Le Pape François n'est pas le premier dans l'histoire de l'Eglise à s’intéresser à la beauté de la nature, à sa richesse, à sa diversité. Saint François d'Assise, par son cantique de « Frère soleil » nous rappelle dès le XIIe siècle que la création est une sœur avec laquelle nous partageons l’existence et une mère, belle, qui nous accueille à bras ouvert. Puis Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI ont développé ce thème au cours du siècle dernier. Ces apports des Papes recueillent la réflexion d’innombrables scientifiques, philosophes, théologiens et organisations sociales qui ont enrichi la pensée de l’Église sur ces questions.
La lettre encyclique Laudato Si ne se contente pas uniquement de faire l'état des lieux de la situation écologique actuelle mais elle analyse les causes anthropologiques à l'origine de ce comportement, elle nous avertit des conséquences et nous propose des solutions efficaces pour renverser la vapeur.
François Leclerc, pour le SOCLE
La critique positive de Laudato Si au format .pdf
« Si nous nous sentons intimement unis à ce qui existe, la sobriété et le soucis de protection jailliront spontanément »
Pape François
I. Résumé de l’encyclique Laudato Si
Une encyclique est une Lettre solennelle du Pape adressée à l’ensemble de l’Église catholique et plus spécifiquement à une des parties d’entre elles : évêques, clergé, fidèles. Les encycliques sont des textes qui ont le plus souvent valeur d’enseignement et peuvent rappeler la doctrine de l’Église à propos d’un problème d’actualité.
Cette lettre ne se contente pas uniquement de faire l'état des lieux de la situation écologique actuelle mais elle analyse les causes anthropologiques à l'origine de ce comportement, elle nous avertit des conséquences et nous propose des solutions efficaces pour renverser la vapeur.
Bien que chaque chapitre possède sa propre thématique et une méthodologie spécifique, l'encyclique répond à son tour, à partir d’une nouvelle optique, aux questions importantes abordées dans les chapitres antérieurs. L’intime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète ; la conviction que tout est lié dans le monde ; la critique du nouveau paradigme et des formes de pouvoir qui dérivent de la technologie ; l’invitation à chercher d’autres façons de comprendre l’économie et le progrès ; la valeur propre de chaque créature ; le sens humain de l’écologie ; la nécessité de débats sincères et honnêtes ; la grave responsabilité des politiques internationales et locales ; la culture du déchet et la proposition d’un nouveau style de vie.
Ces thèmes ne sont jamais clos, ni ne sont laissés de côté, mais sont constamment repris et enrichis.
II. Critique Positive de Laudato Si
Introduction
Le Pape François n'est pas le premier dans l'histoire de l'Eglise à s’intéresser à la beauté de la nature, à sa richesse, à sa diversité. Saint François d'Assise, par son cantique de « Frère soleil » nous rappelle dès le XIIe siècle que la création est une sœur avec laquelle nous partageons l’existence et une mère, belle, qui nous accueille à bras ouvert. Puis Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI ont développé ce thème au cours du siècle dernier. Ces apports des Papes recueillent la réflexion d’innombrables scientifiques, philosophes, théologiens et organisations sociales qui ont enrichi la pensée de l’Église sur ces questions.
Chapitre I : Ce qui se passe dans notre maison
La pollution liée à notre mode de vie actuel a de grandes conséquences sur différents facteurs de notre environnement. Notre culture de surproduction, de gaspillage y est pour beaucoup. Il convient d'optimiser l'utilisation des ressources non renouvelables.
La pollution de l'aire crée des milliers de morts chaque année liés aux maladies respiratoires. La forte présence de CO2 dans l'air accentue le réchauffement climatique. Les conséquences directes de ce réchauffement sont l'appauvrissement des sols des régions déjà pauvres, la disparition de l'eau dans les sols, et l'extinction d'une partie de la biodiversité.
L'eau est capitale à la vie. Elle soutient les écosystèmes terrestres et sous-marins. Elle est nécessaire à beaucoup de réactions chimiques et plus concrètement au bon développement des récoltes. La qualité est tout aussi importante que sa présence. L’accès à l’eau potable est un droit humain primordial, fondamental et universel, parce qu’il détermine la survie des personnes, et est conséquent la condition pour l’exercice des autres droits humains.
La déforestation est aussi pointée du doigt car la végétation permet de tempérer le changement climatique par le phénomène de photosynthèse. La déforestation entraîne également la disparition de plusieurs espèces vivantes, ce qui entraîne la déstabilisation des écosystèmes. La notion d'un « grand remplacement écologique » est évoquée à demi-mot lorsque, dans un souci de biodiversité, sont transformés certains lieux sauvages en plantations artificielles. Cela a en effet un impact sur la vie locale aussi bien animale que végétale.
