Être rebelle, c’est être à soi-même sa propre norme par fidélité à une norme supérieure.
Dominique Venner
Un samouraï d’Occident 1 est le testament, le dernier témoignage de Dominique Venner aux Européens d’une civilisation en dormition. En nous livrant la quintessence de ses précédentes réflexions, Dominique Venner nous amène à contempler notre Tradition et nous montre que notre retour à celle-ci est la condition de notre réveil. En se livrant à une méditation de l’histoire sur la longue durée, il nous fait également comprendre que les valeurs portées dans notre plus ancienne mémoire peuvent être embrassées par chacun sans se renier.
Enfin, en écrivant ce livre-héritage, Dominique Venner a en particulier voulu s’adresser aux femmes dont le rôle de transmission nous apparait aujourd’hui plus que jamais central pour faire face aux immenses périls nous menaçant.
Structure de l’œuvre : Si l’on retrouve l’approche concentrique présente dans Histoire et tradition des Européens 2 permettant de mieux dégager les permanences caractérisant le monde européen, le propos de Dominique Venner suit quant à lui une voie claire et droite. Chapitre après chapitre, Dominique Venner nous dit tout d’abord d’où il vient et donc d’où il parle (chapitre I). Il nous explique ensuite quelle est la source de nos maux : la métaphysique de l’illimité (chapitre II). Et c’est parce que nous sommes pris au piège de notre propre univers mental que Venner nous propose un détour par le Japon pour nous permettre de nous contempler et ainsi voir quelle est notre vraie nature (chapitre III). Notre mémoire oubliée commence alors à nous apparaitre à travers la figure des grands hommes qui retournèrent à elle (chapitre IV) montrant par la même la permanence de cette dernière. Remontant les courants de notre longue mémoire, Dominique Venner nous ramène à la source première : la source grecque de l’Iliade 3 et de l’Odyssée 4, notre source mystique, notre horizon (chapitre V). Nous découvrons dès lors une deuxième source, fille de la première: la source romaine du stoïcisme[*], notre source philosophique, notre but (chapitre VI). L’Européen qui puisera à ces sources pourra alors comprendre l’ultime épilogue écrit par Dominique Venner et l’acte de refondation qu’il porte.
Gwendal Crom, pour le SOCLE
La critique positive du Samouraï d'Occident au format .pdf
Le Chevalier, la Mort et le Diable. C’est sur cette image que s’ouvre l’œuvre posthume de Dominique Venner. Cette image que grava Albrecht Dürer en 1513 (figure 1), très exactement un demi-millénaire avant la mort volontaire de Dominique Venner, montre un chevalier cheminant sur son destrier, cheminant vers son destin et ignorant superbement, un sourire aux lèvres, la Mort et le Diable s’agitant devant lui. La figure du chevalier, une des plus marquantes de l’univers européen, est là pour nous rappeler ce que nous sommes depuis des temps immémoriaux. Cette figure que Dominique Venner invoque est celle des valeurs aristocratiques du courage, de l’endurance, de la force et de la maîtrise de soi. Mais surtout, le Chevalier de Dürer nous appelle à conserver face à l’adversité notre bien le plus précieux : notre insoumission. Insoumis à l’air du temps, insoumis aux menaces d’excommunication, insoumis à nos propres peurs et doutes. Rester un rebelle d’abord et avant tout. C’est « être à soi-même sa propre norme par fidélité à une norme supérieure. S’en tenir à soi devant le néant. Veiller à ne jamais guérir de sa jeunesse. Préférer se mettre le monde à dos que de se mettre à plat ventre ». Car comme le dit Dominique Venner : « exister, c’est combattre ce qui me nie […] et mieux vaut périr en combattant que de se rendre» (Un Samouraï d’Occident, P28).
