Pierre Pujo, né en 1929 et mort en 2007, fils de Maurice Pujo, cofondateur de la Revue d'Action française aux côtés de Charles Maurras (en 1899), était un journaliste, essayiste, patron de presse, homme politique et, sans surprise, militant royaliste français. Sans doute à la fois désireux de s'insérer socialement et de servir son pays, il a mené une double-carrière, dans la banque d'un côté, cadre conformiste par excellence, et dans la presse réactionnaire de l'autre, en dirigeant le journal des étudiants de la Restauration nationale, AF Université, de 1962 à 1966, l'hebdomadaire Aspects de France, puis le bimensuel L'Action française 2000. En 1988, il publie, aux éditions France-Empire, un livre intitulé La Monarchie Aujourd'hui (un bouquin royaliste publié chez un éditeur nommé France-Empire, allez comprendre). L'objet de cet ambitieux ouvrage est simple : à l'occasion du Millénaire capétien, survenu en 1987, et du Bicentenaire de la Révolution, prévu pour 1989, sonder le rapport du milieu intellectuel français à l'idée monarchique, comme l'avait fait Charles Maurras, en 1900, avec son insurpassable Enquête sur la Monarchie.
Félix Croissant, pour le SOCLE
La critique positive de La Monarchie Aujourd'hui au format .pdf
Pierre Pujo a donc recueilli les points de vue de cinquante-huit personnalités, fort diverses, dont cinq membres de l'Académie française, à travers trois questions concernant l'Ancien Régime, la Révolution, et la possibilité d'une restauration monarchique dans la France actuelle. La première : « 1984 est l'année du millénaire capétien. Quel jugement portez-vous sur le passé monarchique de la France ? » ; la deuxième : « En 1989 sera fêté le bicentenaire de la Révolution. Quelles sont à vos yeux les différences essentielles entre cet anniversaire et celui de l'accession au trône de Hugues Capet ? » ; et la troisième : « Aujourd'hui, la Monarchie vous parait-elle adaptée aux besoins de la France contemporaine ? ». Parmi ses correspondants, tantôt républicains, tantôt royalistes, on compte George Bordonove, Jean Cau, Pierre Debray (oncle de Régis), François Georges Dreyfus, Maurice Druon, Edgar Faure, Olivier d'Ormesson (cousin de Jean), Maurice Schumann, l'inénarrable Vladimir Volkoff, et… Léon Zitrone. Beaucoup de monde, plus ou moins illustre, et généralement pas tout jeune. Pour tout dire, deux de ses interviewés auront rendu l'âme AVANT MÊME la parution du livre. Mais nous autres, au Socle, savons apprécier la sagesse de l'âge.
Les réponses ont été d'une grande diversité, certains correspondants s'avérant de hargneux antirépublicains, d'autres se s'affirmant d'entrée républicains et fondamentalement opposés à la restauration du pouvoir royal… pour de plus ou moins molles raisons. Mais s'il y a un point où tout le monde s'est entendu, c'est le bilan positif du passé monarchique français. La majorité d'entre eux ont souligné l'union du peuple et du roi qui a présidé au travail séculaire du pays, le rôle joué par la Loi salique, qui a offert à la France une dynastie vraiment nationale contrairement à bien des monarchies voisines, et l'illustre rôle de la religion catholique, qui n'a pas empêché nos rois, bien que sacrés, de garder la France à l'abri de toute dérive théocratique. Et inversement, l'ensemble des correspondants, comprenant donc les républicains, a critiqué plus ou moins vertement la Révolution, qui a accentué les divisions des Français, engendré une grande instabilité politique, provoqué tragédies sur tragédies, et consacré le triomphe des puissances d'argent parfois apatrides (Pujo citera les propos que tint le ministre d'État Jules Guesde à la Chambre des députés : « La République a un roi, et ce Roi, c'est Rothschild » !). Face à ces drames, les royalistes ont souligné que la Monarchie permet d'avoir un vrai chef de l'État, et donc une salutaire continuité, et garantit le mieux la préservation des intérêts nationaux. Les républicains ont-ils eu quelque chose à répondre à cela ? Une alliance sacrée des deux camps s'y montre-t-elle possible ?
Au cas où il serait nécessaire de le préciser, en sa qualité de recueil d'opinions, La Monarchie Aujourd'hui ne produit pas un propos parfaitement cohérent ou harmonieux. Mais son auteur, orléaniste convaincu et fervent patriote, a su éclairer l'ensemble de sa lumière propre et y apporter une unité grâce à des analyses plus ou moins critiques qu'il a rédigées en conclusion de chaque intervention.