La vie aquatique alimente elle aussi une grande partie de la population mondiale. Les barrières de corail, qui ont la même fonction que les forêts tropicales à la surface du globe, deviennent stériles. Les millions d'espèces qu'elles abritent disparaissent peu à peu, ce qui déstabilise l’écosystème.
La densité de population dans certaines villes accentue fortement les effets de la pollution, rendant ces endroits insalubres. Les espaces verts sont remplacés peu à peu par du béton, de l'asphalte, du verre...
Dégradation de l’environnement naturel et de l’environnement social sont étroitement liées. En effet, ceux qui vivent principalement de la culture, de la pêche en sont les premiers affectés et n'ont pas les moyens de s'alimenter avec d'autres produits que leurs propres récoltes. Cela a pour effet d’accentuer le clivage pauvres-riches.
Le climat actuel est de plus favorable à des guerres qui seraient catastrophiques pour l’environnement. En effet, la recherche augmente considérablement pour le développement d'armes biologiques, chimiques et nucléaires qui causeraient des ravages irréversibles.
Il est donc plus que temps de réagir. En effet, les derniers siècles ont été écologiquement terribles. Il est nécessaire de former de réels leaders pour redresser la situation écologique actuelle. L’environnement doit être perçu comme un être fragile et sans défense par rapport aux intérêts d'un marché financier divinisé.
Chapitre II : L'évangile de la création
La Bible nous révèle que la création de l'Humanité est le plan même de Dieu. Le plan d'Amour dans lequel nous existons nous confère une certaine dignité. Le récit biblique suggère que l’existence humaine repose sur trois relations fondamentales : la relation avec Dieu, avec le prochain, avec la terre. Le pêché rompt ces relations. La terre nous a été donnée. Le terme « soumis » présent en Genèse signifie que la terre est vulnérable et fragile sous nos pas. Elle est soumise à nos décisions. L'homme, doté d'intelligence, se doit de respecter les lois de la nature. Chaque être vivant à une valeur propre devant Dieu. Nous ne pouvons pas nous considérer comme un dominateur absolu de la terre. Seul Dieu est propriétaire de sa création. Nous n'en sommes que les ouvriers chargés de participer à l’œuvre créatrice.
La création de l'Univers reste un mystère. Ce qui est certain est que le monde est issu d'une décision et n'est donc pas le fruit de chaos successifs ou soumis au hasard. L’Église se doit de rappeler à l'Homme que la nature ne peut être considérée comme une source de profits. La nature s'articule avec chaque créature existante, dépendante les unes des autres. C’est cela qui équilibre les écosystèmes.
L'encyclique défend le droit à la propriété privée tant sur le plan individuel que collectif. Ceci dans le but que chaque pays préserve ses propres ressources. Nous avons une responsabilité envers les générations futures. Nous ne pouvons pas épuiser les ressources des pays pauvres et créer des désordres écologiques, économiques et sociaux qui vont tôt ou tard impacter nos pays par le phénomène de migration de populations.
Dans les évangiles, Jésus nous révèle Dieu comme un Père. Un Père qui a donné sa création à ses enfants. Nous recevons cette terre comme un héritage. Un héritage que nous nous devons de préserver et d'entretenir pour permettre aux générations futures de contempler le Père par la beauté de sa création.
Chapitre III : La racine humaine et la crise écologique
Nous sommes à la croisée des chemins. Nous pouvons en effet encore choisir que deviendra tout notre développement technique. Les progrès techniques peuvent améliorer la qualité de vie (médecine, découverte de la nature...). Ils sont le produit de la créativité des hommes qui est un don de Dieu. Cependant le développement technique n'est pas accompagné d'un développement humain responsable. Nous ne maîtrisons pas encore bien la finalité de tout cela. Le manque d'éthique, de culture, de spiritualité, nous emprisonne dans une sorte d'abnégation lucide.
Le fait de vouloir appliquer des méthodes et des objectifs de technologies conditionne la vie des personnes ainsi que leurs fonctions au sein de notre société. Les effets se retrouvent dans la dégradation de l’environnement. Les technologies conditionnent notre style de vie et orientent la possibilité sociale dans les intérêts des groupes de pouvoir dominants (l’exemple du conditionnement des masses par la publicité est éloquent). L'économie s'oriente autour du profit sans se soucier de l'impact sur l'être humain. Il faut développer tout un apprentissage de pensée, de politique, une éducation, une spiritualité de la nature. La nature est à la foi don de Dieu et notre refuge. Nous devons réfléchir à un développement humain et social plus fécond.