Dominique Venner est un historien méditatif. Historien car témoin attentif de son temps. Méditatif car ne considérant par l’histoire comme un discipline froide, simple accumulation de connaissances sur l’évolution des sociétés humaines dans le temps. Non, Dominique Venner a vécu l’histoire. Il serait d’ailleurs plus juste de dire que l’histoire est venue à lui et que comme beaucoup d’Européens de l’époque, il a accepté cette rencontre. N’ayant pas vingt ans, il est engagé volontaire pour la guerre d’Algérie et rejoint le 4ème bataillon de chasseurs à pied. C’est une unité difficile qui bataille « à armes égales » avec l’ennemi FLN. Il reviendra de cette « petite guerre moyenâgeuse » selon ses termes décoré de la croix du combattant et prêt à combattre sur le terrain politique quand il constatera le soutien d’une partie de la population française au camp FLN. Son opposition radicale à la politique de De Gaulle le conduira en prison d’où il rédigera un manifeste : Pour une critique positive 5. Selon beaucoup, ce document fera date car il constitue en quelque sorte le Que faire[†] de la mouvance nationaliste. En janvier 1963, quelques mois après la fin de sa détention, il fonde le mouvement et journal « Europe-Action » : première marche posée dans la quête d’une véritable conscience européenne. Ayant délaissé tout engagement politique le 2 juillet 1967, Dominique Venner va investir le champ métapolitique, se muant peu à peu en historien méditatif. A côté des nombreux ouvrages sur la chasse et les armes qu’il écrira et qui feront l’unanimité, Dominique Venner va méditer notre histoire européenne sur la longue durée. De ces méditations surgiront de nombreux essais. Trois de ces méditations méritent une attention particulière. La première est une méditation à laquelle Venner se livra sur lui-même. Appelé Le Cœur Rebelle 6, l’essai qui en est tiré retrace le parcours et l’évolution de Dominique Venner. La seconde méditation porte sur la plus longue durée et met en pleine lumière la permanence de notre Tradition dans Histoire et tradition des Européens, 30.000 ans d’identité 2. La troisième méditation est contemporaine et se nomme Le Siècle de 1914 7. Elle permet à chacun de réaliser dans quel monde nous vivons et de quels processus il est le fruit. A partir de ces trois ouvrages, Dominique Venner va se livrer à une ultime méditation : Un samouraï d’Occident, le Bréviaire des Insoumis.
Figure 1. Comme le Chevalier de Dürer poursuivant sa route malgré les menaces de la Mort et du Diable, nous devons poursuivre notre combat quel que soient les coups, les injures et l'état de déliquescence régnant autour de nous.
Dès le début de Un Samouraï d’Occident, Dominique Venner nous annonce ce qui nous attend à brève échéance : que les Européens se retrouvent en minorité sur le sol de leurs ancêtres. « Exister, c’est combattre ce qui me nie » vient de nous dire Dominique Venner. Ce grand remplacement qui jour après jour poursuit son processus est la grande négation qu’il va nous falloir combattre. Et cette négation physique des peuples européens ne fut rendue possible que par une véritable entreprise de négation spirituelle et intellectuelle. Ce grand effacement auquel se sont livrés et se livrent toujours les maîtres de l’Europe et pour lequel ils devront rendre des comptes un jour n’a pas surgit en 1968 ni même en 1914. Le processus s’est accéléré à chaque fois à ces deux dates mais notre malheur vient de loin, de beaucoup plus loin. Oui, l’Europe est sortie de l’histoire avec la grande guerre civile européenne de 1914-1945 mais si nous voulons réintégrer son cours, il va falloir déterminer ce qui nous a fait chuter.
Si les maux dont nous souffrons sont multiples (abandon de la guerre comme horizon, dévirilisation, dénigrement de la féminité, rejet de la nature, hubris, progressisme effréné, vision prométhéenne du monde…), tous trouvent leurs racines dans la métaphysique de l’illimité. Cette vision du monde, étrangère à notre authentique Tradition, fut importée en Europe avec le christianisme. Si le christianisme européen fut à ses débuts, apte à brider les effets délétères d’une telle pensée, en particulier en ayant recours à l’enracinement par la raison grecque (voir à ce sujet Fides et ratio 8 de Jean-Paul II et Le discours de Ratisbonne 9 de Benoît XVI), sa sécularisation entraîna l’explosion des maux qui peu à peu gangréneront l’Europe. Pour mieux comprendre la différence fondamentale existant entre métaphysique de l’illimité et métaphysique de l’absolu, il convient de se rapporter à la notion d’hubris. Si les anciens Européens ne vivaient pas dans une culture de la faute et du péché, ils avaient néanmoins leurs tabous. Le plus important d’entre eux était l’hubris, terme grec désignant la démesure, la violence injuste et l’outrage. Toute pensée antique s’accompagnait donc de la notion de limite par opposition au « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre » de la Bible 10. Et comme le rappelle Dominique Venner, poser des limites ce n’est pas seulement se poser la question de la juste proportion en toute chose, c’est également permettre aux hommes et aux femmes de s’engager sur la voie de l’excellence, de la plénitude et de la perfection, bref : de l’absolu.
Dominique Venner souligne également que l’immense savoir des Grecs ne leur donna pas envie de partir à la conquête du monde, pas plus qu’elle ne provoqua chez eux une fièvre techniciste et productiviste. Car cela est aussi l’une des conséquences néfastes de l’adoption d’une métaphysique de l’illimité. Se riant de toute notion de limite, l’homme moderne, l’homme de l’illimité ne met pas de frein à son développement. Aidés en cela par la désacralisation de la nature, nous considérons notre environnement comme une réserve de matières premières dans laquelle puiser à loisir. Il faut bien comprendre que si la métaphysique de l’illimité est une source de richesses conceptuelles inépuisable, le prix qu’elle demande en retour est élevé. Considérant que tout peut être amélioré, modifié, augmenté, nous nous condamnons à l’insatisfaction. Nous aiguisons les égoïsmes les plus féroces et permettons les revendications sociales et sociétales les plus délirantes. Nous finissons même par décréter la notion de tradition comme contre-nature puisque cela reviendrait à considérer qu’il existe des choses qui ne peuvent être améliorées, remises en question. C’est là l’appel de Dominique Venner. Combien de vertus chrétiennes devenues folles 11 devrons-nous enfanter avant de réagir ?
