Revenir à la Nation est un essai politique qui met en évidence la nécessité pour les peuples européens de se réapproprier la fierté culturelle et civilisationnelle absolument nécessaire à leur survie1. Celle-ci apparait impossible sans un minimum de ce que l’auteur appelle un « égoïsme sacré ». Faisant le lien avec Lévi-Strauss, Harouel affirme que la subsistance d’un groupe humain passe par l’ « amour particulier », en opposition avec l’ « amour universel » issu de la doctrine chrétienne dévoyée. Il démontre ainsi en quoi l’Etat-Nation demeure toujours actuellement pour les peuples européens le cadre privilégié au sein duquel cet « amour particulier » doit faire loi.
L’essai est structuré en trois parties : Une première qui analyse en quoi les Nations, qui ont su durant plus de 1500 ans coexister de façon admirable et synergique avec le christianisme, sont actuellement victimes des idéologies postchrétiennes, de la « tyrannie de l’Universel » ; Une deuxième partie dans laquelle il traite de l’origine du concept d’Etat-Nation européen qui réside dans la notion de peuple élu et dans le système politico-juridique du royaume d’Israël ; Une troisième qui expose la nécessité d’un renouveau de l’application de ce système d’Etat-Nation pour les nations européennes et précise les différentes modalités de ce renouveau : application de l’« amour particulier », recentrage de l’Etat sur la Nation en s’inspirant du modèle israélien, destruction de l’Union Européenne, arrêt et refoulement de l’immigration de peuplement.
Vaslav Godziemba, pour le SOCLE
La critique positive de Revenir à la Nation au format .pdf
« Le monde moderne est plein d’idées chrétiennes devenues folles »
Gilbert Keith Chesterton
I. L’auteur de Revenir à la Nation : Jean-Louis Harouel
Jean-Louis Harouel est professeur d’histoire du droit et des institutions à l’Université de Paris II. Initialement spécialiste de l’histoire de l’Etat par le prisme du droit, son champ de publication couvre les domaines de l’économie, de la sociologie, de la culture et de l’art. Il fait généralement appelle à une grille de lecture centrée sur la question identitaire. Médaillé de l’académie des sciences morales et politiques, il est l’élève et disciple de Jean Fourastié, connu du grand public pour être à l’origine de l’expression « Trente Glorieuses » et de l’analyse des causes de cette période de croissance économique soutenue pour les pays européens. Il a récemment connu un franc succès au sein de la droite nationale avec la Grande Falsification, pamphlet dans lequel il démontre en quoi l’art contemporain est une supercherie esthétique depuis ses origines au début du XXe siècle, et quelles seraient les voies de salut artistique envisageable pour la civilisation occidentale.
II. Critique Positive de Revenir à la Nation
L'analyse d'Harouel est assez systématique. Elle repose sur la dialectique existante entre un particularisme national, porté par un « amour particulier », celui du « Même » ; et un universalisme, porté par un « amour universel du genre humain », celui de l'« Autre ». L'Europe a toujours été pénétrée de ces deux tropismes. Ils trouvent leurs origines respectives dans les textes bibliques : l'« amour particulier » est un legs de l'Ancien Testament et des textes juifs, qui donnaient priorité au semblable, circonscrit au royaume d'Israël ; par opposition, l'« amour universel » est issu de l'ajout des Evangiles aux textes hébraïques, sacralisant l'« Autre » comme le prochain, comme le frère, et étendant à cet effet la notion de « peuple élu » à l'humanité entière par la biais de la Foi en Dieu2.
Et il n'est pas question chez Harouel de donner en terme éthique absolue préséance d'un type d'amour sur l'autre. Chacun a sa grandeur : le legs des Evangiles a permis le développement et l'avènement de la modernité juridique, scientifique et sociale de l'Europe ; et le risque de dérives individualistes et de collapsus au nom de l'Amour du prochain ont été contrebalancés harmonieusement par l'héritage juif de l'appartenance à un peuple particulier, défini et essentiellement « supérieur » aux autres et vivant dans la structure bien spécifique de l’Etat-Nation. Harouel ajoute par ailleurs que chacun a aussi sa monstruosité : l'une s'appelle « nazisme », l'autre « communisme ». Cependant il y a « un point de rupture » à partir duquel l’ « amour particulier » doit l’emporter sur l’ « amour universel » : précisément lorsque l’existence même du groupe humain considéré est menacée. Les européens du XXIe siècle sont actuellement dans la situation où ce choix, naturel pour tout peuple en bonne santé, ne leur apparait pas évident. Ils sont « les prisonniers du devoir d’universalisme auquel les condamne l’idéologie postchrétienne », et les décideurs politiques de l’Union Européenne (là où réside le réel pouvoir politique du continent) ont organisé et participent activement à cet état de fait.
Les nations européennes victimes des dévoiements du christianisme
Harouel commence son essai par une analyse des causes de ce déni de nation suicidaire des peuples européens. C’est dans le dévoiement des idées chrétiennes qu’il les trouve, et non dans le christianisme en lui-même. En effet on pourrait penser a priori que la religion chrétienne est fondamentalement l’ennemie de l’idée de Nation. Ainsi selon le philosophe catholique Maurice Blondel du début du XXe siècle, « ce nationalisme particulariste et « égotiste » est l’anticatholicisme même »3. Cependant Harouel rappelle qu’en rester là revient à oublier que catholicisme et Nation ont su faire « très bon ménage » durant un millénaire et demi en Europe, et spécifiquement en France. En réalité si la doctrine chrétienne n’a aucun problème à accepter le concept même de Nation, c’est grâce à la révolution que Jésus opère en séparant les domaines du religieux et du politico-juridique. « Il faut rendre à César ce qui est à César »4 disent les évangiles. La seule et unique fois que les textes sacrés chrétiens évoquent le politique, c’est précisément pour affirmer que l’ordonnance de la cité terrestre ne regarde que les hommes. Le salut du chrétien ne passe aucunement par un ordre juridique humain mais est seulement affaire de foi personnelle.