Un contexte « moderne »
Fustel de Coulanges a écrit : « L'histoire imparfaitement observée nous divise ; c'est par l'histoire mieux comprise que l'œuvre de conciliation doit commencer ». Le livre de Pierre Pujo est rempli de réflexions dont la variété fait la richesse, et les trois questions couvrent des sujets aux implications si vastes que Pujo aurait pu en tirer dix tomes. Par exemple, la question du bilan des Capétiens suscite, tout au long du livre, des assertions parfois contradictoires quant aux origines de la France : on la situe tantôt en 451 avec la victoire, face aux Huns d'Attila, du général Aetius, entouré des Wisigoths, Armoricains, Francs, Burgondes et troupes gallo-romaines, considéré par les historiens comme « le dernier des Romains », et par Maurice Druon comme « le premier des Français » ; tantôt en 496 avec le baptême de Clovis et la création du royaume Franc sur le territoire de la France actuelle ; tantôt en 843 avec le partage de l'empire carolingien par le Traité de Verdun ; tantôt en 888 avec le sacre du roi Eudes, premier vrai roi de la dynastie capétienne puisque celle-ci descend de la robertienne ; tantôt en 987 avec le couronnement d'Hugues Capet et le début de la dynastie capétienne ; tantôt en 1124 avec l'appel aux Français de Louis VI face à l'invasion germanique, date à partir de laquelle la royauté exerça un rôle national ; tantôt en 1214 avec la bataille de Bouvines, qui marqua le mariage d'un roi avec son peuple… Sujet passionnant, mais sur lequel nous ne nous arrêterons pas, car tel n'est pas celui du livre ; son sujet, c'est l'identité.
Quand sort La Monarchie Aujourd'hui, à l'été 1988, l'Assemblée nationale a été dissoute par François Mitterrand trois mois plus tôt, et le résultat des législatives a imposé à la gauche de composer avec l'opposition : on appelle ça la cohabitation, marquée par un tournant libéral qui ne se dit pas. Le 30 du même mois, Monseigneur Lefebvre a été excommunié par l'Église catholique romaine pour avoir refusé d'entrer dans danse festive du modernisme. L'antiracisme, un des symptômes du fameux « sida mental » de Louis Pauwels, monte en puissance dans l'espace médiatique. Le monde change. Mais les Français en ont marre. Ils aspirent au calme. Ils aimeraient un temps mort, quitte à sortir un moment de l'histoire. C'est pourquoi ils voient d'un bon œil la cohabitation Mitterrand/Chirac : si deux hommes aussi éloignés en idées et en caractères peuvent cohabiter, peut-être est-ce le signe que le pays pourrait retrouver sa stabilité depuis si longtemps perdue ? Un temps, le premier donne l'impression de prendre une hauteur bienveillante. Cette posture d'arbitre réconforte, et inspire aux royalistes les plus candides le sentiment que leurs compatriotes aspirent, eux aussi, à une figure paternelle située au-dessus de la cacophonie régressive du jeu politicien. Certains considèrent même comme une monarchie non héréditaire la Vème république du Général de Gaulle, avec sa primauté du président de la République ou encore son abaissement du Parlement… Autant dire que ces derniers croient déjà effleurer la restauration des doigts.
Pour le Socle, l'auteur de ces lignes a consacré à la monarchie française un décent nombre de critiques positives relayant les innombrables qualités que lui trouvent ses défenseurs, de l'inévitable Charles Maurras au contemporain Yves-Marie Adeline, mais rares ont été les ouvrages aussi stimulants à ce sujet que celui de Pierre Pujo, pourtant peu évoqué aujourd'hui, sinon tombé dans l'oubli. Son inscription dans la France moderne, bien que vieille de trente ans, lui donne un surcroit de pertinence. Après tout, les ouvrages sur le génie du royalisme, si brillants fussent-ils, finissent généralement par caler face à la problématique de la faisabilité de la restauration. Vous avez les arguments du passé, vous avez la théorie, vous avez le ou les candidats, vous nous avez convaincu, nous sommes emballés, et maintenant, quoi ? En admettant qu'elle soit possible, une telle œuvre serait à ce point titanesque qu'on ne sera pas trop de soixante cerveaux pour travailler à sa théorisation la plus… pratique. Sans jamais se rencontrer, ces cinquante huit hommes de lettres et d'esprit qu'interroge Pujo fournissent quelques munitions supplémentaires à ceux qui désespèrent de ne pouvoir y croire.
Critique de la monarchie
Le livre est, sans surprise, fourni d'éloges de la dynastie capétienne, à laquelle le sacre, « religion de Reims » comme disait Ernest Renan, a donné un prestige inégalé, et de l'œuvre qu'elle nous a construite. Quand vient son tour de répondre, Arthur Conte, homme politique et écrivain spécialisé en histoire, écrit que « l'histoire des rois de France est une fabuleuse épopée dont le fleuve a la plus modeste source : un groupe de chevaliers élisant un roi, dans une sombre forêt et sans horizon. » Ce panache sera dans bien des plumes. L'œuvre de la dynastie capétienne, c'est cette monarchie, autochtone, protectrice contre le danger extérieur, libératrice à l'intérieur, symbole de toutes les familles se retrouvant dans la famille-chef, ce « chêne royal » selon Jean Cau, menée parfois avec virtuosité, toujours avec ferveur par ses rois, garants de l'unité nationale, gardiens des institutions de l'État, hérauts de l'ordre et de la justice, consciences des nations, espérances des peuples… et arbitres suprêmes. L'unité monarchique permettait à un homme, élevé dans les raisons du pouvoir, de parachever l'œuvre commune à ses ancêtres, qui devenait ainsi l'œuvre des siècles.