Avant de poursuivre et afin de mieux nous pénétrer de cette différence entre ces deux métaphysiques, méditons cette sentence du jeune Charles Maurras lors d’une correspondance avec l’abbé Penon 12: « Je reviens d’Athènes plus éloigné, plus ennemi du christianisme qu’auparavant. Croyez-moi, c’est là-bas qu’on vécut les hommes parfaits… ». Et de conclure définitivement « Je reviens d’Athènes en polythéiste tout pur. Ce qui était à l’état vague et confus dans ma pensée s’est précisé avec éclat. Je fuis l’idée de l’infini, idée sémitique, hébraïque, idée contradictoire venue d’Asie, des barbares. Je ne veux plus songer qu’au parfait et au pur… » Ces phrases, cinglantes, nous rappellent que Charles Maurras avait déjà pressenti les maux qui accablaient et allaient continuer d’accabler la pensée européenne ainsi que l’Église et le catholicisme (ce « pagano-christianisme » selon Venner). Abandonnant ses racines antiques, souhaitant toujours plus d’ouverture envers le prochain (se rapprochant par la même du message originel du christianisme), l’Église agonise avec l’Europe, trahissant les chrétiens traditionalistes (attachés à leur terre et à leur peuple) comme le reste des Européens. Car que nous soyons chrétiens ou non, nous ne pouvons que constater que l’unique forme de sacralité dans lequel chaque Européen baigne aujourd’hui est celle du pardon, de la repentance, de l’excuse. Le culte rendu aujourd’hui à la Shoah n’est pas uniquement le fruit du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale. C’est également le fruit d’une sacralisation de l’humilité et du pêché. Et que cela soit la faute du christianisme ou de l’un de ses enfants illégitimes importe peu. Un ré-enracinement immédiat et profond est aujourd’hui la condition sine qua non de notre survie. C’est la seule issue pour sortir de la dormition dans laquelle l’Europe est plongée depuis 1945. Ce que nous devons donc faire, c’est retrouver la source primordiale de la psyché européenne. Quels que soient nos choix politiques, philosophiques et religieux, cette tradition première est la même pour tous. Car dans Histoire et tradition des Européens 2, Dominique Venner le précise bien (P46): « Les convictions de la plupart des traditionalistes chrétiens, faites de discipline et d’harmonie, ne s’opposent nullement à la perception de l’authentique tradition européenne et à la mise en ordre qu’elle suppose. Elle peut être vécue par tous comme l’enrichissement de ce qu’ils sont et comme un apport de force qui ajoute sans retrancher ».
Figure 2. Comme le montre cette carte 13, la consanguinitée n'est pas une "tradition" européenne.
Mais comment revenir à notre Tradition ? Comment reconnaître ce qui en fait partie et ce qui en est le travestissement ? Comment se repérer lorsque notre boussole morale est devenue folle ? Dominique apporte la réponse sous la forme d’un détour salutaire par le Japon. Un monde radicalement différent du nôtre mais dont l’exigence et la finesse nous est familière, à nous Européens. La figure du samouraï, si proche de celle du chevalier en est la plus brillante illustration. Le but est ici de prendre du recul par rapport à nous-mêmes, de trouver dans le Japon un miroir nous renvoyant notre véritable image. Ce recours au Japon revêt une signification particulière à notre époque. En effet, jour après jour nous est asséné le mythe de la consanguinité dans laquelle nous sombrerions en fermant nos frontières (alors que l’Europe fait partie des contrées les moins consanguines du monde (figure 2 13)). Et pourtant, gardons toujours à l’esprit que la civilisation japonaise s’est construite durant la période féodale (XIIe-XIXe siècle) en se détournant précisément du monde extérieur. C’est en se concentrant sur lui-même que le Japon a pu donner naissance à la brillante et délicate civilisation que nous connaissons.