Dans n’importe quelle approche d’une écologie intégrale qui n’exclue pas l’être humain, il est indispensable d’incorporer la valeur du travail. Car n’importe quelle forme de travail suppose une conception de relation que l’être humain peut ou doit établir avec son semblable. La vie monastique nous apprend à chercher la maturation et la sanctification dans la compénétration du recueillement et du travail. Cette manière de vivre le travail nous rend plus attentifs et plus respectueux de l’environnement, elle imprègne d’une saine sobriété notre relation au monde.
Chapitre IV : Une écologie Intégrale
Il n’est pas superflu d’insister sur le fait que tout est lié. Le temps et l’espace ne sont pas indépendants l’un de l’autre, et même les atomes ou les particules subatomiques ne peuvent être considérés séparément. Tout comme les différents composants de la planète – physiques, chimiques et biologiques – sont reliés entre eux, de même les espèces vivantes constituent un réseau que nous n’avons pas encore fini d’identifier et de comprendre. Cela ne doit donc pas nous inciter à concevoir la nature comme séparée de nous ou comme un simple cadre de notre vie. Il n’est plus possible de trouver une réponse spécifique et indépendante à chaque partie du problème. Il y a une interaction entre les écosystèmes et entre les divers mondes de références sociales. Ainsi, une fois de plus, il s’avère que « le Tout est supérieur à la partie ». Les crises environnementales et sociales dépendent ainsi l'une de l'autre.
Avec le patrimoine naturel, les patrimoines historiques, artistiques et culturels sont également menacés. Ils font parties de l’identité commune d’un lieu et sont une base pour construire une ville habitable. Il ne s’agit pas de détruire, ni de créer de nouvelles villes soi-disant plus écologiques, où il ne fait pas toujours bon vivre. Il faut prendre en compte l’Histoire, la culture et l’architecture d’un lieu, en maintenant son identité originale. Voilà pourquoi l’écologie suppose aussi la préservation des richesses culturelles de l’humanité au sens le plus large du terme. La vision consumériste de l’être humain, encouragée par les engrenages de l’économie globalisée actuelle, tend à homogénéiser les cultures et à affaiblir l’immense variété culturelle, qui est un trésor de l’humanité. La disparition d’une culture peut être aussi grave ou plus grave que la disparition d’une espèce animale ou végétale. Le cadre de vie qui nous entoure influe notre manière de concevoir la vie mais exprime également notre identité. Il est donc nécessaire de préserver les lieux publics qui accroissent notre sens d’appartenance, notre sensation d’enracinement, dans la ville qui nous héberge et nous unit.
Le respect de l’environnement passe aussi par le respect de son propre corps. Il faut reconnaître que celui-ci nous met en relation directe avec l’environnement et avec les autres êtres vivants. Le bien commun exige aussi le bien-être social et le développement des divers groupes intermédiaires, selon le principe de subsidiarité. Parmi ceux-ci, la famille se distingue spécialement comme cellule de base de la société. On ne peut plus parler de développement durable sans une solidarité intergénérationnelle. Nous sommes, nous-mêmes, les premiers à avoir intérêt à laisser une planète habitable à l’humanité qui nous succédera. C’est un drame pour nous-mêmes, parce que cela met en crise le sens de notre propre passage sur cette terre.
L'individualisme guette l'homme moderne et beaucoup de problèmes sociaux sont liés à la vision égoïste actuelle axée sur l’immédiateté, aux crises des liens familiaux et sociaux, aux difficultés de la reconnaissance de l’autre.
Chapitre V : Quelques lignes d'orientation et d'actions
Le monde est notre unique projet commun. Il est primordial de développer une agriculture durable. Nous devons également nous concentrer sur le développement d'une énergie durable et respectueuse de l’environnement. Nous sommes actuellement dans l'ère postindustrielle et les décisions que nous prenons sont irresponsables pour les générations à venir. Les mesures que nous prenons actuellement tue économiquement, écologiquement les pays en voie de développement. Sur le plan national et local, une société mature doit être capable de s'organiser. La grandeur de la politique est d’œuvrer pour des principes bénéfiques pour la société et non d'assouvir un désir personnel. Certains projets doivent résister à l'alternance des gouvernements successifs et ne peuvent fluctuer au fil des sondages d'opinions. Le dialogue entre tous les peuples est primordial. Ainsi nous pourrons œuvrer sur le très long terme. La protection de l’environnement ne peut se calculer qu'en fonction des coûts et des bénéfices. En effet, la détérioration de notre environnement entraîne une diminution des ressources et par conséquent de notre qualité de vie.