Les rois de France, ce sont les fils d'une même dynastie, catholique, populaire, et surtout… héréditaire, car elle le meilleur moyen de fonder un loyalisme, transmise au fils le plus âgé, système qui permet à un pays de s'incarner politiquement dans une famille, apporte la durée, et tient en ordre la classe économique – quel esprit censé ne rêve pas de cela, aujourd'hui ? Il y a dans tous les pays de monarchie héréditaire un charisme de la couronne qui n'existe pas là où le chef de l'État est soumis à l'élection. N'est-ce pas ce qui donne à un pays son caractère, au fil des siècles ? À la question du jugement qu'ils portent sur le passé monarchique de la France, les correspondants de Pierre Pujo répondent d'une même voix qu'« Hugues Capet a conçu la France », et que ses descendants l'ont bâtie, en dépit des « multiples obstacles qui se sont dressés devant eux, particularismes et susceptibilités provinciales, résistances inhérentes au système féodal, entreprises armées des féodaux indépendantistes, ambitions hégémoniques des empereurs germaniques », comme le rappelle Aimé Bonnefin, professeur d'histoire dans l'Algérie française… La question délicate de la féodalité, que l'on peut à la fois voir comme une force motrice du royaume de France et comme une entrave que la royauté a eu de compréhensibles raisons d'éliminer, reviendra constamment dans le livre, comme dans n'importe quel ouvrage de réflexion sur la Monarchie. Ce qui est certain, c'est que l'hérédité est ce grâce à quoi la France a formé une nation unie, possédant une conscience commune, contrairement à des puissances comme l'Autriche, au final état-mosaïque de territoires s'ignorant tout au mieux. « La réussite de la France, écrit Édouard Boulogne, philosophe issu d'une famille installée en Guadeloupe depuis le XVIIème siècle, ne fût possible que dans la mesure où l'œuvre fut une entreprise familiale, c'est-à-dire responsable, capable de mémoire et de prévision, pour qui toute erreur se paie non seulement pour le monarque, mais pour sa famille et sa descendance. » La famille, mot qui reviendra lui aussi souvent. « La famille dans la commune, la commune dans la province, la province dans le royaume : voilà la mesure et l'ordre », enchérit Yves Chiron, alors jeune historien spécialisé en histoire religieuse. On comprend bien que ce n'est pas une question de puissance sur les choses et les petites gens, mais de forte et permanente responsabilité de l'un à l'égard des autres. Le passé monarchique capétien est une longue histoire rurale. Il s'est toujours agi de combattre côte à côte, le roi et nous, pour défendre notre pays face au péril étranger. « C'est la vertu de la piété filiale qui mène au patriotisme, écrit Hugues Kéraly, ancien rédacteur en chef du journal Présent, c'est-à-dire à la défense et à la prospérité du territoire reçu. » Famille, piété filiale… que des choses qui parlaient aux « petites gens », et à raison. Plus ont lit sur les rois capétiens, plus on réalise combien auront eu en commun pragmatisme, don d'adaptation, patience, ténacité, continuité, toutes vertus typiquement françaises et rappelant le bon sens paysan. Un correspondant de Pujo évoquera même la tradition sociale des rois de France datant de Robert le Pieux, dont nous n'aurons pas le temps de traiter ici – dans une prochaine critique, peut-être.