L’image du samouraï nous renvoie au Bushidô, au Hagakure 14 mais également au zen, forme épurée du Bouddhisme parfaitement adaptée à l’éthique martiale. Et immédiatement, alors que nous apercevons le reflet du chevalier dans l’image du samouraï, Dominique Venner nous interpelle. Pourquoi une telle dissemblance entre le chevalier et le samouraï. Pourquoi les noblesses européennes et japonaises prirent-elles des chemins si différents ? Car ce qui nous fascine le plus dans la figure du samouraï, c’est le rite du seppuku. Ce suicide du guerrier dicté par le sens de l’honneur frappe les esprits européens et nous renvoie à une lointaine époque où la mort volontaire était considérée comme digne de respect sous nos contrées. Comment en effet ne pas comparer les morts du Romain Caton d’Utique et du Japonais Hôjô Nakatori ? Tous deux étaient acculés à la défaite. Tous deux préférèrent la mort plutôt que de subir le déshonneur de demander grâce à leur adversaire. Pourquoi, alors que tous les Européens la pratiquaient depuis l’Antiquité (les exemples de chefs celtes ou germains se donnant la mort plutôt que de se rendre ne manquent pas), cette pratique aristocratique a-t-elle cessé ? Là encore, le christianisme en est à l’origine. La condamnation du suicide par les autorités ecclésiastiques transforma durablement la noblesse européenne malgré de fortes résistances. Dominique Venner l’illustre par deux citations. Tout d’abord avec La Mort volontaire 15 au Japon de Maurice Pinguet où l’auteur nous rappelle que : « Tout en se reconnaissant les mêmes principes d'honneur et de service que les samouraïs, la noblesse d'épée (française) ne réussit pas à faire triompher ses valeurs, car depuis l'échec de la Fronde, c'est une version bourgeoise de la bienfaisance chrétienne qui s'affirme. Elle s'en consolera en brocardant le pharisaïsme, en riant des tartuffes et de leurs dupes. Au Japon, l'éthique martiale réussit à s'imposer parce qu'elle mit l'accent sur l'abnégation. Celui qui répond de son honneur sur sa vie ne peut être soupçonné de mensonge. Il agit, c'est assez. Ce fut l'institution du seppuku qui exempta l'éthique martiale de toute subordination militaire, qui lui assura sa souveraineté sur la vie. La mort volontaire vint authentifier de sa sanction suprême toute l'architecture des obligations martiales ».
Dominique Venner poursuit ensuite avec Les Croisades 16 de Zoé Oldenbourg : « L’hostilité permanente entre clercs et chevaliers qui subsiste à travers tout le Moyen Âge, montre à quel point l’aristocratie militaire des pays d’Occident était mal adaptée à une religion qui était pourtant la sienne depuis des siècles ». Doit-on pour autant faire porter toute la responsabilité de cette différence au christianisme ? Dominique Venner nous rappelle que si le bouddhisme devint religion nationale durant le Japon féodal, ce fut une version nipponisée, empreinte de sagesse zen qui marqua l’âme japonaise. Un bouddhisme zen adapté au combattant comme il fut dit plus haut. Rappelons-nous qu’en Europe aussi le christianisme (et plus particulièrement le catholicisme) fut profondément transformé par la Tradition européenne. Sans doute le christianisme avait-il déjà fait beaucoup de concessions à l’âme européenne, en particulier par son adoption de la raison comme constitutif de son essence même. Souvenons-nous qu’à ses origines, le christianisme se justifiait par la foi seule (Sola Fide selon le credo des protestants) et faisait paraître aux yeux des Romains les chrétiens comme des fanatiques (Dominique Venner note en retour que c’est la sacralisation de la raison chez les Européens qui leur rend la pratique du zen si étrangère). Sans doute nos ancêtres n’ont-ils pas su accorder la place qui revenait de droit au stoïcisme et qui aurait permis la conservation de notre antique tradition guerrière. Alors que seule une profonde méditation historique nous donnera une réponse, pensons à la fleur de cerisier, emblème des samouraïs au travers de cette phrase d’Eugen Herrigel (Le Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc 17): « Comme dans un rayon de soleil matinal, le pétale d'une fleur de cerisier se détache, ainsi l'homme impavide doit pouvoir se détacher de l’existence, silencieusement et d'un cœur que rien n'agite ». Demandons-nous alors, ces mots auraient-ils plus leur place dans la bouche d’un samouraï que dans celle d’un stoïcien ?
Figure 3. Reflet de ce que nous aurions pu devenir, la figure du samouraï nous permet de nous contempler par delà l'espace et le temps.