Il faut en finir avec la corruption de la politique ainsi que des pouvoirs publics. Il faut une totale refonte de la culture sous-jacente actuelle. Ce à quoi nous contribuons aujourd'hui. La religion ne doit pas rompre le dialogue avec les sciences car à elles seules, les sciences ne peuvent combler les problèmes du monde si nous perdons les notions de cohabitations, de beauté, de sacrifices, qui sont des valeurs chrétiennes. Les sciences doivent avant tout contribuer au bien commun et nous permettre d'avancer dans ce dialogue.
Chapitre VI : Education et spiritualité écologique
Puisque nous avons une origine commune, notre avenir est également commun. C'est pourquoi nous devons changer de style de vie.
L'homme doit en effet se libérer de l'emprise que la consommation a sur lui et doit utiliser son pouvoir d'achat dans le but de mettre la pression sur les pouvoirs publics et les grandes entreprises pour les pousser à produire autrement.
L'éducation des jeunes générations doit passer par l'alliance entre l'humanité et l’environnement. Bien que le pouvoir de consommer ne comble pas le cœur de l'homme, nous y sommes attachés. Nous comptons sur les jeunes générations qui ont un esprit écologiste et généreux.
Même si actuellement des normes existent elles sont insuffisantes et inefficaces car elles ne sont pas envisagées sur le long terme. Le changement doit commencer de manière personnelle dans les petites choses du quotidien. Il en va de notre dignité de se poser les questions des conséquences de nos actions sur l’environnement.
Nous comptons sur le milieu éducatif, et notamment la famille, qui est l'élément fondamental de notre société ou doit être développé la culture de la vie, la culture de l'amour, l'utilisation correcte des choses, la richesse de l’écosystème local, le soin des autres. La famille est le premier lieu ou dès le plus jeune âge nous sommes confrontés aux valeurs de respect, de pardon, d'ordre. La famille à un rôle essentiel dans le développement de tout être humain.
L’Église aussi a son rôle à jouer, notamment à travers ses séminaires et ses maisons de formation. C'est le lieu où doit être enseigné une austérité responsable, une contemplation reconnaissante du monde, la protection de la fragilité du plus pauvre et de l’environnement.
Depuis sa création, l’Église a développé la spiritualité de la vie en communion avec ceux qui nous entourent. Sur le modèle de Saint-François d'Assise, elle appelle à la repentance et au changement intérieur pour reconnaître le monde comme un don gratuit du Père. Pour le croyant, le monde se contemple de l'intérieur. Nous devons ainsi vivre en fraternité avec toute la création.
L'encyclique nous invite à vivre sobrement et à rechercher la pleine valeur des choses. L'humilité de l'Homme est contrebalancée par le fait de tout vouloir posséder (PMA, GPA, prostitution, trafic d'organes...).
En excluant Dieu de notre vie, nous ne sommes plus capables de discerner le bien du mal. Dès les premières pages de la Bible il est prescrit un jour de repos hebdomadaire pour contempler l’œuvre créatrice de Dieu et ainsi le louer. Le repos dominical a pour vocation de fêter Dieu de différente manière. Nous ne pouvons pas nous contenter d'en faire un jour de non productivité comme c'est encore le cas aujourd'hui.
Le sens même d'un Dieu trinitaire est la relation. Dieu est relation, il s'est incarné pour vivre et épouser la condition chrétienne. À travers la mort et la résurrection du Christ, Jésus relève l'ensemble des créatures vers Dieu le Père. Nous ne pouvons plus vivre comme si nous étions de simples créatures.
Pour le SOCLE
- Au travers de cette encyclique, l’Église nous offre un vrai travail de réflexion sur notre mode de vie contemporain.
- Elle nous rappelle que notre bien commun n'est pas de simples spéculations boursières, mais l'état de notre planète auquel nous appartenons.
- Le vrai capital dont il est question c'est la Création toute entière.
- Au-delà de notre origine commune c'est une vraie richesse qui s'est développée au cours de l'évolution. Ceci tant sur le plan culturel que sur le plan biologique.
- L'idée que tout se vaut et que tout peut être détruit, mélangé, réadapté, transformé, remplacé, n'est que pure utopie car nuit gravement à cette richesse.
- La mondialisation est néfaste tant sur le plan environnemental, qu’écologique et identitaire. Elle met fin à des traditions qui sont le fruit de cultures qu'il faut absolument préserver.