Cela explique le peu d’importance que le christianisme va donner au type de régime politique au sein duquel il est vécu. L’être religieux est par conséquent dissocié du citoyen, et la cité céleste de la cité terrestre. Ainsi, alors que l’Amour de l’Autre prôné par l’évangile ne prédisposait absolument pas l’Europe à inventer l’Etat-Nation, c’est la séparation stricte entre religieux et politique prônée par les mêmes évangiles qui a permis cette réalisation. En chaque européen, « l’universalisme chrétien s’adressait à l’être de religion, le particularisme de la nation s’adressait à l’être politique ». Comme le fait remarquer l’auteur, l’amour du prochain n’a pas empêché les peuples de la chrétienté de se combattre, au point que lors de la guerre de Cent ans, bien des Français « se faisaient du souci à l’idée de retrouver les Anglais au ciel ! ». Ainsi dans la chrétienté occidentale médiévale et moderne, l’Etat-Nation a su admirablement cohabiter avec les instances religieuses, « les potentialités socialement négatives de l’amour universel chrétien s’étaient trouvées utilement contrebalancées par la dimension fortement particulariste de l’idée nationale ».
Harouel analyse à ce niveau la raison pour laquelle cette disjonction est fondamentale. En effet il y a une impossibilité essentielle à gouverner selon la morale de l’évangile et l’Amour Chrétien. Celui-ci est « sagesse dans la perspective du salut, folie au regard des dures réalités de l’existence terrestre ». L’auteur met en lumière ici que Jésus n’a jamais entendu fonder de société sur les valeurs qu’il prônait, mais qu’il a donné des indications à ses disciples en vue d’un rachat personnel et de l’obtention de leur entrée en la cité de Dieu. La morale de l’évangile n’a en aucun cas vocation à régenter l’ordre social, mais est une voie de sanctification purement individuelle.
Figure 1 : « Le salut du chrétien ne passe aucunement par un ordre juridique humain mais est seulement affaire de foi personnelle »
Ecce homo, Antonio Ciseri (1871)
En effet les valeurs de tolérance absolue et d’amour inconditionnel de l’Autre (« Aime ton ennemi » ; « tend l’autre joue après t’être fait battre la première »), si elles sont appliquées par un Etat, sont suicidaires et criminelles envers sa population. Citant Machiavel, Harouel rappelle que le « devoir d’un gouvernant est de défendre la patrie, glorieusement ou non », quitte à sacrifier son salut personnel. La conceptualisation définitive de cette nécessité a été faite par Max Weber lorsqu’il distingue deux types de morales : la morale de responsabilité et la morale de conviction. La première est définie par l’adoption des moyens adaptés au but poursuivi, et donc socialement au potentiel sacrifice dans l’intérêt supérieur de la Cité5. La seconde érige en norme absolue un principe que l’on se doit de suivre catégoriquement, sans regarder les conséquences pratiques qui en découlent. Il apparait ainsi clair dans l’optique wébérienne, reprise plus tard par Raymond Aron, que la morale de conviction ne peut être la morale de l’Etat. L’amour de l’Autre jusqu’au mépris de soi relève de la morale de conviction et ne devrait jamais inspirer les gouvernements.
Après avoir réhabilité la doctrine chrétienne fondamentale quant à la crise du particularisme national, l’auteur affirme que ce sont les reliquats de la doctrine chrétienne issus de sa sécularisation et marqués de l’empreinte de la modernité qui en sont à l’origine. Harouel valide la thèse de Chesterton exprimant que le monde occidental moderne serait « plein d’idées chrétiennes devenues folles ». Ces idéologies postchrétiennes sont identifiées ici comme des « millénarismes séculiers ». Originellement, le millénarisme était un courant qui déviait de la doctrine officielle de l’Eglise et qui reposait sur la croyance en un règne de mille ans du Christ venu apporter aux Hommes abondance matérielle et spirituelle sur terre. Prolongement du messianisme juif, il est utilisé par Harouel pour désigner la croyance en une rédemption collective terrestre instauratrice d’un monde parfait6. Ainsi la sécularisation de la doctrine chrétienne et l’émergence d’une Europe sans Dieu ont fait surgir de nouvelles formes de religions séculières, millénaristes, qui proposaient une transcendance de substitut à la Foi Chrétienne et « un cheminement historiciste vers un salut collectif et terrestre » : le communisme, le scientisme et le droits-de-l’hommisme en sont trois exemples archétypaux. Fondamentalement opposé à la doctrine chrétienne, qui ne cherche pas de rédemption terrestre, ce post-christianisme est à l’origine de l’Amour paroxystique de l’Autre et du mépris de soi qui affaiblissent actuellement les européens. François Furet remarquera à cet égard que « les droits de l’homme sont notre religion civile » et qu’ils ont « remplacé la lutte des classes, avec un objectif identique, qui est l’émancipation de l’humanité ». Cette religion séculière sacralise alors l’Amour de l’Autre et la destruction des particularismes nationaux au nom de la fraternité universelle du genre humain. L’avènement de la parousie collective ne passe plus par la suppression de la propriété comme chez Marx mais par la disparition de toute discrimination.