Détachement face à la mort, honneur au-dessus de tout, métaphysique de l’absolu s’opposent-ils donc frontalement à l’amour du prochain, à la vie sacralisée et à la métaphysique de l’illimité ? Certains se sont posé la question comme naguère le jeune Charles Maurras. On pense ici à Goethe, Nietzsche et Heidegger en Allemagne, Ortega y Gasset en Espagne, à Croce, Pareto, Marinetti et Julius Evola en Italie. En France, Dominique Venner invoque les figures d’Hippolyte Taine, Anatole France, Ernest Renan, Fustel de Coulanges, Maurice Barrès, Thierry Malnier, Jacques Laurent, Lucien Rebatet et d’Emile Cioran. Sont mis en avant, à côté du père du nationalisme intégral, les cas de Louis-Ferdinand Céline ainsi que du maréchal Lyautey. Tous les trois et à leur manière rejetèrent-ils, parfois violemment, l’héritage du christianisme au nom de leur légitime interrogation. Dominique Venner nous dit que cette interrogation n’a jamais cessé d’accompagner les Européens, montrant encore une fois la permanence de notre plus ancienne Tradition. Et à ceux ne pouvant trouver dans le christianisme de réponses à leur quête spirituelle, s’impose alors rapidement la question : « Et avant ? Qu’étions-nous ? Le sommes-nous toujours ? » Dominique Venner nous dit également que cette remise en cause du mode de pensée hérité du christianisme va bien au-delà des préférences pour d’autres systèmes philosophiques et religieux. Citant Jean Raspail, écrivain catholique, Dominique Venner insiste sur le fait que certains pans du christianisme doivent être abandonnés, par les chrétiens eux-mêmes, si nous voulons survivre en tant qu’Européens. L’auteur du Camp des Saints n’hésite pas en effet à déclarer que pour gérer l’afflux d’immigrés que nous affrontons, il faudrait se montrer ferme, ce que notre charité chrétienne nous empêche de faire.
Cependant, Dominique Venner rappelle que l’implantation du christianisme en Europe répondit à un réel besoin. Lorsque Constantin se converti au christianisme aux alentours de l’an 312, l’empire romain cherchait une religion universaliste répondant à ses visées universelles. En effet, il est beaucoup plus aisé d’agréger les sujets d’un empire autour d’un culte « neutre » qu’autour des Dieux du peuple vainqueur. De plus, la séparation entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel (illustrée par la célèbre phrase : « Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu » 18) ne pouvait que plaire au pouvoir impérial, ainsi qu’à toute forme de pouvoir temporel en général. On notera tout de même que les frictions qui eurent lieu par la suite entre autorité papale et dynasties européennes ne manquèrent pas (on pensera notamment au conflit entre Guelfes et Gibelins). Quoi qu’il en soit, le christianisme fut l’essai réussit après plusieurs tentatives infructueuses (on pensera ici aux cultes de Mithra et de Sol Invictus). A travers les exemples de Rome et de Constantinople, Dominique Venner nous rappelle également que l’Eglise permit aussi la transmission de l’héritage impérial romain et assura la transmission (involontairement parfois) de l’antique Tradition. Ce qui finalement aboutit à l’explosion créatrice que constitua la Renaissance, réenclenchant dès lors le rêve impérial et universaliste européen. Mais aujourd’hui, en position de faiblesse, les Européens n’ont plus les moyens de leur universalisme. Pire, cet universalisme leur enlève toute forme de résistance. Suivant l’exemple du Japon médiéval, Dominique Venner appelle l’Europe à se recentrer sur elle-même, et pour ce faire, à ce que chaque Européen, athée, païen ou chrétien redécouvre notre plus ancienne Tradition.
Alors qu’est-ce que la Tradition ? C’est ce qui ne passe pas, qui revient sans cesse sous des formes différentes. Dominique Venner l’a montré dans Histoire et tradition des Européens 2 : ce qui fait notre singularité remonte à des temps immémoriaux. Déjà les peintures rupestres des hommes préhistoriques européens différaient de celles des autres peuples du monde. De ces témoignages, on retiendra la primauté que l’homme Européen accordait à la nature. En effet, nos ancêtres s’attachaient à représenter les animaux qu’ils côtoyaient et chassaient là où les autres peuples du monde préféraient peindre les membres de leur clan. Cette homogénéité archéologique, que l’on peut admirer de l’Atlantique à l’Oural et de la Scandinavie à la Méditerranée, nous montre déjà la spécificité des Européens. Mais surtout, c’est l’émergence des peuples indo-européens, que Venner préfère désigner par le terme « boréens » pour souligner l’origine septentrionale de nos ancêtres, qui va donner forme à notre longue Tradition et mémoire. Si les lignées d’Européens sont nombreuses (Celtes, Germains, Latin, Slaves, Hellènes), elles proviennent toutes d’une civilisation mère. Les langues que nous parlons sont elles aussi dérivées d’une langue mère. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner lorsque l’on remarque les si nombreuses ressemblances entre les mentalités de ces peuples frères. On songera à la vision trifonctionnelle du monde, au rapport à l’honneur et à la mort, à l’importance accordée à la liberté… Cette manière de voir le monde, cette manière de vivre sont restées présentes en Europe. Souvent changées, parfois oubliées, leur évocation fait toujours vibrer une corde sensible, secrète dans le cœur de chaque Européen.