Parce que la « vraie tradition est critique », dixit Maurras, les plus ardents royalistes interrogés par Pujo ont su faire leur autocritique. Un peu obligés : après tout, c'est elle qui a cédé en 1789, en 1830, et en 1850. « La Monarchie n'a pas su s'adapter à l'esprit du temps », écrit Jean-François Bazin, homme politique issu de Science Po à l'époque où cela signifiait quelque chose ; « elle s'est perdue en s'isolant », suggère l'immense biographe de rois Georges Bordonove. Mais en prenant bien soin de ne pas ménager le lecteur républicain : ici, pas de procès de l'absolutisme. Des critiques, oui. Mais nombre de correspondants s'accordent pour dire que c'est par MANQUE d'absolutisme que la Monarchie a sombré. Il est vrai que la Révolution n'est pas tant née d'une révolte contre un excès d'autoritarisme, que d'une défaillance d'autorité au sommet de l'état ! Comment parler d'absolutisme quand on a Louis XVI l'affable horloger au pouvoir ? Louis XVI, seul roi capétien à n'avoir pas été soldat, soit dit en passant. Louis XVI, lui-même gagné par les idées libérales, rappelle Pujo. Certains correspondants rappellent tout de même que la royauté n'est pas restée les bras croisés à ne rien faire. Qu'elle a essayé de corriger le tir, avec de nombreuses réformes à partir de Louis XV. « La Monarchie devait s'adapter à un monde qui avait évolué », insiste Guy Coutant de Saisseval, un des membres fondateurs du mouvement Restauration National, dans ce sens qu'il en aurait fallu, simplement, plus. Plus d'ouverture, plus de réformes. Nombre de correspondants, dont certains d'apparence intransigeante, vont jusqu'à louer la flexibilité monarchique. Pujo suggère lui-même que l'on aurait pu faire « la toilette de l'Ancien Régime » au lieu de l'abattre. La monarchie de Louis XVI, réformiste, s'est heurtée à la mauvaise foi de manipulateurs. Au lieu d'une évolution sage et intelligente qui eût conduit la France vers des changements utiles et constructifs pour l'amener vers les temps modernes et l'industrialisation, nous avons eu un bain de sang plus ou moins prémédité. Quelques opinions discordantes s'efforcent, à l'occasion de la première question sur le bilan capétien, de mettre le doigt sur le moment où ça a déraillé. On retrouvera pas mal de thèses déjà lues ailleurs, comme dans la suggestion de Maurice Torrelli, professeur de droit international, qui situe la « fêlure initiale de la Monarchie française » à « la révocation de l'Édit de Nantes, en 1685, dont la violence a semé dans les cœurs des germes de haine, ouvrant la porte aux idéologies ». Après tout, nous sommes dans la continuité de la Réforme, qui nous semble une genèse appropriée à ce chaos éclairé. Plus on lit sur l'histoire de France dans les derniers siècles de l'Ancien Régime, plus on réalise combien la Révolution a été un immense gâchis. Le Comte de Chambord, dernier descendant légitime en ligne masculine de Louis XV, évoquait souvent la nécessité de « refaire 1789 »… de la part d'une telle icône de la contrerévolution, cet aveu ne peut qu'impressionner.
Bien des propos des correspondants les plus conciliants ne nous ont pas convaincus : quel aurait été l'intérêt, pour l'Ancien Régime, de s'épargner la Révolution si c'était pour se libéraliser entièrement et s'adapter aux caprices de la bourgeoisie ? Elle aurait perdu son « utilité » même et trahi ses pères dans le seul but de ne pas disparaitre du tableau. Mais exprimer ses propres opinions ne s'inscrit pas dans l'exercice d'une critique positive, aussi arrêterons-nous ici les frais.
L'erreur 1789 et la vaine République
La Révolution, comme nous l'avons annoncé au début de cette critique, n'est donc pas perçue de manière bien positive par les correspondants de Pierre Pujo. Pour le journaliste-polémiste aussi populaire qu'inclassable Jean Cau, « le roi était le père, alors, en vérité, la Révolution fut un véritable parricide : on a tué le père, et nous avons assisté, depuis, dans la maison, à d'épouvantables querelles de famille parce qu'il n'existait plus de majesté du pouvoir. Face au bazar, les fils frappèrent de terribles coups sur la table (le père ayant été assassiné, ils pouvaient y aller !), et nous vîmes surgir des dictateurs. » Après tout, il a été maint fois établi que les totalitarismes « émancipateurs » du XXème siècle furent des produits de 1789. Produits d'un homme « nouveau » en constant ballottement, alternant périodes d'avachissement démocratique et fulgurances génocidaires pour se distraire. La Révolution a consacré les tenants de l'idéologie molle d'un matérialisme que fustigeait Charles Péguy lorsqu'il évoquait « le monde de ceux qui ne croient plus à rien, qui s'en font gloire et orgueil, le monde de ceux qui n'ont pas de mystique, et qui s'en vantent ». Parmi les lamentations de ses confrères fustigeant l'impasse spirituelle du monde postrévolutionnaire, Maurice Torrelli s'est arrêté longuement sur le culte de l'individu, qui peut exiger tout de la société par le biais des sacrosaints droits de l'homme, lamentable escroquerie qui « justifie d'avance toutes les insurrections de l'individu contre l'espèce », pour reprendre les mots d'Auguste Comte. « Dans le sang, le désordre et la ruine, 1789 a remplacé l'hérédité par l'élection, la famille par l'étranger, le bon sens par les divagations de l'imaginaire, la mesure par l'enflure, l'économie par la dilapidation, l'intérêt général par les intérêts particuliers ». Pour Pujo, 1789 est aussi coupable que 1793. La Déclaration de 89, c'est l'avènement de l'abstraction. La révolution était en germe dans son individualisme exacerbé. Ainsi, au moment de répondre à la deuxième question, sur ce qui différencie le millénaire capétien du bicentenaire révolutionnaire, aucun de ses correspondants n'est-il emballé par la perspective de son bicentenaire festif et métissé. Certains, du genre à voir le verre à demi-plein, voient surtout dans le 14 juillet la date de