En historien averti du droit européen, Harouel attire notre attention sur les conséquences catastrophiques de ce post-christianisme sur la justice et le droit. Dans un formidable mouvement de régression social, on a assisté depuis la sortie de la guerre en Europe à un retour de la religiosité au sein même de la loi7. Celle-ci est une conséquence de l’affaiblissement de la spiritualité chrétienne des européens et d’un report de la transcendance biblique sur le code moral édicté par le droit. Et ce sont in fine des idéaux présents dans les évangiles qui vont aller à l’encontre de la morale chrétienne traditionnelle ! A titre d’exemple, l’auteur cite le principe d’égalité, qui est à l’origine du droit au mariage pour les personnes de même sexe, et le principe de liberté de choix de l’individu qui a fondé la libéralisation du divorce, le droit d’avorter à son gré, et peut-être demain le suicide médicalisé ou la location de ventre pour couple homosexuel. La cohésion et la cohérence de la société s’en trouvent dès lors grandement fragilisées, prouvant que l’application de la morale de conviction wébérienne à l’échelle d’un peuple favorise le collapsus de ce-dernier. D’un devoir qui n’était qu’individuel en vue du salut, nous sommes passés selon Harouel à une obligation juridique ! La loi Pleven de 1972, la Convention européenne des droits de l’Homme de 1975 et le nouveau code pénal français de 1994 frappent comme délit pénaux les pratiques discriminatoires, classées « en tant qu’atteintes à la dignité des personnes ». Pour la loi Gayssot de 1990, on peut sans mal parler de la réintroduction de l’interdit de blasphème, consacrant définitivement cette régression sans précédent du droit. Pour Harouel, la conjonction du transfert de pouvoir législatif réel à l’Union Européenne avec la nouvelle sacralisation postchrétienne du droit pénal lui fait écrire que nous sommes officiellement passés « du régime libéral originel » à « un régime disciplinaire ».
Politiquement, le post-christianisme millénariste qui a permis l’avènement de la crise des particularismes nationaux a été pour Harouel la démocratie chrétienne d’après-guerre. Celle-ci avait alors deux ennemis fondamentaux : la Nation et la démocratie libérale (dans son acceptation du XIXe siècle). Des mots mêmes des fondateurs de l’Union Européenne, Robert Schuman, Alcide de Gasperi et Konrad Adenauer, tous chrétiens-démocrates, la construction européenne devait être mue par l’idée de « limiter la notion traditionnelle de souveraineté populaire » et qu’il fallait chercher pour se faire « un consensus parmi les élites » – sous-entendu sans consultation des peuples – « pour créer les mesures technocratiques et administratives adéquates »8.
Mettant en avant l’idée que le rejet de l’ « Autre » aboutissait systématiquement à la guerre et à la déraison humaine face à une Europe qui comptait encore ses morts, la fin de l’Etat-Nation a été tant programmée sans consultation des peuples qu’implicitement consentie par la léthargie de ces-derniers. Détruisant le sentiment d’appartenance nationale et rabaissant la démocratie libérale à « des valeurs de tolérances et de dialogue », le post-christianisme de l’amour de l’Autre a été promulgué par nos élites comme la « norme juridique et politique suprême ».
En conclusion de cette première analyse, Harouel fait observer que face à ce post-christianisme totalitaire, l’Eglise fait preuve d’un remarquable désintérêt. Alors que parcourir l’Histoire des nations européennes sans évoquer le rôle de l’Eglise relève selon lui du non-sens, il semble que cette dernière soit devenue un « monstre froid » ayant pris acte que son union sacrée avec le continent européen semble définitivement caduc. Le fait que la grande majorité des croyants et la plus forte ferveur se retrouvent dans les pays du Tiers-Monde expliquerait les prises de positions immigrationistes du Vatican réitérées constamment depuis un demi-siècle. L’Eglise est actuellement scindé en deux courants : l’un encore authentiquement catholique, entré dans une crise profonde ; et l’autre s’inscrivant dans une logique postchrétienne millénariste. Le tournant a été observé sous Jean XXIII lorsque celui-ci déclara qu’il devait intervenir « non seulement en raison du salut des hommes, mais aussi au nom des droit de l’homme ». Harouel fait remarquer que l’Eglise n’est pas dans son rôle lorsqu’elle se mêle du politico-juridique, en prenant parti explicitement pour la démocratie et contre la régulation des flux migratoires à destination des nations européennes. L’exemple du pape François est à cet égard parfaitement représentatif : ayant choisi selon Harouel la « posture de chef d’un mouvement humanitaire », il transforme de facto l’Eglise en une « grande ONG droits-de-l’hommiste ». Le constat confine au pessimisme : l’Eglise, elle-même « contaminée » par le post-christianisme millénariste, ne prendra pas position en faveur des particularismes nationaux.