Les textes qui conservent notre plus longue mémoire nous sont connus et il ne tient qu’à nous d’y retourner. Ce sont l’Iliade 3 et l’Odyssée 4. Chants de la destinée européenne, ils furent composés il y a près de trente siècle. Et si personne n’est forcé de croire au destin ni aux miracles, on reste fasciné par le fait que ces deux textes sacrés, qui sont les plus vieux écrits européens, aient pu arriver jusqu’à nous alors que tant d’autres furent perdus. A nul autre pareil, l’Iliade et l’Odyssée savent à la fois restituer les plus anciennes valeurs européennes et donner des réponses intemporelles aux défis de la vie. Si Homère fut considéré durant l’Antiquité comme l’éducateur de la Grèce selon les mots de Platon, c’est que pendant des siècles, chaque Grec était élevé avec Homère. Dès l’enfance, l’apprentissage de ces chants sacrés donnait à chacun un code de vie, c’est à dire une éthique et une esthétique. L’Iliade montre une période où dominent le courage et la force, la noblesse et la magnanimité. Et le terme « montrer » est capital. Homère montre mais n’explique pas. Il montre mais ne commente pas. C’est par l’exemplarité de ses héros que s’exprime toute la religiosité de l’Iliade et de l’Odyssée. Dans l’Iliade, les figures d’Achille et d’Hector y incarnent respectivement les modèles du guerrier ultime et du combattant patriote. Le premier mourra au combat, ayant préféré une glorieuse mais éphémère vie de batailles à une longue mais terne existence. L’autre mourra également au combat, se sachant aller à la rencontre de la mort mais s’y devant par principe, pour défendre son honneur, sa famille et sa patrie. Quant à l’Odyssée, poème du retour, de la nostalgie du pays, de la juste vengeance, il donne une vision de l’univers et de la place que l’homme occupe au sein de l’ordre cosmique assuré par les Dieux olympiens[‡]. Mortels, les hommes sont souvent montrés plus beaux que les Dieux eux-mêmes car justement mortels. Dominique Venner nous redonne alors ce mot de Goethe : « La religion grecque n’a pas rendu humaine la divinité, elle a vu l’essence de l’homme comme divine ». C’est la une des forces du message antique. Contenu par les limites inhérentes à une métaphysique de l’absolu, l’homme peut tendre vers les Dieux sans sombrer dans l’hubris.
Mais surtout, Ulysse embrasse sa condition d’humain et son humanité en préférant retrouver sa femme, sa famille et sa patrie à une vie d’immortalité et de délices dans les bras de Calypso. Ulysse rappelle également que rester auprès d’elle le fera disparaître de la mémoire des hommes. Qu’il ne sera plus un héros les inspirant. Il montre ici que le plus haut destin que puisse connaître un homme est d’être un héros célébré par ses descendants. Il nous renvoie à l’Iliade et à ces mots d’Hélène : «Zeus nous a fait un dur destin afin que nous soyons chantés par les hommes à venir » (Iliade, VI, 357-358). Telle est la leçon de l’Odyssée : notre rôle en tant qu’homme n’est pas d’aspirer à l’immortalité ou aux plaisirs sans fins mais de rechercher le bien de nos descendants.
Le monde d’Homère, celui de notre prime jeunesse est un monde où l’on est tenu à ses serments et où la gloire et l’honneur importent plus que la vie. Un monde où l’on va à la rencontre de son destin, où le désir d’excellence l’emporte sur les peurs et les doutes. C’est un monde de la transmission et de la recherche d’harmonie comme en témoigne la description du bouclier d’Achille[§]. C’est enfin un monde où les hommes font partie d’une nature sacrée et ordonnée. Comme tous les textes sacrés, ceux de l’aède Homère donnent une définition de ce que doit être une vie « belle » ou « bonne ». C’est « le désir d’excellence, le courage tragique face au destin inéluctable, la transmutation du malheur en beauté… » (P243 de Un samouraï d’Occident) que Dominique Venner résume par la triade homérique : « La nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon ». Et l’historien méditatif de conclure en ces termes (P232): « Aux Européens, le poète fondateur rappelle qu’ils ne sont pas nés d’hier. Il leur lègue le socle de leur identité, la première expression parfaite d’un patrimoine éthique et esthétique qu’il tenait lui-même en héritage et qu’il a sublimé de façon que l’on dirait divine. Les principes qu’il a fait vivre par ses personnages n’ont pas cessé de renaître jusqu’à nous, montrant que le fil secret de notre tradition ne pouvait être rompu. Ainsi l’avenir prend-il racine dans la mémoire du passé ».
Figure 4. La grande leçon d'Ulysse est que nous ne devons pas courir après des plaisirs sans fins ou des promesses d'éternité ici ou dans l'au-delà. Notre éternité, c'est la perpétuation de notre peuple. Notre immortalité, c'est notre renommée accompagnant nos descendants.