la Fête de la Fédération de 1790, qui voulait rassembler les Français autour de Louis XVI dans l'unité retrouvée, ouvrant une ère de réformes utiles et de progrès sociaux ; pour eux, ceci est une raison suffisante de fêter… disons, un 14 juillet alternatif. Rien de bien convaincant, hélas. La subversion est trop bruyante. Le règne de l'indécence est partout. François Léger écrit : « si l'on veut considérer spécialement la Monarchie à l'intérieur d'un être unique, on peut dire qu'elle en était le cerveau, et que l'organisme français ayant crû, grandi et étant devenu normalement adulte, son cerveau avait, pendant tout ce temps, dû remplir son rôle. La Révolution a été une opération chirurgicale sanglante et ratée. Elle a consisté à procéder à l'ablation du cerveau de la France, et à greffer en ses lieux et place un cerveau artificiel qui n'a jamais correctement fonctionné, malgré les innombrables opérations ultérieures qui ont tenté de l'améliorer. L'organisme français s'est très lors épuisé en agitations désordonnées sans résultats durables ni profit. Il est pratiquement entré en agonie. Célébrer le bicentenaire de la greffe désastreuse tentée par la Révolution est une facétie de mauvais goût. » Face à cette débandade totale, même les Maurice Schumann et autres politiciens du sérail, fiers de leurs droits de l'homme, reconnaissent qu'avec la Révolution a triomphé l'utopie. Et la mise en pratique de l'utopie, ce n'est jamais un bon signe.
Mais nul correspondant royaliste, y compris les plus méprisants de la modernité, ne commet l'erreur de sous-estimer la République française. Elle est un ennemi de taille. Le meurtre de Louis XVI, qui a eu un caractère sacré, lui a assuré un fondement religieux – Camus l'avait bien compris. « Il fallait rompre le charme séculaire de la Monarchie », dit un jour Jean Jaurès. Henry Montaigu, chroniqueur traditionnaliste féru d'histoire médiévale, rappelle que « depuis deux siècles, la France a connu une bonne douzaine de régimes, et que les huit précédents, elle n'en a connu qu'un seul » ; tirez-en la conclusion que vous voulez. Tous les correspondants de Pierre Pujo s'accordent à dire que face au bilan « miraculeux » des Capétiens, celui de la République, c'est cinq invasions, quatorze constitutions, une atmosphère permanente de guerre civile, les millions de morts qui jalonnent les expériences politiques depuis deux siècles… C'est de son massacre fondateur nommée Révolution que date la division des Français, et à lui que l'on doit « le rôle des idéologies dans notre vie politique, très loin du pragmatisme capétien », souligne Coutant de Saisseval. La division : ce de quoi vit la démocratie élective, qui ajoute perpétuellement de nouveaux facteurs artificiels de discorde pour se légitimer. Cette République, « provisoire perpétuel », a été incapable de créer de nouvelles formes de représentation nationale équilibrées et bénéfiques pour la France. Au sujet du régime électif, le philosophe Pierre Boutang, présenté aujourd'hui comme un des derniers grands penseurs du royalisme, commente : « La représentation de l'unité, c'est la Monarchie ; la représentation des divisions, ce sont les partis qui racontent ce qu'ils veulent ; c'est la multiplicité. On ne représente pas le multiple par l'un ». « Le régime électif pose un vide moral, enchérit Pujo : la compétition permanente pour le pouvoir ne met en jeu qu'envie, orgueil, ruse et mensonge, rendant la démocratie incompatible avec les vertus chrétiennes ».
Nous avons évoqué, au début de ce texte, les espoirs qu'avait nourri en les royalistes la Vème république, monarchie non héréditaire et plébiscitaire. Il ressort des correspondances une grande désillusion à ce sujet. La Vème république a, parmi moult défauts, celui de la cohabitation, coexistence conflictuelle qui découle de sa constitution mais n'en suscite pas moins une dispute quasi-permanente au sommet de l'État. « [Elle] fait du chef de l'État un chef de parti contraint, pour se faire élire, ou réélire, à une démagogie d'autant plus désastreuse et frénétique que l'enjeu de l'élection est plus important », commente l'universitaire maurrassien Étienne Malnoux. On revient à l'illusion de stabilité créée par la figure du général de Gaulle, dont nous avons traité dans de précédentes critiques positives. « Le pouvoir n'a cessé d'être faible », affirme Boutang, pour qui la monarchie élective n'est pas viable ; « de Gaulle a ressuscité le terme de "légitimité'", mais c'est tout ce qu'il a fait. Il a habillé le pouvoir de majesté, mais on a vite réalisé qu'"hors de sa personne, il était bâti sur des sables" », pour citer Michel Jobert. « La république française est l'âne vêtu de la peau du lion, et l'on voit l'âne sous le lion, poursuivra-t-il un peu plus lion. Peu à peu, les gens pensent "tu te dis le roi, mais tu n'es pas le roi". Dans ces circonstances, aucun président ne peut conserver longtemps le doigt sur le bouton atomique : cette responsabilité ne peut appartenir qu'à quelqu'un qui est au-delà de la durée chétive d'une vie humaine. Quelqu'un qui, par sa naissance, ait une existence parallèle à celle de la nation, et qui projette du côté de l'avenir. »
Dans le meilleur des cas, la démocratie organise simplement la loi du plus fort en créant une compétition pour s'emparer des pouvoirs et du contrôle de l'État. La leçon capétienne, elle, dit le droit des faibles à être défendus, et le devoir des meilleurs à leur prêter main-forte face au péril quotidien, au prix éventuellement le plus fort, qui est celui du sang. La République n'est pas l'amie du peuple : elle a amené la création de l'État moderne, l'État-Léviathan envahissant aux aspirations totalitaires, destiné à régenter la vie publique ET la vie privée des citoyens, alors que le roi ne touchait pas au droit privé, domaine de la coutume d'origine populaire…
La Monarchie nous parait-elle adaptée aux besoins de la France contemporaine ?