Le modèle de l’Etat-Nation et la priorité à l’amour des siens
C'est dans une seconde partie qu'Harouel analyse les causes de l'émergence du modèle des Etats-Nations européens, tant dans leur acceptation religieuse que séculière. Afin de donner une assise et une dignité d'ordre divine aux particularismes nationaux européens, le message de l'Evangile n'est d'aucune utilité. C'est dans l'Ancien Testament que les Etats européens médiévaux ont pu trouver une légitimité sacrée à leur particularisme et à la double armature doctrinale de l'édification de l'Etat-Nation : un roi sacré par le pouvoir divin, sur le modèle de la « royauté de David et de Salomon » et un peuple élu du ciel. Les preuves de cette filiation sont légions : on en retrouve chez Jean Bodin, Hobbes, St. Thomas d'Aquin, et chez tous les bâtisseurs de ce qui allait devenir l'Etat-Nation moderne9. Elle s'appuie sur l'idée déjà présente chez Justin que les juifs, ayant refusé l'accomplissement de la prophétie des prophètes de l'Ancien Testament en ne reconnaissant par la figure du Christ, ne forment plus le peuple élu de Dieu. La continuité de l'élection divine s'incarnerait désormais dans les seuls hommes ayant suivi le message des Evangiles, à savoir les chrétiens. La chrétienté médiévale se disait alors être le peuple élu, appelé par les théologiens de l'époque le « verus Israel », le véritable Israël. Ainsi Harouel expose que « les peuples européens ont vécu le christianisme sur un mode juif, c'est-à-dire dans un cadre national construit sur le modèle du peuple élu biblique » et que « la croyance en un seul et même Dieu, qui aurait pu freiner les nationalismes naissants » n'y a pas fait obstacle, et par conséquent que « la plupart des nations européennes médiévales s'inscrivent sans problème dans le cadre religieux ». Et la France du Moyen-Age est exemplaire selon l’auteur de ce particularisme soutenu par l'idée de peuple simultanément chrétien et élu par Dieu. Il était communément admis déjà très tôt par les clercs carolingiens que le Christ avait « une préférence pour les français », comme le proclame explicitement le prologue de la Loi Salique de l'abbaye de St. Denis au milieu du VIIIe siècle. Le pape Etienne II ne fera que confirmer la thèse en écrivant peu après à Pépin que la « nation franque » se trouve « au-dessus de toutes les autres nations ». C'est à partir du XIIIe siècle que l'idée est définitivement consacrée : le roi de France est « rex christianissimus » - le plus chrétien de tous les princes - et est assimilé aux grands rois hébraïques. C'est par exemple ce processus, aidant à faire émerger un « sentiment national français », qui a fait dire au conseiller de Charles V Philippe de Mézières que le jeune Charles VI était le « nouveau Moïse » capable seul de rétablir l'unité de la chrétienté ; ou aux clercs sous Charles VIII que le peuple de France descendait directement du roi David10.
Il est intéressant de noter par ailleurs que c'est en partie via la maturation d'une conception initialement juive qu'ont pu être légitimées les persécutions anti-juives des chrétiens ! Comme le remarque Harouel, « en s'en prenant aux juifs, la chrétienté européenne médiévale et moderne s'est comportée de manière juive, à savoir en peuple sûr de son élection divine et ne supportant pas les présences jugées impures » ! Comme l'a noté Voltaire avec ironie : « on brulait des Juifs en chantant des cantiques juifs ». Conséquence de cet état de fait, le sentiment national européen non-religieux, né en Europe de la Révolution Française, provient en réalité de la sécularisation du sentiment national chrétien d'inspiration juive. Et les thèses nationalistes du XIXe siècle ne sont que son aboutissement laïcisé, un « messianisme national postchrétien d'inspiration juive ». Et Harouel d'affirmer qu' « au postchristianisme de la religion de l'humanité » a répondu durant plus d'un siècle et demi dans l'Europe moderne « le post-judaïsme de la religion de la Nation ». Sous le poids à la fois de la criminalisation permanente de l'idée de Nation en tant que responsable des horreurs de la seconde guerre mondiale et de l’action des millénarismes postchrétiens, cette religion de la Nation a aujourd'hui disparu officiellement de la carte des idées politiques de l'Europe11. Elle ne laisse la place qu'au post-christianisme à une heure où il aurait été bon de la valoriser, sous peine de voir la civilisation occidentale mourir par manque de cette « égoïsme sacré ».
Face à la déliquescence du sentiment national européen, Harouel déclare dès lors que l’Etat moderne d’Israël pourrait naturellement être une source d’inspiration politique afin de recréer une vigueur identitaire en Europe. Historiquement, il est établi que le sionisme a trouvé son origine dans le terreau des courants nationalistes européens, principalement au XIXe siècle. Il est une suite du célèbre « Printemps des peuples » de 1848, lors duquel les Serbes, les Hongrois, les Polonais et divers autres peuples européens ont revendiqué le droit pour un peuple soudé par une identité à disposer d’un Etat propre. Imitant les autres peuples européens, les juifs de la diaspora (et tout particulièrement ceux de l’Est européen, très influencés par le nationalisme séculier européen), ont voulu d’un Etat-Nation juif. Le sionisme s’est ainsi toujours réclamé explicitement de l’Europe12. L’un des grands fondateurs du sionisme, Zeev Jabotinsky, reconnaissait sans mal en 1925 « le rôle indispensable de la civilisation européenne, laquelle se caractérisait par la curiosité intellectuelle, le dynamisme » et un soupçon optimal « d’interférence de la religion dans la vie quotidienne » dans l’émergence de la doctrine sioniste. Israël est ainsi actuellement le dernier représentant du modèle d’Etat-Nation sûr de son identité que l’Europe chrétienne a pu fournir.
L’auteur, faisant acte de cette réalité politico-historique, pose ainsi la question : « Quelles sont les leçons d’Israël pour les pays de l’Europe occidentale ? ». Et il ne s’agit bien évidemment pas chez Harouel de faire du modèle Israélien le nôtre dans sa globalité, mais « plutôt d’en rechercher l’esprit pour s’en inspirer au besoin ». A l’instar des clercs carolingiens qui ont trouvé la source de la légitimité du particularisme national en terre chrétienne dans l’Ancien Testament, il pourrait s’agir pour les européens de suivre l’exemple du lien « de rigoureuse interdépendance entre l’Etat et une nation strictement définie ».
