considérés comme ceux d'origine du peuple Proto-Ouralien : les montagnes de l'Oural et la Mandchourie néolithique, au contexte culturel particulièrement riche. C'est notamment là qu'apparaît la figure du dragon.

 



Pour le SOCLE

 

  • Hérodote nous apprend que la notion d'Europe est déjà vieille au Ve s. av. J.-C., et qu'elle est bonne. Citons-le : "J'admire d'autant plus ceux qui ont décrit l'Afrique, l'Asie et l'Europe, et qui en ont déterminé les bornes, qu'il y a beaucoup de différences entre ces trois parties de la terre..."

 

  • L'Europe se compose de peuples unis chacun par un sentiment identitaire, une langue, une religion, une terre, un sang, des coutumes et des reliques communs.

 

  • Ces peuples luttent pour le maintien de leur indépendance et le respect de leurs ancêtres, ils opposent des résistances locales à l'invasion impérialiste de la puissance perse.

 

  • Enfin, l'ethnologie nous apprend qu'il existe encore des peuples européens, notamment en Russie, vivant comme au temps d'Hérodote. Certains d'entre eux, tels les Mordves et les Maris, sont d'ailleurs en plein mouvement réactionnaire de retour à la forêt et aux vielles traditions païennes.

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