Concentrons-nous, pour finir, sur la troisième et dernière question que Pierre Pujo a posée à ses correspondants – dans un esprit de critique positive ne seront citées, à partir d'ici, que les réponses positives, de toute façon très majoritaires. Sans surprise, l'auteur de La Monarchie Aujourd'hui estime qu'il faut à la France, plus que jamais, une monarchie, et pas n'importe laquelle, la nôtre : « Sans elle, le gallicanisme tourne au laïcisme, le libéralisme conduit à l'injustice, et le nationalisme tourne au jacobinisme ». Ses arguments comme ceux de ses camarades royalistes, ne manquent pas. Mais tout ceci est-il bien sérieux, à l'ère d'SOS Racisme et des permanentes ?
Quand bien même ceci serait le plus sérieux du monde, quand bien même une restauration serait en pratique possible, les esprits chagrins pourraient toujours rappeler que ces réponses datent d'il y a trente ans. La France d'il y a trente ans était, après tout, moins éloignée de l'Ancien régime que ne l'est la nôtre. Mais il ne faut pas désespérer. Et ça, ce n'est pas un correspondant de Pujo qui l'écrit en 1987, c'est l'auteur de ces lignes qui l'affirme, aujourd'hui, en 2016 – pour ce que ça vaut. Nous aimons citer la fameuse phrase de Maurras : « Le désespoir en politique est une sottise absolue ». Rien n'est plus vrai. Il nous faut simplement quelque chose à faire. Pas juste pester contre la décadence de notre civilisation. Il nous faut une todo list, comme disent les Américains (et nos plus plates excuses à M. de Lesquen). Plusieurs correspondants de Pierre Pujo évoquent l'inconscient royaliste du peuple français. Nous choisissons de l'étendre aux peuples du monde, et pour étayer notre propos, de prendre pour argument… la série américaine Game of Thrones. Mais oui. Et plus précisément la scène, dans le dernier épisode de la sixième saison, où les seigneurs du Nord célèbrent leur nouveau roi dans une atmosphère exaltante et quasi-mystique de justice rendue et de reconquête si longtemps attendue : tous, face à lui, crient « The King in the North !! » en brandissant leurs épées vers le ciel. Ceux qui ont vu cette scène ne l'auront certainement pas oubliée, et les non-initiés imagineront aisément le tableau. Ce grand moment de la série a inspiré une vive émotion auprès du public. Nombreux sont ceux qui se sont pris à crier la phrase « The King in the North !! » face à leur écran, en levant, pour leur part, le poing bien haut. À présent, une question : auraient-ils autant vibré si les seigneurs médiévaux avaient crié « The democratically elected president in the North !! » ? Nous n'en sommes pas convaincus. Contrairement à ce qu'essaie de nous faire croire notre chère modernité émancipatrice, aspirer à un chef, à un leader fort, n'est peut-être ni de la servilité, ni du masochisme, mais du bon vieux bon sens.