Figure 2 : « Les thèses nationalistes ne sont qu’un messianisme national postchrétien d'inspiration juive » République universelle, démocratique et sociale, Fréderic Sorrieu (1848)
Naturellement préservé de l’influence du post-christianisme par son identité juive, l’Etat juif n’existe qu’« au service de la nation juive ». Shlomo Sand, juif émancipé et connu pour ses prises de positions contre la forme de l’actuel Etat juif, en fait un résumé repris par Harouel : « L’Etat Hébreu circonscrit à ses juifs l’essentiel du bien public par l’intermédiaire de sa législation. Les enfants d’Israël bénéficient ouvertement de la préférence de l’Etat. Quant aux autres, selon l’esprit de ses lois, l’Etat n’est pas le leur.
Il n’est pas celui des citoyens considérés comme non-juifs, exclus explicitement du corps civique dans l’intérêt duquel l’Etat a vocation à exister »13. Selon Harouel, ce processus de préservation de l’identité, dont la matrice juridique n’est présente sous cette forme qu’en Israël, pourrait être un modèle duquel s’inspirer afin de refaire des Etats européens les serviteurs de la volonté des peuples d’Europe. Alors certes l’Etat d’Israël pose aussi la problématique de la revendication légitime d’un autre peuple sur son territoire : celui des palestiniens. Harouel le reconnait volontiers en reprenant la sentence de Shlomo Sand : « la société israélienne est l’une des plus racistes du monde occidental ». Mais il s’empresse de préciser à juste titre que si les individus peuvent s’émouvoir du sort des populations du Proche-Orient, les nations européennes n’ont pas a priori à prendre parti pour une population contre l’autre. La priorité est de s’occuper de soi, et de trouver rapidement un modèle efficace afin de préserver nos particularismes. Car enfin, pour Israël comme pour tout peuple sain, « mieux vaut être qualifié de raciste que de périr ».
Voies de salut pour les nations d’Europe
Après avoir analysé les cause de la crise de la notion d’Etat-Nation en Europe, dans la dernière partie de l’essai, intitulée « Faire Revivre les nations d’Europe », Harouel s’attache à mettre en lumières les voies de salut qui permettront selon lui de palier au déficit de fierté nationale des européens et d’éviter le collapsus définitif de leur civilisation. En préambule, il se donne pour tâche de montrer en quoi la notion de « nation-race supérieure » n’est pas pertinente afin de raviver l’« amour particulier », là où la notion d’« hérédité » est bien préférable.
A la suite de Lévi-Strauss, Harouel affirme qu’il y a une « propension naturelle des peuples à se définir comme groupe racial supérieur ». Cependant cette inclination ne doit pas cacher le fait que les nationalismes européens exacerbés ont conduit l’Europe au siècle dernier à un conflit fratricide responsable de la perte de la domination géopolitique des européens sur le monde. Et l’influence de la doctrine juive a eu à cet égard un rôle majeur à jouer dans ce paroxysme délirant. La certitude présente dans le judaïsme rabbinique d’être un groupe humain biologiquement supérieur aux autres émane initialement d’une lecture littérale de la Genèse appelée « préadamisme ». Dans cette interprétation, les juifs descendent d’Adam, modelés par Dieu et animés du souffle divin, tandis que les autres hommes ont été créés à la manière des animaux, sans ce souffle divin.
Elle est une « version biologique de la notion religieuse de peuple élu », et a été à l’origine d’une énorme littérature théologique au sein des milieux rabbiniques. C’est précisément cette idée qui explique le sentiment fort de supériorité raciale de nombre d’intellectuels juifs du XIXe siècle. A titre d’exemple frappant, on se rappellera de Lucien Wolf, rédacteur en chef du Jewish World et négociateur anglais du traité de Versailles, affirmant en 1884 « qu’il est bien connu que les Juifs sont une race réellement supérieure, physiquement, mentalement et moralement, aux peuples parmi lesquels ils vivent »14. Et cette notion déjà présente dans les textes juifs commentant l’Ancien Testament ont su servir, sur un terrain idéologique propice, à l’exacerbation outrancière du sentiment national des peuples européen par la notion de « nation-race ». L’Allemagne en fournit l’illustration la plus tragique. S’il ne faut pas nier que le sentiment racial existait de façon explicite plusieurs siècles avant les nationalismes séculiers, la doctrine juive a naturellement inspiré ces-derniers. Simone Weil l’a remarqué : « c’est au judaïsme qu’Hitler a emprunté son modèle de machine politique, c’est-à-dire la notion de la race élue »15. En réponse, et reprenant les travaux de Claude Lévi-Strauss sur le sujet, Harouel rappelle que le racisme n’a pas de fondement scientifique en l’état actuel de nos connaissances et qu’il ne participe pas à un particularisme national géopolitiquement apaisé. Barrès, qui avait bien compris qu’une conception étroitement racialiste de la Nation était peu probante, le résumait très simplement en 1921 : « Nous ne sommes pas une race, mais une Nation ! ». Ainsi sans nier que la « souche raciale » soit une composante comme une autre de l’identité des peuples et que la volonté de conservation de celle-ci soit tout à fait légitime, la « nation-race » apparait bien moins pertinente et très réductrice par rapport à celle d’ « hérédité » qu’il propose de remettre en amont des idées européennes du XXIe siècle.