De cette Tradition, une philosophie est née. En Grèce encore une fois vit elle le jour mais très vite elle vint à la rencontre d’un peuple frère. Cette philosophie, c’est le stoïcisme. « Discipline intérieure et école du courage » pour Dominique Venner, elle fut adoptée par les Romains, peuple guerrier de haute tenue. Ayant pour valeur abnégation, décence, mesure et bienveillance, l’école du stoïcisme offre à ses pratiquants une véritable gymnastique de l’âme. Ses buts ultimes sont le bonheur par le détachement et l’impassibilité face à la mort, de sorte que l’âme en devienne inviolable, prête à tous les défis que l’univers puisse présenter. Ainsi parlait Epictète, un des grands maîtres du stoïcisme impérial : « Anytos et Mélitos peuvent me tuer, mais non me nuire » (Le Manuel 20 LIII, 4).
Pour cheminer sur la voie du stoïcisme, les maîtres enseignaient deux grands principes. Tout d’abord de vivre en accord avec les lois de l’Univers et ensuite de rester indifférent aux choses indifférentes. Tout ce qui ne dépend pas de notre libre-arbitre ne peut donc être le centre de nos pensées car nous n’avons par définition aucune prise sur de telles choses. Ainsi doit-on être indifférent à la mort, aux maladies, aux richesses et la gloire car elles peuvent nous toucher ou nous quitter sans que nous n’y puissions rien. Si poussés à l’extrême, ces principes peuvent tourner à l’absurde (doit-on délaisser toute passion, doit-on rester insensible à la mort d’un proche ?), ils n’en constituent pas moins les fondations d’une authentique tenue. C’est là un enseignement commun aux textes homériques et au stoïcisme. A défaut de pouvoir contrôler notre destin, nous devons être capables de nous contrôler nous-même. Et ce sont autant de valeurs que nous aurons besoin de cultiver face aux dures épreuves qui nous attendent. Ce qui le rend également si proche de nous (et donc si nécessaire), c’est l’importance accordée à sa pratique. Caton d’Utique n’était pas un philosophe et il fut pourtant considéré comme un grand stoïcien. Comme le souligne Dominique Venner (Page 256) : « L’ancien stoïcisme se voulait avant tout une sagesse individuelle, une école de discipline et de sérénité intérieure qui tenait à l’écart « ce qui ne dépend pas de nous » et laissait donc la personne disponible pour le service de la res publica. Nombreux furent ainsi les stoïciens à exercer de hautes fonctions à Rome. [Et] le stoïcisme, parce qu’il exigeait de ses adeptes courage, endurance, patience et magnanimité, était une haute école où s’acquéraient les vertus civiques et aristocratiques. L’empereur Marc Aurèle incarna ces vertus dans ses actes autant que dans ses écrits 21 ». Ces mots résonnent en nous. En des temps où les mots doivent être authentifiés par des actes, la pratique réelle d’une philosophie antique est le premier pas vers la reconquête de notre identité. Et la pratique du stoïcisme constitue, plus que tout, une voie vers ce qui est élevé. Il n’appartient encore une fois qu’à nous de cultiver ce que les Romains appelaient gravitas, virtus et dignitas (respectivement grandeur d’âme, courage moral et honneur). Interrogeons-nous ainsi que notre époque. Avons-nous aujourd’hui une telle équivalence dans notre existence ? La société à laquelle nous appartenons enseigne et promeut-elle de telles valeurs ? A la réponse bien évidemment négative que nous livrons, notre instinct doit immédiatement nous demander « Pourquoi ? » Que le monde dans lequel nous vivons n’arrive même pas à conceptualiser de telles valeurs nous empêche-t-il de les faire nôtres ? Ces principes de vie ne sont pas l’apanage d’une époque ou d’une classe sociale. Notre histoire regorge d’hommes et de femmes qui s’illustrèrent par leur exemplarité. Qui refusèrent de se soumettre, de se laisser gagner par l’entropie ambiante. Le stoïcisme fait siens des principes naturels que, Dominique Venner le rappelle, bien des femmes incarnèrent admirablement. Il convient de le souligner, les femmes sont partout présentes dans Un samouraï d’Occident. Comme pour mieux mettre en valeur le rôle que la femme assure dans la transmission de la Tradition, les femmes traversent les pages de Un Samouraï d’Occident comme autant d’époques. Chaque fois, on est saisi par la noblesse qui se dégage de ces femmes qui stoïquement, fémininement, eurent à affronter les affres de leur temps ou de leur condition. A cette Française de la cité des 4000 qui vit en terre étrangère dans son propre pays, à cette Berlinoise qui dût affronter les exactions de l’Armée Rouge, à l’Impératrice Michiko veillant sur les âmes japonaises, à la Reine d’Angleterre prête à affronter l’hostilité de tout son peuple pour ne pas déroger aux principes, à Charlotte Corday qui resta digne jusqu’au bout… Dominique Venner rend hommage. Car Dominique Venner sait que les femmes européennes, respectées dans notre Tradition, auront autant d’importance que les hommes dans les conflits qui s’annoncent. Dominique Venner a voulu transmettre son message. C’est pourquoi il s’adresse ici en priorité aux femmes. Car ce sont elles qui sont les gardiennes de la flamme sacrée, celles qui transmettront l’héritage de notre grande Europe.