Retour aux réponses – positives. Le sociologue royaliste (c'est possible) Roger Tebib ne voit dans la République rien de plus qu'une mauvaise passe parmi tant d'autres, considère que la présente période n'est pas close, et conclue qu'elle « attend » simplement la Restauration. François Brigneau, un des fondateurs du quotidien Présent, estime la Monarchie adaptée aux besoins de la France contemporaine car en dépit du bouleversement des traditions, « la nation et la famille tiennent le coup », tant bien que mal, et « le sentiment national demeure vif » : « Souple dans ce qu'elle a de fort et forte dans ce qu'elle a de souple, la Monarchie, par son nationalisme intégral hérité de Maurras, devrait séduire notre peuple ». Bonnefin estime que si les partis étaient « allégés » des préoccupations inhérentes à l'élection présidentielle, ils y gagneraient en cohésion et seraient « plus à l'aise pour exercer leurs responsabilités législatives » ; que le débat parlementaire « retrouverait sa sérénité » ; et que l'on sortirait enfin de l'immobilité. La France a besoin d'un « organe politique permanent », écrit René Pillorget, professeur d'histoire couronné deux fois par l'Académie française. Jean-François Chiappe, contrerévolutionnaire de famille et vice-président de l'Association de la Presse monarchique et catholique, exprime le même vœux, « pour l'unité et l'indépendance nationales, la continuité politique, la décentralisation, et l'arbitrage. » Le médecin et figure appréciée de Radio Courtoisie Pierre Debray, lui, affirme qu'« un roi, fût-il constitutionnel, vaudra toujours mieux qu'un président ».
Nous parlions d'adaptation à la modernité. Il est évident que la monarchie moderne ne sera pas la copie conforme de celle d'Ancien Régime : ce serait nier l'évolution des idées. La question de la monarchie démocratique peut paraître un contresens, et les régimes qui se prétendent ainsi ne durent qu'en raison de l'effacement du pouvoir royal ; mais comme de nos jours, la démocratie signifie souvent un ensemble de libertés, la représentation des citoyens dans toutes leurs activités auprès du pouvoir, et leur participation à la conduite des affaires publiques, dans ce sens, un tel système pourrait même s'avérer souhaitable, de l'aveu de bien des royalistes. Bordonove affirme carrément que cette monarchie ne pourrait être « QUE constitutionnelle », système qui, selon Maurice Druon, politicien gaulliste co-auteur du Chant des Partisans, « présente le double-avantage d'avoir, pour représenter le pays, des gens éduqués à cette fin dès l'âge le plus tendre, et de n'ouvrir la compétition politique que pour la seconde place, la première place étant prise ». Après tout, la France a EU une monarchie constitutionnelle, pendant un an, de 1791 à 1792. Même le fantasque aristocrate russe Vladimir Volkoff, également romancier sous le pseudonyme de Lieutenant X, ne semble s'y opposer ; simplement, elle devra être « digne de notre héritage ». Pour lui, il nous faut une royauté monarchique, contrairement à la Grande-Bretagne, où la royauté est « sans monarchie ». En d'autres termes : elle ne devra pas hésiter à s'affirmer. Comme disait Henri IV, « dans les circonstances dramatiques, c'est le cul sur la selle qu'il faut reconquérir son royaume ! »…
Notre première mission sera de guérir les Français de deux allergies notoires qui les coupent du royalisme : d'abord le privilège de la naissance, qui choque leur égalitarisme artificiel ; ensuite, l'image de dictature de droite que se trimballe notre pauvre monarchie. Ils doivent comprendre que l'indépendance de leur pays, qui est une suprême garantie de liberté, tient justement au privilège du monarque : face aux menaces du monde extérieur, car ce dernier peut-être autant une bénédiction qu'une calamité, pas de monarque fort, pas de peuple fort. Ils doivent donc réapprendre. L'avocat et autre habitué de Radio Courtoisie Jacques Trémolet de Villers fait une remarque essentielle : « Oui à la Monarchie aujourd'hui, répond-t-il, mais il faut correctement situer le débat. Il n'est pas entre Monarchie et République. Il est entre France et Révolution. Il n'est plus institutionnel, mais culturel. » Pujo enchérit en écrivant que le conflit entre la Révolution et la contrerévolution n'est nullement dépassé, et qu'il est sous-jacent à la plupart de nos débats politiques. Au sujet des institutions, nous prendrons la réflexion de Trémolet de Villers avec des pincettes : Maurras a toujours prêché l'inverse, écrivant notamment, dans Romantisme & Révolution, que « le problème des mœurs doit être ramené sous la dépendance du politique, car point de mœurs sans institutions », mais les deux positions ne sont pas nécessairement irréconciliables. Il nous faut les deux. Il nous faut… la culture d'abord. De fait, il est essentiel que se dresse un puissant courant intellectuel, au service d'un monarque qui, écrit l'académicien spécialiste de l'histoire généalogique Joseph Valynseele, « défendra intrépidement nos valeurs fondamentales : la dignité de l'amour, le culte de la parole donnée, le sens de la responsabilité, la passion du travail bien fait, le désintéressement, le respect d'autrui, l'esprit de solidarité ». « La présence d'un monarque permettrait, comme le prévoyait la loi du 29 décembre 1831 réformant la Chambre des Pairs, l'institutionnalisation d'une véritable aristocratie du savoir et de l'intelligence effectivement associée à la gestion de la nation », écrit François-Georges Dreyfus, historien et ancien membre du club de l'Horloge. Et l'élite que nous nous attribuerons devra se donner pour objectif le « changement des institutions », souligne Pujo, en accord avec la pensée maurrassienne ; sinon, « tout le travail de réforme mentale qu'on aura opéré sera miné par la subversion qui s'appuiera précisément sur ces institutions ».