La notion d’« hérédité » prend en compte le triple bagage transmis de générations en générations : il y a un héritage biologique, un héritage affectif et un héritage intellectuel. L’héritage biologique assoit la légitimité d’appartenance par le sang ; l’héritage affectif est la Tradition de nos pères, et englobe toute la sphère des représentations culturelles et esthétiques d’un peuple ; enfin l’héritage intellectuel est à comprendre dans l’acceptation de la Nation au sens de Renan, comme un « plébiscite de tous les jours » fondé sur la volonté de « vivre-ensemble » et caractérisé par un « contrat social ». Il est fondamental de voir que les trois types d’héritage ne peuvent être séparés sans quoi la Nation ne saurait tenir : tous sont nécessaires mais aucun n’est suffisant. Tout particulièrement l’héritage intellectuel, qui lorsqu’il est posé comme seul fondement de la Nation, comprend le danger de l’ouverture à des groupes identitaires concurrents au sein même de celle-ci et à la création d’un choc des échelles de valeurs ethnico-culturelles.
III. Conclusion: la sortie de crise ou le retour au particularisme national
Découlant de cette introduction, Harouel annonce point par point les solutions qu'il conviendrait d'appliquer afin de sortir de la crise identitaire actuelle et de revenir à cet « amour particulier ». De par leur portée métapolitique et leur objectif final, le SOCLE en fait naturellement un matériau intellectuel duquel s’inspirer dans le cadre de ses combats. On peut schématiquement distinguer deux grands types de solutions : 1. Celles qui consistent à « recentrer l'Etat sur la Nation » ; et 2. Celles qui impliquent la destruction de l'Union Européenne et l'affirmation d'une fraternité entre les peuples d'Europe.
En ce qui concerne le recentrage de l'Etat sur la Nation :
- Refonder l'école de la nation de façon efficace : Recoupant les conclusions qui sont celles du SOCLE à ce sujet, Harouel affirme que le premier levier du redressement est l'éducation des jeunes européens. Actuellement soumis aux idéologies postchrétiennes de l'égalitarisme, de l'arasement des compétences et du culte de l'Autre, l'école a pour objectif actuel de produire des militants des luttes contre toutes les prétendues discriminations, des enthousiastes de l'immigration sans restriction, de parfaits dévots du « devoir de pénitence ». Pour faire revivre la Nation, les maitres mots en matière d'éducation doivent être : autorité, discipline, travail, sélection. Un des impératifs est de ré-enseigner l'histoire de France de façon chronologique, autour de laquelle viendront s'agréger de façon structurée les éléments essentiels de la Tradition. C'est une manière de donner un héritage vivant aux jeunes générations. Face à la scientifisation extrême des filières, il faut redonner part belle à la culture, elle-même reposant sur la mémoire. Le patrimoine artistique, littéraire et philosophique devra ainsi être réintroduit partout, comme aux concours administratifs où les épreuves de culture générale sont bannies car jugées discriminantes pour les néo-arrivants.
- Rompre avec la préférence de l’Etat pour les immigrés extra-européens : exprimé par l’affirmation incantatoire de ces trente dernières années, les tenants de ce que Taguieff nomme l’ « immigrationisme » considèrent que l’immigration serait par essence une « chance pour la France ». La préférence immigrée implique que nous cessions d’être nous, et détruise alors le socle national. Il ne faut pas se leurrer par ailleurs selon Harouel sur les hérauts de l’amour de l’Autre : « le sort des immigrés les intéressent peu ». Ces fanatiques prétendent mener en faveur des étrangers un combat « citoyen ». Ils mènent en réalité un combat mondialiste, fondamentalement anti-citoyen selon toutes les acceptations.
- En finir avec l’immigration de colonisation : Il est un fait évident prouvé maintes fois par les ethnologues du XXe, Lévi-Strauss en tête : les Nations peuvent assimiler à la marge des individus étrangers, pas des peuples entiers. Si ce dernier cas est mis en œuvre, à terme, comme disait l’auteur de Race et Histoire : « c’est la guerre »16. Il y a en matière de dépense publique une discrimination en faveur des quartiers ethniques où vit l’immigration extra-européenne. De 2004 à 2013 en France, les crédits consacrés au « périurbain sensible » ont été de l’ordre de 40 milliards d’euros ! Auquel il faut ajouter la masse de la dépense sociale sans retour sur investissement, mais aussi les problèmes insolubles et non-quantifiables en matière d’éducation, de sociabilité, de sécurité, d’ordre public. Le grand remplacement orchestré par nos idéologues postchrétiens, le plus grand des maux identitaires européens, se doit d’être stoppé.
- Faire cesser l’injustice envers les « petits Blancs » : comme l’a redémontré le géographe Christophe Guilly en 2013, les « classes populaires » autochtones fuient « les concentrations ethniques importantes auxquelles elles sont confrontées »17. Elles se mettent à l’abri en grande périphérie et dans les zones rurales économiquement exsangues. Et ils vivent à juste titre cela comme un abandon de l’Etat à leur sort, qui a préféré moralement la pauvreté de la Seine-Saint-Denis à celle du Cantal et de la Creuse. Contrairement à ce qui est souvent évoqué, Harouel rappelle que les immigrés extra-européens sont « au cœur de l’offre scolaire la plus riche et des marchés de l’emploi les plus dynamiques ». Ceci explique en grande partie la paupérisation de la petite classe moyenne blanche. Au nom de la fraternité nationale et de l’amour particulier, il faut que l’Etat s’engage dans sa responsabilité première, à savoir la protection des nationaux avant de financer les néo-arrivants.