Du réveil de l’Europe, Dominique Venner n’a jamais douté. Avec les manifestations contre le mariage homosexuel, il put même voir les signes avant-coureurs d’une grande révolution conservatrice européenne. Ces signes, qu’il ne pensait pas voir de son vivant, confirment cette assurance que nous devons faire nôtre, ainsi que le rôle de l’imprévu dans l’histoire. Ces premiers soubresauts nous montrent que l’histoire n’est pas écrite et que notre peuple n’est qu’endormi.
Dominique Venner, confiant dans la résurgence de notre plus longue mémoire a accompagné le réveil de l’Europe. Nous montrant la voie des poèmes fondateurs et du stoïcisme, l’historien méditatif a ainsi pu remplir son rôle parmi nous.
Conscient que le chemin à parcourir est encore long, Dominique Venner nous enjoint à présent à réinventer l’Antiquité qui nous portera comme elle porta nos ancêtres. Cet appel à une refondation de notre Tradition a été lancé le 21 mai 2013 à 14h42 en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Et que ceux qui ont des oreilles pour entendre sachent qu’à un geste antique on ne pourra répondre que par un autre geste antique.
Pour le SOCLE :
- Revenir aux poèmes fondateurs et aux valeurs antiques portées par le stoïcisme
- Comprendre et faire comprendre que ces valeurs n’imposent aucune sorte de reniements aux vrais Européens
- La nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon
- Nous devons revenir à une métaphysique de l’absolu.
- Mettre en valeur le rôle de la femme dans la transmission
- Avoir confiance dans les forces profondes qui nous animent
- Fermer l’Europe à l’extérieur, que nous puissions enfin nous recentrer sur nous-même.
Bibliographie :
- Un samouraï d'Occident. Dominique Venner. Editions Pierre-Guillaume de Roux
- Histoire et tradition des Européens. 30 000 ans d'identité. Dominique Venner. Editions du Rocher
- L'Iliade. Homère. Traduit du grec par Fréréric Mugler. Babel. (Dominique Venner a pour préférence la traduction de Leconte de Lisle)
- L'Odyssée. Homère. Traduit du grec par Victor Bérard. Folio Classique
- Pour une critique positive. Dominique Venner. Idées
- Le cœur rebelle. Dominique Venner. Editions Pierre-Guillaume de Roux
- Le siècle de 1914. Dominique Venner. Pygmalion
- Fides et ratio. Jean-Paul II. Editions Pierre Tequi
- Foi, raison et université - Souvenirs et réflexions. Benoît XVI. Site internet du Vatican
- Genèse 1:28
- Orthodoxie. Gilbert-Keith Chesterton. Editions Saint-Rémi
- Dieu et le roi : Correspondance entre Charles Maurras et l’abbé Penon (1883-1928). Axel Tisserand. Privat
- Consanguinity, human evolution, and complex diseases. A. H. Bittles et M. L. Black. Proceedings of the National Academic Sciences of the USA, Vol. 107, N°1
- Hagakure : Ecrits sur la voie du samouraï. Yamamoto Tsunetomo. Budo Editions
- La Mort volontaire au Japon. Maurice Pinguet. Tel-Gallimard
- Les Croisades. Zoé Oldenbourg. Folio Histoire
- Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc. Eugen Herrigel. Editions Dervy
- Marc 12:17
- Théogonie / Les Travaux et les Jours / Hymnes homériques. Hésiode. Folio Classique
- Le Manuel. Epictète. GF-Flammarion
- Pensées pour moi-même. Marc-Aurèle. GF-Flammarion
Notes:
[*] Bien que le stoïcisme soit d’origine grecque, c’est le fruit de sa rencontre avec l’esprit romain qui est mis ici en avant.
[†] Que faire est un traité politique écrit par Lénine en 1901-1902 et qui propose le passage de la théorie marxiste à une véritable conquête du pouvoir.
[‡] On pourra également à ce sujet se rapporter aux textes d’Hésiode19 en particulier La Théogonie.
[§] Le bouclier d’Achille (chant XVIII), forgé et décoré par Héphaïstos, montre la société antique, représentée par deux cités, l’une en paix, l’autre en guerre mais toutes deux inscrites dans l’ordre cosmique (symbolisé par la voute céleste). La première ville représente le 1er ordre (cérémonies, justice, cercle sacré). La seconde ville représente le 2nd ordre (guerre). En plus des deux villes est représenté le monde agricole (3ème ordre). A l’extrême bord du bouclier est placé l’Océan (notion de limite, de borne).