Soyons clairs : ce petit monde ne suggère rien de moins qu'une authentique révolution du camp traditionnaliste. À ce sujet, l'homme politique et ancien président de l'ORTF Arthur Conte écrit ces lignes géniales : « Les nobles n'ont pas su assumer leur vraie destinée, écrit Arthur Conte. Ils se sont laissés abêtir et châtrer dans les corvées de cour. Eunuques sans le savoir. Déjà la droite la plus bête du monde ». Une droite qui, à force de bêtise, de lâcheté et de compromission, a mué, avec le temps, en autre chose qu'une droite, autant dire en pas grand chose. Une droite qu'il faut ramener dans le droit chemin. « Je suis monarchiste de cœur, mais républicain par raison », écrit Olivier d'Ormesson dans sa réponse, se croyant sans doute malin ; Pujo ne manque pas de lui répondre par un joli : « À l'Action Française, nous sommes monarchistes de raison AVANT de l'être de cœur ! »…
Bien que partisan d'une monarchie forte, Pierre Pujo semble croire à l'union sacrée évoquée plus haut. « La sensibilité républicaine et la royaliste sont-elles forcément contradictoires ?, demande-t-il. Il suffit de définir la première comme l'intérêt porté à la chose publique et le désir de voir le peuple intervenir dans l'administration de ses propres affaires. » On peut imaginer que la France passe par l'étape d'une monarchie parlementaire analogue à l'anglaise, qui constituerait une étape – et seulement une étape –sur le chemin de la Restauration. Mais au bout du compte, la France devra opter pour un régime fondamentalement différent, où les fonctions de gouvernement et de représentation du peuple ne seront plus confondues, et retrouver « sa constitution naturelle, laquelle postule que le roi détienne la première responsabilité des affaires du pays mais collabore avec la représentation du pays réel pour l'œuvre de législation, et laisse de multiples collectivités décentralisées s'administrer elles-mêmes ». Pujo se montre plein d'espérance : « Le roi sera aidé dans sa tâche : il bénéficiera d'un climat psychologique favorable du fait qu'il se situera au-dessus des partis ; il s'entourera de conseils, comme l'ont fait tous les Capétiens ; nous pourrons le soutenir en défendant le régime dans l'opinion et en formant des cadres prêtes à assumer des responsabilités dans la société sur des critères ni idéologiques, ni partisans. » C'est de ce genre d'optimisme que les traditionnalistes ont besoin, qu'ils soient royalistes ou pas !
Pour réconcilier les Français, il est futile de se placer sur le terrain des idées politiques, car une conciliation idéologique ne sera jamais qu'un syncrétisme équivoque et éphémère ; il faut se placer dans la perspective de l'héritage. C'est le « compromis nationaliste » de l'Action Française, qui induit de se livrer, à l'échelle nationale, à un inventaire critique de ce que la Monarchie et la République nous ont légué. Question, trente ans plus tard : dans la France d'aujourd'hui, est-ce toujours possible ? « Oui, mais cela va être dur », répond indirectement Didier Patte, journaliste présenté par Pujo comme un « Normand de naissance et de volonté », ce qui « ne l'empêche pas de se sentir pleinement français » (!). « Que veut la France contemporaine ? Une satisfaction immédiate de ses besoins. Elle ne cherche pas à intégrer le temps dans une réflexion sur son devenir. Qu'est-elle ? Un espace géographique dirigé par un État, alors qu'elle fut d'abord une nation, diverse dans ses particularismes, mais unie autour de son roi, et un peuple en complète dissolution par l'implosion démographique allogène. La France contemporaine est infirme, sans doute orpheline, et certainement amnésique. Or, la Monarchie est indissociable de l'exigence de la préférence nationale, et du sentiment de solidarité qui doit unir tous les Français, transposition moderne du lien vassalique et de l'esprit communautaire de l'époque médiévale. Et nous en sommes bien loin, hélas. Il faut donc définir des priorités : changeons notre vie et nous aurons la Monarchie, et non pas, ayons la Monarchie, et nous changerons la vie. »
Pour le SOCLE
(Notre dernier chapitre jouant déjà son rôle, cet épilogue sera plus court que les précédents.)
- Si restauration il y a, la monarchie la mieux adaptée sera constitutionnelle, avec, simplement, d'importants pouvoirs accordés au monarque.
- Nous devons à la fois rester attentifs à l'esprit du temps, pour profiter de son aspiration lorsque c'est possible, et ne pas le laisser nous submerger, car rien n'est jamais écrit.
- Nous devons œuvrer à la révolution de la droite française, pour qu'elle soit enfin de droite.
- Nous devons œuvrer à l'établissement d'une aristocratie de culture et de savoir.
- Nous ne devons pas céder aux sirènes de l'Homme providentiel, si séduisantes fussent-elles.