Figure 3 : « Le grand remplacement orchestré par nos idéologues postchrétiens, le plus grand des maux identitaires européens, se doit d’être stoppé »
Photographie de l’arrivée de clandestin dans le port de Gallipoli, Italie (février 2015)
- Se donner les moyens juridiques de bloquer les flux migratoires : le droit se doit de protéger la nation, en mettant fin à l’immigration de colonisation. Ces grands changements juridiques doivent répondre à cinq objectifs essentiels : 1. Décourager radicalement l’immigration clandestine. Il faut changer la législation pour que toute personne en illégalité ne puisse espérer en tirer aucun avantage (prestations, logements, etc…) ; 2. Cesser d’accorder aux étrangers, même réguliers, les mêmes avantages qu’aux nationaux. Les prestations familiales doivent servir à stimuler la démographie nationale, et non étrangère. Il en est de même pour les aides au logement, les allocations de chômage et la gratuité des soins médicaux ; 3. Abolir le regroupement familial pour les immigrés légaux, véritable catalyseur d’immigration de colonisation. Il doit être subordonné à l’acquisition préalable de la nationalité ; 4. Mettre fin au bradage de la nationalité, et abolir le jus soli (droit du sol). Son acquisition doit être subordonnée à une démarche d’adhésion rigoureuse et convaincante : langue, mœurs, histoire ; 5. Décider que, pour les autorisations d’immigrer, les régularisations de clandestins ou les naturalisations, l’origine nationale, la « souche raciale » ou l’appartenance religieuse puissent être pris en compte, ainsi que tout autre élément conditionnant l’aptitude à l’assimilation. La nation doit être parfaitement libre de pouvoir refuser des individus, quel que soit le critère mis en avant.
Après être rentré dans le détail des voies de retour à la Nation qu’il proposait, Harouel précise que s’il est parfaitement légitime pour tous les peuples européens de ne pas vouloir devenir une « annexe de l’Afrique ou du Moyen-Orient », il laisse entendre l’erreur grave qui consisterait à faire de l’immigré extra-européen l’ennemi fondamental. Les adversaires primordiaux des nationaux ne sont pas les réfugiés de Lampedusa, mais les idéologues millénaristes postchrétiens responsables de la crise du fait national depuis plus d’un demi-siècle. A cela répond ainsi cette deuxième série de mesures, consistant à libérer les européens de ce qu’il nomme le « piège mortel de l’Union Européenne ». Elles sont les suivantes :
- Empêcher la ruine des pays d’Europe : mise à part l’Allemagne, qui reste exportatrice et industrialisée, la situation économico-industrielle des nations européennes est perverse. La grande équation des sciences économiques élémentaires mérite ici d’être rappelée : « la consommation d’une population ne peut excéder sa production », et si elle importe, qu’elle le fasse en compensant « ses importations par des exportations de même valeur ». En appliquant les dogmes du libéralisme planétaire que sont le libre-échange, les délocalisations et les transferts de technologies vers des pays à coût salarial faible, les dirigeants européens ont détruit l’industrie des pays occidentaux ainsi que leur tertiaire fondé sur les techniques modernes. Parallèlement, cette destruction a engendré un chômage structurel impossible à éponger sans faire baisser le niveau de consommation. L’objectif est ici de sauver la production nationale et l’emploi national. En France, pour permettre la compétitivité des entreprises par rapport au reste du monde, Harouel propose de diminuer leur charges salariales, sociales et fiscales, d’assouplir le droit du travail dans un sens plus libéral et de rogner les dépenses publiques excessives génératrices de prélèvements fiscaux. Car en effet tous les économistes, même de la droite nationale la plus protectionniste s’accorde à le dire : l’état de fait que l’Europe compte 7% de la population mondiale et 50% des dépenses sociales n’est plus tenable à très court terme.
- Rétablir la souveraineté monétaire : il est « tragique » pour une nation d’avoir abdiqué cette souveraineté. Elle est un indispensable instrument de politique économique pour deux raisons. Premièrement elle ne convient qu’à un territoire économique industriel, encore tributaire des anciennes frontières nationales. Il est ainsi absurde d’avoir recours à une monnaie unique quand la Grèce cohabite avec la France dans une même zone de libre-échange. Deuxièmement elle offre des facilités de financement auprès de la banque centrale des pays. Dans cette optique, la Banque de France apportait son concours financier au Trésor sous la forme d’avances sans intérêt. Ce processus de création monétaire souverain a été interdit et a obligé les Etats à emprunter sur les marchés des capitaux, et est en grande partie responsable de la dette publique qui pèse sur les économies d’Europe.
- Adopter une politique de défense commerciale : totalement contraire au dogme universaliste en vigueur, elle consiste en l’« installation d’un système protecteur modéré mais efficace », fondé sur une exigence de réciprocité dans tous les accords commerciaux et des barrières douanières afin de protéger les secteurs clés des industries nationales.
- Rétablir les frontières nationales : l’absence de frontière et la libre circulation dans l’espace européen, mis en droit par l’espace Schengen, est désastreuse à trois titres : elle amplifie l’immigration illégale via passage sans contrôle aux frontières d’Etat membre à Etat membre ; elle favorise le trafic et la criminalité organisée en facilitant le transfert du produit des activités criminelles vers le pays d’origines des bandes criminelles concernées ; elle favorise la destruction de ce qui reste de l’emploi en France via la concurrence des pays de l’Europe de l’Est ou du Portugal.
- Instaurer une réelle fraternité entre nations européennes : indispensable à la création d’une Europe réellement fondée sur l’identité de ses peuples, la base de cette fraternité passe par une meilleure connaissance mutuelle, via l’apprentissage de leur histoire commune et des partenariats dans tous les domaines : scientifiques, techniques, esthétiques, scolaires (à cet égard la seule chose positive a tiré de l’UE ont été les programmes d’échanges d’étudiants Erasmus). Les européens doivent en finir avec la « tyrannie de la pénitence », qui veut que les peuples s’excusent ad vitam aeternam de leurs crimes passés. Ainsi l’Allemagne n’a pas, soixante-dix ans après, à s’excuser solennellement auprès de la France pour le massacre d’Oradour-sur-Glane. Il faut redonner ces lettres de noblesse au mot de Renan, qui écrivait qu’il doit y avoir « prescriptions des violences du passé ».
« De la naîtra peut-être un jour une construction européenne authentique, fondée sur la volonté politique des peuples, et non sur les fantasmes idéologiques des technocrates ».
Pour le SOCLE
- L'Europe a toujours été pénétrée de deux tropismes : un « amour particulier », celui du « Même » ; et un « amour universel», celui de « l’Autre »
- Il existe un point de rupture à partir duquel l’amour particulier doit l’emporter sur l’amour universel : quand notre existence même est menacée
- Catholicisme et Nation ont su faire bon ménage pendant 1500 ans. Le déni de particularisme actuel se trouve dans le dévoiement des idées chrétiennes, et non dans le christianisme lui-même
- En chaque européen, grâce à la séparation de la Cité des hommes et de la Cité de Dieu, l’universalisme chrétien s’adressait à l’être de religion, le particularisme de la nation s’adressait à l’être politique
- L’amour de l’Autre jusqu’au mépris de soi relève de la morale de conviction et ne devrait jamais inspirer les gouvernements et devenir la morale d’un Etat
- Bâtarde dévoyée de la doctrine chrétienne, l’idéologie des droits de l’homme est un post-christianisme millénariste
- Cette religion séculière sacralise l’Amour de l’Autre et la destruction des particularismes nationaux au nom de la fraternité universelle du genre humain
- Avec l’aide des technocrates qui gouvernent actuellement le continent, le post-christianisme de l’Amour de l’Autre a été promulgué par cette élite comme la norme juridique et politique suprême
- Face à ce nouveau totalitarisme, l’Eglise fait preuve d’un remarquable désintérêt. Elle-même « contaminée » par le post-christianisme millénariste, elle ne prendra pas position en faveur des particularismes nationaux
- C'est dans l'Ancien Testament que les Etats européens médiévaux ont pu trouver une légitimité sacrée à leur particularisme et à la double armature doctrinale de l'édification de l'Etat-Nation : un roi sacré par le pouvoir divin et un peuple élu du ciel
- La continuité de l'élection divine s'incarne désormais chez ceux qui ont suivi le message des Evangiles, à savoir les chrétiens, et plus chez les juifs ayant refusé le message du Christ
- Comme les clercs carolingiens qui ont trouvé la source de la légitimité du particularisme national dans l’Ancien Testament, il pourrait être intéressant pour les peuples européens de s’inspirer de la conduite de l’Etat d’Israël
- Le processus de préservation de l’identité, dont la matrice juridique n’est présente explicitement qu’en Israël, pourrait être un modèle duquel s’inspirer afin de refaire des Etats européens les serviteurs de la volonté des peuples d’Europe
- Le sentiment de supériorité raciale paroxystique n’est cependant pas propice non plus à une fraternité apaisée entre peuples européens voisins
- Sans nier que la souche raciale soit une composante comme une autre de l’identité des peuples, la « nation-race » apparait bien moins pertinente par rapport à celle d’« hérédité » qu’il convient de remettre en amont des idées européennes du XXIe siècle
- La notion d’« hérédité » prend en compte le triple bagage transmis de générations en générations, et inséparables : il y a un héritage biologique, un héritage affectif et un héritage intellectuel.
- Pour sortir de la crise, il faut recentrer l’Etat sur la Nation. Il faut donc : refonder l'école de la nation de façon efficace, rompre avec la préférence de l’Etat pour les immigrés extra-européens, en finir avec l’immigration de colonisation, faire cesser l’injustice envers les « petits blancs », se donner les moyens juridiques de bloquer les flux migratoires
- Pour recentrer l’Etat sur la Nation, il faut dans le même temps s’émanciper de l’élite actuellement au pouvoir à Bruxelles. Il faut donc : empêcher la ruine des pays d’Europe, rétablir la souveraineté monétaire, adopter une politique de défense commerciale, rétablir les frontières nationales, instaurer une réelle fraternité entre nations européennes
IV. Repères bibliographiques
- Jean-Louis Harouel, Revenir à la Nation, Ed. Jean-Cyrille Godefroy, 2014
- Teixidor, Le judéo-christianisme, Paris, 2006
- P-A. Taguieff, « Le nationalisme des nationalistes », Théories du nationalisme, p.63
- Matthieu, 22, 21
- Aron, Les étapes de la pensée sociologique, Paris, 1976, p. 528
- de Lubac, La postérité spirituelle de Joachim de Flore, Paris-Namur
- Krynen, L’emprise contemporaine des Juges, 2012, p. 335
- Vauchez, Démocratiser l’Europe, Paris, 2013
- -L. Thireau, « Préceptes divins et normes juridiques », Le droit entre laïcisation et néosacralisation, Paris, 1997
- Villey, La formation de la pensée juridique moderne, Quadrige, 2013
- -L. Chabot, L’héritage religieux et spirituel de l’identité européenne, Editions L'Harmattan, 2004
- Hermet, Histoire des nations et du nationalisme en Europe, Paris, 1996
- Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Paris, 2008
- Cité par A. Pichot, p. 358-363
- Weil, L’enracinement, dans Œuvres
- Catherine Clément, « Claude Lévi-Strauss, une vie », L’Express, 3 novembre 2009
- Guilly, Fractures françaises, Paris, 2013